Se remettre en question est valable aussi, bien entendu, sur le plan professionnel. Soit parce qu’on se cherche, soit parce qu’il n’est jamais bon de se reposer sur ses lauriers, on a constamment besoin d’être en mouvement, de se poser les bonnes questions, d’appliquer les bonnes méthodes.
Puisque la période s’y prête, nous sommes allés à la rencontre d’une experte. Rinat Burg est coach d’entreprise depuis plus de 13 ans. Elle a aidé de très nombreuses personnes à repenser leur affaire, à la faire décoller, à la renouveler et à toujours aller de l’avant. Elle publie, en ce début d’année, un ouvrage, qui est en fait un guide, dans lequel tous les cas rapportés et tous les personnages sont bel et bien réels: ”Al Ko’hot vé Lako’hot” (Au sujet des forces et des clients).
Le P’tit Hebdo: L’ouvrage que vous publiez est le résultat d’expériences compilées pendant vos nombreuses années d’activité?
Rinat Burg: En effet, pendant toutes ces années, j’ai pu établir des modèles, recueillir des témoignages, examiner en profondeur des situations. J’ai compilé tout cela dans un livre, au fil duquel je donne ce qui constitue pour moi la recette du succès d’une entreprise. Il s’agit de la combinaison entre la matière et l’esprit.
Lph: Qu’entendez-vous par cela?
R.B.: Lorsqu’un client entre en contact avec une entreprise, il est, de fait, exposé aussi à la personnalité de l’entrepreneur, à ses qualités et ses caractéristiques. La matière, c’est donc le produit, le marketing et tout ce qui tourne autour de l’offre faite au client et l’esprit c’est l’empreinte personnelle du chef d’entreprise dans sa gestion et sa relation au client. Ces deux leviers sur lesquels nous avons le pouvoir d’agir s’ajoutent à deux autres fondamentaux: le temps et la réputation.
C’est le modèle que j’ai développé: M.a.S.T.e.R (Material, Spirit – esprit, Time – temps, Reputation). Sur ces deux derniers niveaux, nous n’avons que peu ou pas de pouvoir. C’est pourquoi nous devons nous appuyer sur les deux premiers.
Il convient de définir nos objectifs à atteindre, qui constituent un monde supérieur et parallèlement d’énoncer toutes les peurs et les obstacles qui se dressent sur notre route vers ces objectifs, soit le monde inférieur. Puis, on apporte une réponse matérielle et spirituelle à chacun des problèmes techniques. Par spirituel, je n’entends pas forcément quelque chose de mystique mais une part de notre personnalité qui s’exprime.
Lph: Les changements sont-ils toujours nécessaires pour avancer?
R.B.: Le sentiment de la nécessité du changement se ressent au fond de soi. J’ai deux exemples très parlants à ce sujet. Le premier est celui de H’amotal. Elle enseigne en cours particuliers l’hébreu, les maths et l’anglais suivant une méthode qu’elle a développée. Son agenda est rempli à craquer. Elle a une trentaine d’enfants sur liste d’attente et cela l’empêchait de dormir. Nous avons réfléchi à la façon dont il fallait aborder ce changement qu’elle appelait de ses vœux. L’une des options était de former des nouveaux enseignants à sa méthode, de façon à pouvoir répondre à toutes les demandes. H’amotal hésitait: enseigner à des enfants, elle savait faire mais elle craignait de ne pas pouvoir former des adultes. Ce qui l’a aidé à se décider c’est le gain financier. Elle a proposé dix cours de trois heures, à 50 shekels le cours avec comme condition de recevoir à la fin du cours les notes des étudiants pour ainsi avoir sa méthode par écrit. Lorsque cette première vague de formations s’est terminée, il s’est avérée qu’elle était très efficace puisque les nouveaux enseignants parvenaient à des résultats identiques que ceux de H’amotal, avec leurs élèves. Aujourd’hui, elle forme des dizaines d’enseignants à travers tout le pays, et plus pour 50 shekels le cours…
La seconde histoire est celle de Yehoudit, femme du hi-tech, qui s’est mise en tête un beau jour de courir un marathon. A l’arrivée, elle s’est dit que si elle était parvenue à courir un marathon sans n’avoir jamais été une joggeuse, alors elle pouvait tout faire. Elle a décidé de réaliser son rêve de petite fille: être rangeuse de maison! Elle a quitté son emploi et gagne aujourd’hui presque autant que dans le hi-tech. Elle traverse tout le pays pour faire des conférences, dans lesquelles elle raconte son histoire.
Lph: En trois mots, la recette d’un changement réussi?
R.B.: Les finances – on veut gagner de l’argent; la réputation – on veut se faire un nom; la mission – on veut aider, avoir un rôle dans ce monde. En fonction de notre personnalité, telle ou telle motivation sera déterminante. Pour mener à bien nos désirs de changement, notre véritable force c’est nous. Au bout du compte, tout ce dont nous avons besoin se trouve en nous.
Lph: On dit qu’à Rosh Hashana, tout se décide pour l’année à venir, en particulier la parnassa. Dans le monde des affaires, c’est soi on a la ”brah’a”, soit on ne l’a pas?
R.B.: Je ne viens pas d’une famille pratiquante mais j’ai fréquenté beaucoup de clients religieux. J’ai été ”contaminée” par l’habitude de dire toujours ”Beezrat Hachem”. Pour moi, cette expression est très forte. Elle signifie, en premier lieu que c’est D’ieu qui nous envoie ce que nous devons avoir, c’est Lui qui décide. Mais c’est aussi ”avec l’aide du nom, de notre nom” que nous avançons. Il faut dévoiler notre volonté, nous investir, être capable de trouver les moyens pour mettre en application concrètement nos projets. Tout le monde peut réussir.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay