L’affaire du meurtre de Taïr Rada est au coeur de l’actualité judiciaire en Israël, depuis 16 ans. Elle s’est soldée ce matin par l’acquittement de Roman Zdorov qui avait été jugé coupable en 2010.
Taïr Rada, z’l, était une élève en classe de 4e à Katzrin. Elle a été sauvagement assassinée dans les toilettes de son école, le 6 décembre 2006.
Dans un premier temps, la police a pensé à un différend entre élèves avant d’enquêter sur les adultes qui étaient dans les alentours ou dans l’enceinte de l’établissement ce jour-là.
Le 12 décembre 2006, la police arrête Roman Zdorov, carreleur qui travaillait dans l’école. D’origine ukrainienne, Zdorov avait un visa de touriste en Israël, car non-juif et vivait avec son épouse et leur bébé à Katzrin.
Dans un premier temps, Zdorov a nié tout lien avec le crime mais très rapidement il a avoué le crime et fournit de nombreux détails à l’enquêteur spécialement affecté pour le faire parler. Il a reconnu avoir assassiné Taïr parce qu’elle l’avait insulté et humilié et que cela lui avait rappelé les brimades qu’il avait subies de la part de filles et en particulier une qui ressemblait à Taïr alors qu’il était élève en Ukraine.
Les aveux de Zdorov, la reconstitution du crime, les détails fournis et les preuves apportées par la police laissaient peu de doute quant à la culpabilité de Zdorov. Pourtant, dès le lendemain, il revient sur ses aveux. Il change sa version des faits, avant d’avouer une deuxième fois, selon la police.
Le 14 septembre 2010, Zdorov est reconnu coupable du meurtre de Taïr Rada et condamné à la peine de prison à perpétuité.
Les avocats de Zdorov n’acceptent pas ce verdict et font appel, désirant prouver l’innocence de leur client. Une des preuves qu’ils contestent est la marque des chaussures de Zdorov qui aurait été retrouvée sur le pantalon de Taïr. Par ailleurs, ils demandent aux juges de rééxaminer les enregistrements des aveux de Zdorov, prétendant qu’ils ont été obtenus suite à de lourdes pressions des enquêteurs.
A deux reprises les appels de la défense sont rejetés par le tribunal, qui estime que les preuves rapportées ainsi que les médecins cités par la défenses pour étayer ces preuves ne sont pas fiables.
Finalement, l’avocat de Zdorov va obtenir la révision du procès sur la base d’éléments que la police n’a pas suffisamment explorés. Il s’avère que l’ADN d’un autre homme a été retrouvé sur les lieux du crime.
En 2021, Zdorov est libéré de prison et placé en détention à domicile strictement encadrée.
Le procès en révision de Roman Zdorov s’est déroulé dans un climat tendu entre la Cour et le Parquet, la première reprochant au second un travail négligé.
Finalement, aujourd’hui (jeudi), la Cour a acquitté Roman Zdorov du meurtre de Taïr Rada, 16 ans après son inculpation. Les juges ont estimé que les éléments avoués par Zdorov n’étaient pas convaincants pour conclure à une culpabilité, n’étant pas suffisamment qualifiés pour prouver que seul le meurtrier pouvait les connaitre. Selon le juge, les aveux de Zdorov ne peuvent être considérés comme authentiques et pouvaient être une restitution des éléments donnés à Zdorov par l’enquêteur placé dans sa cellule. Par ailleurs, la cour a affirmé que le Parquet n’avait pas suffisamment étayé les éléments apportés pour déterminer la culpabilité de Zdorov au-delà de tout soupçon.

A la sortie du tribunal, Roma, Zdorov a déclaré, les larmes aux yeux: »Merci à tous. Je veux juste rentrer chez moi auprès de mes enfants. J’ai du mal à parler, je suis très ému, je suis heureux. La vérité a triomphé ».
Ilana Rada, la mère de Taïr, z’l, réclame désormais que la véritable justice soit faite pour sa fille: »L’Etat a tué ma fille ». Elle a exprimé sa satisfaction d’avoir rendu justice à Zdorov, témoignant que ce nouveau procès avait mis en lumière de la corruption et des fraudes au niveau de ceux qui représentaient la loi. Elle a ajouté: »La prochaine étape est de commencer à trouver les assassins, et nous savons dans quelle direction aller ».
Le système judiciaire israélien est pourri de la tête aux pieds
La réforme. Vite
Que l’assassin soit punir durement et condamné sévèrement.