Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a désigné lundi le général de division de réserve Eli Sharvit comme nouveau directeur du Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien), a annoncé son bureau dans un communiqué officiel.
Ancien commandant de la Marine israélienne, Eli Sharvit a été sélectionné parmi sept candidats auditionnés pour ce poste stratégique. Durant ses 36 années de service au sein de Tsahal, il a notamment dirigé le développement des capacités de défense maritime dans les eaux économiques israéliennes et géré des opérations complexes contre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran.
« Le Shin Bet est une organisation aux pouvoirs étendus qui a connu une profonde restructuration depuis le 7 octobre. Le Premier ministre est convaincu que le général Sharvit est la bonne personne pour diriger l’agence dans le respect de sa glorieuse tradition », précise le communiqué du bureau du Premier ministre.
Cette nomination d’un candidat externe à l’organisation suscite de vives réactions dans les milieux de la défense. Plusieurs sources, s’exprimant sous couvert d’anonymat, critiquent ce choix: « Cela constituera un véritable bouleversement pour l’organisation », affirme l’une d’elles. D’autres soulignent qu’il « ne comprend pas vraiment le renseignement » ou s’interrogent sur les motivations de Netanyahou, suggérant qu’il cherche à « provoquer un choc et des bouleversements ».
À l’inverse, le député Gadi Eisenkot a rapidement salué cette nomination, décrivant Sharvit comme « un leader et un commandant doté d’un professionnalisme et d’une éthique solides » qu’il connaît depuis de nombreuses années.
Cette désignation intervient dans un contexte juridique tendu. La Haute Cour de justice doit examiner mardi prochain des recours contre le limogeage du chef par intérim du Shin Bet, Ronen Bar. Une ordonnance temporaire interdit actuellement à Netanyahou de licencier ce dernier, tant que l’examen des recours n’est pas achevé et leur rejet acté. La Haute cour a toutefois autorisé le premier ministre à interviewer des candidats dans cet intermède.
En conséquence, Eli Sharvit ne pourra prendre ses fonctions avant l’audience de mardi prochain, et même à ce moment-là, une décision immédiate de la Cour levant l’interdiction n’est pas attendue.
Cependant, Gantz a affirmé que le Premier ministre « a décidé de poursuivre la campagne contre le système judiciaire » et a averti qu’il s’agissait d’une démarche qui pourrait conduire Israël « vers une crise constitutionnelle dangereuse ». Selon lui, la nomination du chef du Shin Bet « ne doit être faite qu’après une décision de la Haute Cour ».
Le Mouvement pour un gouvernement de qualité a vivement réagi, dénonçant une « tentative de déterminer les faits sur le terrain » et rappelant que la nomination intervient « en pleine enquête sur le Qatar-Gate concernant les proches du Premier ministre ». L’organisation souligne également que la nomination du chef du Shin Bet requiert normalement une consultation avec le Comité consultatif pour les nominations de hauts fonctionnaires.
La semaine dernière, le gouvernement avait approuvé le limogeage de Ronen Bar, prévoyant son départ pour le 10 avril, avant que la juge de la Cour suprême Gila Kanfi Steinitz n’émette une ordonnance temporaire suspendant cette décision.