A l’occasion de Tich’a Be’Av, les archives du rav Chlomo Goren zatsal ont publié une lettre inédite qu’il avait adressée à Moché Dayan après la libération de Jérusalem. Le rav Goren, Grand rabbin de Tsahal à l’époque, réagissait avec la plus grande vigueur à la décision du général de céder le mont du Temple a peine libéré au Waqf jordanien. On se souvient de la phrase irresponsable prononcée par Dayan : « Nous n’avons pas besoin d’un Vatican ici ». Il n’y a pas eu de Vatican mais il y a eu la Mecque.
Le rav Chlomo Goren zatsal écrivait dans sa lettre que « cette décision entraînerait des lamentations pour les générations à venir » et que « la cession du mont du Temple aux musulmans à peine après sa libération ou même l’interdiction aux juifs d’y accéder constituait un retour en arrière dans le processus de la Rédemption ». « Les générations futures ne nous le pardonneront pas », avertissait le rav Goren. Il estimait aussi que les limitations de la halakha quant à l’accès à certains endroits ne devaient pas signifier pour autant qu’Israël doive renoncer à sa souveraineté et à la gestion du site.
Le rav Elisha Wolfsohn, spécialiste du mont du Temple depuis des années, souligne que cette lettre du rav Goren zatsal démontre qu’il prévoyait exactement ce qui allait se passer avec la remise du mont du Temple aux musulmans et qu’Israël paie aujourd’hui le prix fort de la décision de Moché Dayan.
Une anecdote qui illustre de manière douloureuse cette erreur historique commise par celui qui tout en étant un amoureux d’archéologie dédaigna pourtant le coeur historique du peuple juif : le 15 août 1967, premier Tich’a Be’Av après la libération de Jérusalem, le rav Goren et des officiers du rabbinat de Tsahal pénétraient sur l’Esplanade du Temple par la Porte des Moughrabim, munis d’un chofar et d’une arche sainte transportable et prièrent sur place. Trois jours plus tard, le Chabbat « Nah’amou », le rav Goren voulut y organiser une grande prière collective afin d’y créer un précédent. Mais Moché Dayan l’en empêcha.
C’était le début du fameux « statu quo » qui perdure jusqu’à ce jour est qui est en fait une situation bancale dans laquelle la présence de Juifs sur le Mont du Temple n’est que tolérée et dépend de l’humeur de la Jordanie ainsi que des menaces récurrentes « d’émeutes musulmanes » devant lesquelles capitulent la police et les autorités israéliennes.

Comme dans tant d’autres situations, les hésitations, les craintes et la constante volonté d’apaisement du côté israélien ne font qu’augmenter l’arrogance et les exigences des imposteurs qui ont pris le pouvoir sur le lieu le plus sacré du peuple juif.
Je ne sais même pas si Rabbi Akiva rirait aujourd’hui à la vue des renards qui foulent ce lieu en nous narguant.
Photo article Moshé Shaï / Flash 90