Depuis la démission d’Avigdor Lieberman, la vie politique est entrée dans une zone de turbulences. L’opposition appelle à de nouvelles élections, le Premier ministre souhaite que le gouvernement se maintienne, les habitants du sud expriment leur colère et leur déception, et au milieu, Habayit Hayehoudi exige le ministère de la Défense pour Naftali Benett sous peine de faire tomber le gouvernement.
Très critiqué par le Likoud, Naftali Benett a tenté d’expliquer pourquoi il s’obstine à obtenir le poste de la Défense. Lors d’un colloque du ministère de l’Education à Ramat Gan, le président de Habayit Hayehoudi a dit: « Nous sommes arrivés à une profonde crise de confiance dans le domaine de la sécurité. L’une des choses les plus graves qui puissent arriver à l’Etat d’Israël est de penser qu’il n’a pas de solution pour le terrorisme, les attentats, les missiles, qu’il n’y a rien à faire, que l’on ne peut pas vaincre. Mais il y a une solution: dès qu’Israël aura décidé de vouloir vaincre, nous vaincrons. La situation actuelle n’est pas une fatalité ».
Puis il a poursuivi: « J’ai fait savoir mercredi au Premier ministre que je demande qu’il me nomme ministre de la Défense afin qu’Israël retrouve le chemin de la victoire. Sans endosser de responsabilité sur la sécurité de nos concitoyens, sans changement radical, la dissuasion israélienne continuera à s’éroder et le Hamas aura de moins en moins peur de nous (…) Tous mes amis et conseillers m’ont dit ‘Pourquoi veux-tu te lancer là-dedans? C’est une erreur politique ainsi qu’un cimetière politique, comme tes prédécesseurs!’ Peut-être ont-ils raison mais ils ne comprennent pas que pour moi la sécurité d’Israël n’est pas un objectif politique, c’est un moyen. C’est pour cela que je suis entré en politique. En tant que ministre de la Défense j’ai l’intention d’apporter de l’innovation, encourager la créativité, réinsuffler l’esprit de combat et briser les idées rigides qui paralysent les conceptions militaires depuis des dizaines d’années. Tout comme lors de l’Opération Tsouk Eitan, j’ai bien l’intention que mes idées se concrétisent. La sécurité est pour moi une mission primordiale et pas un job. J’ai quitté le monde du high-tech et je suis entré en politique afin qu’Israël recommence à vaincre. Les habitants du Néguev occidental nous disent: ‘ Nous sommes prêts à encaisser, mais nous vous soutenons, pourvu que vous gagniez' ».
Sur le fond, le ministre de l’Education a raison. Les manifestations d’habitants du Néguev occidental qui ont débuté dans le sud dès l’annonce du cessez-le-feu et qui se poursuivent en s’amplifiant jeudi à Tel-Aviv sont les signes qu’un cap a été franchi et que cette population, droite et gauche confondues, ne fait plus confiance à ses responsables politiques et militaires pour assurer sa sécurité. Un message qui est bien perçu de l’autre côté de la clôture se sécurité et même à Téhéran.
Mais en admettant que le Premier ministre, qui rencontre vendredi Naftali Benett, lui accorde ce poste, ce dernier aura-t-il les mains libres pour appliquer sa politique de tolérance zéro face au terrorisme? Mis à part les motivations politiciennes d’Avigdor Lieberman, l’une des raisons de sa démission a aussi été le sentiment que le ministre de la Défense n’a pas vraiment de marge de manoeuvre et est soumis aux considérations de politique globale du Premier ministre et qui impliquent souvent de la retenue alors que la population attend de la fermeté.
Le poste de la Défense pourrait alors s’avérer avoir été un piège de miel pour Naftali Benett.
Photo Miriam Alster / Flash 90