Steve Witkoff, émissaire spécial du président Trump pour les négociations avec l’Iran, a effectué un spectaculaire revirement de position après avoir provoqué une onde de choc diplomatique en Israël. L’incident met en lumière les tensions persistantes entre Washington et Jérusalem concernant la stratégie à adopter face au programme nucléaire iranien.
Dans une interview accordée à Fox News, Witkoff avait initialement déclaré que les États-Unis pourraient permettre à l’Iran de poursuivre l’enrichissement d’uranium à hauteur de 3,67% pour des usages civils. Cette position, qui semblait reprendre les grandes lignes de l’accord JCPOA abandonné par Trump en 2018, a immédiatement déclenché une réaction virulente à Jérusalem.
Pour les responsables israéliens, cette concession représentait une ligne rouge absolue. Leur argumentation technique, rapidement transmise à Washington, soulignait qu’autoriser des centrifugeuses capables d’enrichir l’uranium à 3,67% équivalait à maintenir intacte l’infrastructure nécessaire pour atteindre ultérieurement le seuil militaire de 90% – « ce n’est qu’une question de temps de fonctionnement », arguaient des sources israéliennes proches du dossier.
La position initiale de Witkoff contredisait frontalement les demandes explicites formulées par le Premier ministre Netanyahou lors de sa récente visite à la Maison Blanche. Le dirigeant israélien avait alors insisté auprès du président Trump pour que tout accord futur soit fondé sur « le démantèlement complet de l’infrastructure nucléaire iranienne et non sur sa simple surveillance » – rappelant le modèle imposé à l’Iran au début des années 2000.
Face à cette crise diplomatique naissante, Jérusalem a rapidement mobilisé ses relais d’influence à Washington. C’est ainsi que quelques heures plus tard, dans un tweet manifestement destiné à corriger sa position, l’émissaire américain a écrit : « Un accord avec l’Iran ne sera conclu que s’il repose sur les principes de l’accord Trump. Tout règlement définitif devra établir un cadre pour la paix, la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient. » Cette formulation, nettement plus alignée sur les exigences israéliennes, implique que Téhéran devrait « arrêter et détruire son programme d’enrichissement et le développement d’une ogive nucléaire ».
Ce recadrage intervient alors que les responsables israéliens avaient exprimé, ces dernières semaines, leur mécontentement croissant face à la direction prise par les négociations américano-iraniennes. Si ce revirement de position de Witkoff apporte un certain apaisement, il illustre également la fragilité du consensus entre les deux alliés concernant la méthode à adopter face à la menace nucléaire iranienne.
Ce nouvel épisode diplomatique laisse entrevoir la possibilité d’un accord « plus significatif et plus strict que celui signé par le président Obama », selon des sources proches du dossier – une perspective qui pourrait satisfaire partiellement les exigences israéliennes tout en permettant à l’administration Trump de revendiquer une victoire diplomatique substantielle.