Quelques jours avant Rosh Hashana a eu lieu une première historique: un ministre polynésien était en déplacement officiel en Israël. C’est le travail de Claude Benitah, conseiller ministériel français sur la zone Pacifique sud qui a porté ses fruits: il a réussi à convaincre Tearii Alpha, ministre de l’Agriculture et du développement de la mer en Polynésie française, de venir goûter à l’expérience israélienne.
Cette visite doit retenir notre attention sur plusieurs plans: diplomatique mais aussi économique puisqu’elle a ouvert la porte à une coopération agricole très particulière entre la Polynésie et Israël.
5,5 millions de km2 de surface maritime!
La Polynésie française possède des caractéristiques géographiques impressionnantes: avec un territoire maritime de 5,5 millions de km2, elle fait de la France la deuxième puissance maritime mondiale. Elle est également constituée de 120 îles dont la plus connue est Tahiti.
Avec une telle étendue d’eau, la Polynésie française est aujourd’hui à la recherche de ce qui se fait de mieux en matière d’exploitation des océans. Claude Benitah, proche de Tearii Alpha mais aussi d’Israël s’attèle alors à convaincre le ministre de l’agriculture polynésien, que les meilleurs en la matière sont les Israéliens. “Je leur ai expliqué qu’Israël avait mis au point les meilleures techniques au monde. Au début, je dois reconnaître que j’ai ressenti une certaine réticence. Puis, le ministre a accepté de se rendre en Israël. Au final, il ne l’a vraiment pas regretté!”.
Une tournée chargée
Ainsi, pour la première fois depuis la création de l’Etat d’Israël, un membre officiel du gouvernement polynésien a été reçu par notre gouvernement. Encore une nouvelle relation qui s’ajoute à la liste des premières diplomatiques de cette année pour notre pays.
Claude Benitah, aidé par l’organisation ELNET, organise un séjour court mais intense pour le ministre polynésien. “Nous devions lui permettre en peu de temps, de rencontrer des acteurs centraux afin que les échanges puissent naitre”, nous explique-t-il.
Ainsi, Tearii Alpha a pu rencontrer son homologue israélien, Ouri Ariel. Les rendez-vous officiels avec les membres du gouvernement se sont poursuivis par des entrevues avec Elie Cohen, ministre de l’économie et Tsa’hi Hanegbi, ministre du développement régional, qui remplaçait aussi le Premier Ministre Netanyahou, en Amérique latine, à cette date.
La délégation polynésienne a aussi pu se rendre à l’université de Bar Ilan où lui ont été exposées les méthodes israéliennes de pointe concernant les technologies maritimes. Enfin, elle a participé au salon international des technologies de l’eau, Watech, qui se tenait à Tel Aviv.
Pour les organisateurs de ce séjour, il était inconcevable que ce programme ne comprenne pas un arrêt à la mairie de Jérusalem. Nir Barkat étant en déplacement à l’étranger, il a mandaté sa conseillère spéciale francophone, Tamar Abessira, pour recevoir le ministre.
Des rencontres fructueuses
L’objectif du voyage était donc d’échanger en particulier sur le sujet de l’eau. Les deux parties y ont trouvé beaucoup d’intérêts communs. La Polynésie possède une surface maritime qui offre une vitrine de rêve aux technologies mises au point en Israël.
Claude Benitah nous explique: “La Polynésie est une carte d’entrée dans la zone pacifique qui comprend des pays comme la Chine, le Japon, mais aussi les Etats-Unis et l’Australie. Cette partie du monde est en quelque sorte en passe de devenir le cœur de l’économie mondiale. Composée de nombreux pays émergents, elle constitue un marché potentiel important pour Israël. Le gouvernement israélien a bien compris son intérêt à exporter ses méthodes d’exploitation de l’eau dans une telle étendue géographique”. La Polynésie est observée et sollicitée par les Chinois et les Japonais, compte-tenu de sa richesse maritime. Ainsi, y mettre un pied serait un véritable tremplin pour Israël dans cette partie du globe qui recèle un potentiel à explorer.
Tearii Alpha a pu se rendre compte de l’apport considérable qu’Israël pouvait offrir à la Polynésie. En rencontrant des professeurs de Bar Ilan et des chefs d’entreprises, il a découvert un laboratoire d’idées et de solutions même dans les domaines les plus pointus de l’exploitation maritime comme la pisciculture, l’élevage des algues médicinales et alimentaires ou encore le traitement des eaux usées et des énergies alternatives. Par ailleurs, le ministre polynésien a pu nouer des contacts avec Start Up Nation Central qui l’aidera pour la recherche de solutions technologiques adaptées aux besoins de la Polynésie.
Sortez les agendas
Au terme du séjour de Tearii Alpha, il est apparu comme une évidence que ces relations naissantes devaient être prolongées.
Ouri Ariel a souhaité recevoir dans nos universités des étudiants polynésiens afin de les former aux techniques agricoles israéliennes. Il a, par ailleurs, convié le ministre polynésien à revenir en Israël dès 2018 pour assister au Salon Agritech.
Tearii Alpha, quant à lui, a rempli ses valises d’idées et de contacts et il a déjà annoncé son intention d’encourager d’autres officiels polynésiens à venir en Israël.
Il y a fort à parier que les relations entre la Polynésie et Israël vont continuer à se développer dans de nombreux domaines et au-delà que le Pacifique deviendra une zone de coopération importante avec notre pays. Et ce, même si géographiquement parlant, nous nous situons à l’exact opposé sur le globe terrestre!
Guitel Ben-Ishay