”Je prie toujours pour que D’ieu m’aide dans ce que j’entreprends et pour le remercier de tout ce qu’il m’a déjà donné”. Menahem Shimon n’est pas prof de Kodech mais c’est tout comme, à l’entendre et à voir la façon dont il dipense ses cours. Il enseigne les arts martiaux et plus particulièrement le taekwondo et donne à ces disciplines un cachet juif qui renforce les effets d’une telle activité physique.
Un parcours du combattant
Menahem n’a que 32 ans mais il a déjà acquis une expérience de la vie qui en font un professeur unique. Il s’est marié à l’âge de 19 ans, sa fiancée en avait 17 et passait le bac. Si cela peut prouver une certaine maturité face aux vrais objectifs de la vie, ce mariage précoce tire aussi son origine dans les cicatrices que le jeune Menahem porte à cette époque.
”J’ai toujours été un enfant très agité, hyperactif. A l’école, je ne faisais pas partie des bons élèves et ma mère a cherché à m’inscrire dans des activités extra-scolaires pour canaliser cette énergie. C’est ainsi que j’ai commencé le judo”. Mais, pendant ces années d’enfance, même si ce sport plait à Menahem, il n’a pas encore saisi la place que les arts martiaux prendront dans sa vie par la suite.
Habitant à Jérusalem, il part étudier à Itamar, pour ses années de lycée. Le tournant de sa vie intervient lorsqu’il est en kita youd (classe de Seconde). ”Un soir, nous nous étions réunis avec quelques amis, près du terrain de basket d’Itamar. Certains avaient amené leur guitare, nous chantions et passions un bon moment. Soudain, un terroriste a ouvert le feu sur le terrain près duquel nous nous trouvions. Des jeunes qui jouaient au basket ont été touchés, l’un d’entre eux tué. Nous nous sommes mis à courir. L’un de mes amis a poussé un cri, attirant l’attention du terroriste. Il nous a visés. Nous avons réussi à nous réfugier dans la maison de notre enseignant, le Rav Goldschmitt”.
Mais le cauchemar ne s’arrête pas là. Le terroriste poursuit son chemin et entre dans le pensionnat de la yeshiva où étudient Menahem et ses amis. Il assassine Netanel Riahi et Avraham Siton, H’yd. Menahem les connaissait bien. Le terroriste tente de rentrer dans d’autres chambres, mais par miracle, il ne repère pas les étudiants qui s’y étaient cachés. C’est le gardien du pensionnat qui mettra un terme à ce périple meurtrier en tuant le terroriste.
Depuis ce soir, comme on peut le comprendre, Menahem n’a plus été le même. L’attentat a laissé des traces qui lui ont coûté: des angoisses qui le paralysaient totalement. ”Je me suis réfugié dans la prière, c’est à cette période que j’ai découvert la force de l’acte de prier”. Pendant cinq ans, jusqu’à son entrée à l’armée, Menahem souffre de ce traumatisme. Il servira dans le Nahal Haredi et semble avoir réussi à surmonter ses peurs.
Mais, il en reste toujours quelque chose et lorsqu’il propose à sa fiancée de passer sous la houpa, le père de celle-ci préfère qu’elle attende de finir son bac. Mais Menahem s’entête. Sa femme, Morya, voit dans cette insistance, les cicatrices de son traumatisme: il a peur que ce qu’il possède ne disparaisse. Et en effet, il le reconnait lui-même: ”Je m’inquiète trop pour ma femme lorsqu’elle sort, je ressens parfois une certaine tristesse. Mais cela n’est rien par rapport à ce que j’ai vécu, je peux vivre aujourd’hui normalement”.
C’est dans ce tableau que ressurgissent les arts martiaux que Menahem avait, plus ou moins, abandonné ces dernières années. ”Ma femme m’a fait remarquer que lorsque l’on abandonne son corps, alors on s’enfonce dans des pensées négatives. C’est particulièrement vrai pour moi. L’étude, la prière ont une place importante dans ma vie mais j’ai besoin d’une activité physique qui me permette d’extérioriser les énergies négatives”. Morya l’inscrit dans un cours d’art martiaux, il n’a plus qu’à choisir lequel. C’est le taekwondo qui l’attire.
”Cet art martial est le seul qui sollicite autant d’énergie. Dans certains arts martiaux, on peut rester debout pendant des heures, en donnant quelques coups de pieds. Le taekwondo demande de bouger sans cesse, de se servir de ses pieds, de ses poings, de tous ses muscles. Après ce que j’ai traversé, c’est le sport qui me donnait le plus le sentiment d’exister et de valoir quelque chose. En plus de me donner des outils pour me défendre, le taekwondo m’a soigné l’âme”.
