Mise hors-la-loi il y a six ans, la branche nord du Mouvement islamique arabe israélien continue à agir dans la société arabe et est de plus en plus agissante, selon les services israéliens de renseignements. Ce mouvement mené par les sheikhs antisémites Raed Salah et Kamal Al-Khatib a joué un rôle majeur dans les émeutes et pogroms perpétrés par des musulmans dans les villes mixtes au mois de mai.
Les dirigeants de cette branche ont été arrêtés récemment et entendus par la police et suite à cela, Kamal Al-Khatib et l’un de ses proches, Ziyad Tahah ont été inculpés pour incitation à la violence, apologie du terrorisme et collaboration avec organisation terroriste. Autre signe qui ne trompe pas, ils jouissent d’une popularité grandissante parmi la branche sud du Mouvement islamique qui est l’électorat du parti Ra’am de Mansour Abbas, étiqueté « modéré » dans le jargon politique israélien.
Deux imams liés à la branche nord ont attisé les violences musulmanes du mois de mai : le sheikh Youssef El-Baz de la grande mosquée de Lod et le sheikh Muhamad Madi de la mosquée Al-Ramal d’Acre. Situation surréaliste dans laquelle le sheikh El-Baz, rémunéré par l’Etat d’Israël, a défini cet Etat comme étant « l’ennemi » et a reçu avec tous les honneurs le mufti antisémite Ekarma Sabri, proche du Hamas et du dictateur turc Recep Erdogan. Quant au sheikh Muhamad Madi, il a dressé l’éloge des émeutiers d’Acre dans « leur combat contre l’ennemi et pour la défense d’Al-Aqsa ».
Pour « l’anecdote », la distinction entre la branche sud qui serait modérée et la branche nord est de pure fiction. Mansour Abbas s’est personnellement rendu récemment dans la tente de protestation dressée par la branche nord après l’arrestation de Kamal Al-Khatib, et les deux branches collaborent dans plusieurs domaines dont celui du Mont du Temple. La branche sur (celle de Mansour Abbas) a même diffusé une vidéo d’animation montrant des fidèles Juifs chassés de l’Esplanade du Temple par des musulmans scandant le slogan « Par l’esprit et le sang nous te libérerons, Palestine ». Cette distinction entre « modérés » et « extrémistes » est de même nature que celle établie entre le Hamas et le Fatah, alors que les deux poursuivent le même objectif, l’un frontalement, l’autre par des voies détournées et sournoises.
Et pour « parfaire » l’image, le sheikh Hamed Abou Dabbas, président du conseil de l’Ashoura, organe mentor du parti Ra’am, a félicité le sheikh Kamal Al-Khatib après sa sortie de prison et a appelé à l’unité et la solidarité entre les deux branches soeurs du Mouvement islamique arabe israélien. Ces deux branches ont d’ailleurs commémoré ensemble la journée de commémoration de la mort de l’ancien président égyptien Mohamed Mursi, membre des Frères Musulmans.
Sur le plan idéologique et religieux rien ne différencie ces deux branches du Mouvement islamique arabe israélien. Ils sont par contre en désaccord sur le fait de participer ou non à la vie politique israélienne. La branche nord y est opposée alors que la branche sud estime qu’elle peut obtenir beaucoup de choses en faisant partie du jeu politique israélien. La situation actuelle montre qu’elle y a grandement réussi, avec quelques collaborations.
Photo Avi Dish / Flash 90