La ville de Munich a donné son accord mercredi pour l’installation de plaques individuelles commémorant les victimes de la Shoah, destinées à être installées dans toute la ville allemande, mais a maintenu l’interdiction du plus grand projet de mémorial d’Europe après des mois de débat éprouvants.
La décision prise par le conseil municipal de la ville natale du mouvement nazi permettra à certaines victimes de la Shoah d’être honorées grâce à des plaques en laiton personnalisées, qui seront placées à leurs dernières adresses connues.
Cependant une campagne longue et éprouvante pour amener à Munich le projet vieux de dix ans, de pierres d’échopement (Stolpersteine), dans lequel des plaques de laiton sont intégrés dans le trottoir en face des anciens domicile des victimes, a été rejeté.
La plus forte opposition est venue du leader de la forte communauté juive de Munich – qui compte 4000 âmes, Charlotte Knobloch. Cette dernière a fait valoir que les souvenirs des victimes seraient profanés une fois de plus quand les passants marcheront sur les plaques.
Le sculpteur Gunter Demnig a lancé le projet en 1996 pour amener les dimensions insondables de l’Holocauste à une échelle humaine. Environ 54.000 Stolpersteine ont été posées dans plus de 1200 villes et villages à travers l’Europe, y compris 500 communautés allemandes, à l’exception de Munich. Les partisans de Demnig affirment que leur placement sur une propriété publique garde la mémoire de la Shoah vivante, en confrontant les piétons avec les sorts des victimesd’ il y a plus de 70 ans.
La communauté de la capitale bavaroise d’environ 10.000 Juifs a été purgée par les nazis.
Une pétition contre l’interdiction de la Stolpersteine sur une propriété publique à Munich a attiré près de 99.000 signatures, mais la majorité au conseil de ville a été influencée par les objections de Charlotte Knobloch.
La décision de mercredi permettra la mise en place de plaques sur les façades des bâtiments, si les propriétaires donnent leur approbation. Un mémorial central énumérant tous les noms des victimes est également prévu.
Un groupe de juifs rescapés des camps de concentration et les familles des victimes ont annoncé dans un communiqué qu’ils allaient lancer une procédure judiciaire contre l’interdiction des Stolpersteine. «La justice prévaudra. Beaucoup d’entre nous ne vivrons plus, malheureusement, pour voir le jour», a déclaré Ernst Grube, 83 ans, natif de Munich qui a survécu au camp de Theresienstadt ( dans ce qui est aujourd’hui la République tchèque) et a perdu plusieurs membres de sa famille dans les chambres à gaz .
Munich, troisième plus grande ville d’Allemagne, a du mal à se réconcilier avec son passé nazi et a, seulement cette année, ouvert un musée sur le site de l’ancien siège du parti nazi.
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