Plus forts, plus sains, plus équilibrés
Même si l’attentat qu’il a vécu a constitué un virage dans sa vie, Menahem refuse de lui accorder une place trop centrale. ”Déjà avant, je gaspillais mon temps. De mon expérience, je peux tirer la conclusion que les années de lycée sont des années très sensibles, les jeunes sont fragiles à cette époque de la vie. En un clin d’oeil, l’ennui, les mauvaises fréquentations, les mauvaises influences peuvent entrainer l’adolescent dans une dégringolade. C’est le risque qui menace la majorité des jeunes”.
C’est là que le sport devient fondamental. Pour Menahem, preuves à l’appui, le taekwondo a permis de sauver des centaines de jeunes, depuis l’âge de la maternelle même. ”Je vois les résultats sous mes yeux. L’élève souffre-douleur, prend de la confiance en lui et devient progressivement un enfant respecté, celui qui était influençable parvient à tenir tête et ne suit pas aveuglément les mauvaises idées qui lui sont proposées, les résultats scolaires d’enfants en difficulté s’améliorent. Et bien entendu, plusieurs parents m’ont déjà témoigné du fait que leurs fils ont pu se défendre face à des agressions grâce au taekwondo”.
Cela ressemble à un tour de magie? Pas vraiment. Les valeurs que véhicule le taekwondo sont précisément celles-là et Menahem, en tant qu’enseignant ne se contente pas d’apprendre à donner des coups de poings ou des coups de pieds: ”Ce que nous faisons en cours est le contraire de la violence. C’est apprendre à n’avoir peur que de D’ieu et à utiliser son énergie et ses forces dans la bonne direction”.
D’ieu, il en est souvent question chez Menahem. ”C’est notre colonne vertébrale. Notre Torah est douce, j’en suis fier. Etre Juif est notre identité et notre fierté, chaque geste que nous faisons vient de là. Les arts martiaux sont issues de forces saintes qui viennent de la Torah et qui se sont répandues aux Nations. Le Tana’h est rempli d’histoires de héros qui se sont battus et ont fait notre peuple et notre avenir. Nos Pères étaient forts, ils étaient des combattants pour une noble cause. Nous perpétuons cela aussi en apprenant à nous défendre”.
Non seulement Menahem enseigne ces valeurs mais en plus il les vit. Il a participé récemment à l’émission de télévision, Ninja Israël. Il dénotait dans le paysage: tous les candidats étaient en débardeurs, montraient leurs muscles et mettaient en avant leurs capacités physiques. Menahem, lui, a pris la compétition sous un autre angle. Il arrivait à chaque épreuve en kimono, avec sa kippa et sa discrétion. Pour autant, il n’a pas été mis de côté. Il est arrivé en finale et a suscité beaucoup de respect et d’admiration pour sa fidélité à ses principes religieux. ”J’ai reçu beaucoup de messages de téléspectateurs qui m’ont avoué que je les avais renforcés”. Pour lui, qui a longuement hésité avant de s’inscrire, c’est une preuve qu’il a eu raison de participer et que la Torah nous accompagne dans chaque pas.
Son rêve maintenant est de pousser toujours plus loin cette philosophie du sport. Il est en train de mettre sur pied une yeshiva lycée qui conjuguerait arts martiaux et Torah. Là aussi, il reste cohérent avec son mode de vie, puisqu’il est kollelman le matin et enseignant d’arts martiaux l’après-midi. ”Pour certains garçons, le sport leur permet d’être encore meilleur dans leur étude de la Torah. Cette alliance entre le corps et l’esprit peut amener aux meilleurs résultats dans tous les domaines et sauve l’avenir de nombreux jeunes. Il est important de proposer une formule scolaire adaptée”. Il espère avoir les budgets nécessaires pour ouvrir à la rentrée prochaine avec comme objectif principal construire chaque élève et comme moyens, des cours de préparation au bac et un bon niveau de Torah, à côté de l’apprentissage professionnel des arts martiaux.
Guitel Ben-Ishay
Bravo hazak c’est une très bonne initiative !
TRES EMOUVANT ! MAIS SON ATTACHEMENT A LA TORAH L’A SAUVE !
C’EST GRANDIOSE ET MIRACULEUX !
SON PROJET DE PARTAGER SA RÉUSSITE BASÉE SUR LA TORAH EN CRÉANT
UNE YECHIVA QUI ” CONJUGUERAIT LA TORAH LE MATIN ET LES ARTS MARTIAUX
L’APRES MIDI” EST EXTRAORDINAIRE !
KOL AKAVOD ET EXCELLENTE AVANCÉE DANS L’ETUDE DE TORAH !
AMEN VE AMEN !