La musicothérapie au service des enfants
La discipline se développe en Israël. DvoraLevinson, thérapeute spécialisée, revient sur une technique qui adoucit les mœurs, et les cœurs
Propos recueillis par Tal Cohen
DvoraLevinson est une des pionnières de la musicothérapie en Israël. En 1983, elle intègre la deuxième promotion de la filière à l’université Bar-Ilan, d’où elle en sortira diplômée d’un second cycle en musicothérapie, suite à un cursus en psychologie et en musicologie.
Après plusieurs années dans diverses institutions en éducation spécialisée, elle a ouvert son cabinet voilà une douzaine d’années, où elle se consacre essentiellement aux enfants victimes de troubles émotionnels. En parallèle, elle enseigne la musicothérapie, crée des programmes d’études dans le domaine pour les femmes religieuses, douées, qui ne veulent pas aller à université, et agit comme conseillère en musicothérapie pour les thérapeutes de certains établissements. DvoraLevinson a également étudié la psychothérapie par l’art, qu’elle combine avec la musicothérapie dans le cadre de son travail. Entretien.
Qu’est-ce que la musicothérapie ?
La musique a un pouvoir extraordinaire sur l’homme, une influence presque magique. La musicothérapie se sert des caractéristiques et de la force de la musique pour aider le patient à surmonter tout un panel de difficultés qu’il peut rencontrer. Il peut s’agir de blocages d’ordre physiologique, sensitif, cognitif, émotionnel, de difficultés d’apprentissage ou de motricité. La musique agit également sur les sentiments, elle éveille l’imagination et la spiritualité. Elle touche à tous les domaines de l’être humain. Sous l’effet de la musique, le corps entier réagit, la pensée, l’imagination, le cerveau, tout s’éveille. C’est aussi pourquoi cette thérapie s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
Le thérapeute doit-il être avant tout un musicien ?
Oui, absolument. Il doit savoir jouer de plusieurs instruments. Il s’agit d’un second cycle qui exige à la fois des connaissances en psychologie et des capacités musicales.
Vous êtes spécialisée aujourd’hui dans les troubles émotionnels des plus jeunes. Quels sont les enfants que vous traitez ?
Je reçois dans mon cabinet des enfants qui ont pu subir un traumatisme, être victimes de difficultés relationnelles au sein de leur famille. Cela peut survenir au sortir d’une crise familiale, mais il peut s’agir d’un manque de confiance en soi. Je traite aussi des enfants sujets à des peurs, des anxiétés. Ce peut être également des adolescents en dépression, des enfants victimes de problèmes de concentration, et parfois même des nourrissons.
En quoi intervient-on sur un nourrisson ?
Le musicothérapeute peut agir pour des problèmes de développement, de motricité, de communication. Par la musique, on peut aussi encourager un nourrisson à émettre des sons. La musique est une très grande source d’éveil et de stimulations.
Comment se déroule une séance ?
Dans une pièce accueillante, sont exposés un large éventail d’instruments, de toutes tailles, et qui produisent toutes sortes de sons, discrets ou bruyants. Chacun peut trouver son moyen d’expression. Au départ, il faut faire connaissance avec l’enfant, l’accepter tel qu’il est. Par exemple, un enfant timide, anxieux, va avoir tendance à choisir un petit instrument, peu sonore. Je vais alors prendre ma guitare et me mettre à chanter doucement, sur de simples accords, à partir des sons qu’il produit. En quelques secondes, l’enfant se sent accepté, valorisé, il a su donner le ton à une création commune. Au contraire, un enfant hyperactif va lui plutôt se diriger vers la batterie et taper de toutes ses forces. Dans ce cas, je me mets au piano et fais des accords puissants, je m’adapte à sa mélodie. Plutôt que de le faire taire, lui intimer le silence, de se calmer, ce à quoi il est généralement habitué, je le laisse s’exprimer. Pour lui, c’est une formidable opportunité libératrice. Une fois cette phase d’apprentissage posée, nous pouvons entamer un processus thérapeutique qui s’étend bien souvent sur plusieurs mois, et se fait en concertation systématique avec les parents qui doivent être des partenaires à part entière pour savoir aider leur enfant à surmonter ses difficultés.
Quels sont les signes qui doivent alerter les parents sur le fait qu’un enfant a besoin d’aide ?
Il faut être vigilant. Quand un enfant est triste, qu’il ne dort pas bien, se montre particulièrement agité, qu’il recommence à être incontinent, ou manque d’appétit, ce sont autant de signes qui doivent attirer l’attention. Et si ces symptômes ne passent pas, alors il vaut mieux consulter un professionnel.
Pourquoi un enfant va-t-il être orienté vers la musicothérapie et non pas vers une autre thérapie ?
Vous avez raison, c’est important de savoir où diriger l’enfant. En particulier en Israël, où il existe de nombreuses formes de thérapies pour enfants. Certains jeunes vont aimer les animaux, d’autres moins, vont avoir une sensibilité artistique, d’autres moins. Mais la musique est un langage universel, qui touche chacun d’entre nous, dès notre naissance. C’est très rare de voir que la musicothérapie ne va pas convenir à un enfant.
La discipline est-elle remboursée par les caisses d’assurance maladie ?
Le domaine se développe énormément en Israël. Ces dernières années, il a fait son entrée dans les services des caisses d’assurance maladie, il faut vérifier avec chacune d’entre elles quelle est la politique proposée.
DvoraLevinson reçoit dans son cabinet au centre-ville de Jérusalem, rue Betsalel.
Prix à la séance. Possibilités de réduction pour les familles en difficultés.
Tél : 054-8470820