L’ancien vice-ministre des Cultes et numéro 3 de Yamina, Matan Kahana, a annoncé en début de semaine qu’il rejoignait le ”Camp républicain” de Benny Gantz et Guidon Saar.
Recruté par Naftali Bennett, Kahana qui a été pilote dans l’armée de l’air, avait été présenté comme un bien précieux pour le camp de la droite idéologique et le sionisme religieux. L’année qui vient de s’écouler, pendant laquelle il a été ministre puis vice-ministre des Cultes a montré une évolution politique de Kahana. Aujourd’hui, il tend vers un gouvernement d’union des centres, ”qui ne dépend pas des extrêmes” et trouve qu’une collaboration avec Ra’am – qu’il considérait comme des soutiens du terrorisme il y a un peu plus d’un an – est une bonne idée. Il explique, parallèlement, qu’il a refusé les propositions pour rallier Yesh Atid parce qu’il soupçonne Lapid de vouloir coopérer avec la liste arabe unifiée.
Dans une interview donnée à Israël Hayom, il déroule sa vision politique et explique ce qui l’a fait rejoindre, lui qui se définit toujours comme un idéologue de droite, le parti de Benny Gantz.
”J’ai été et je reste un homme de droite idéologique et je crois dans le développement des implantations juives en Judée-Samarie. J’ai compris que dans la situation actuelle, si je réalise mes rêves, pour mes camarades de mon escadron la vie deviendra insupportable ici. C’est pourquoi, maintenant, nous devons attendre avec les idéologies extrêmes et les rêves qui en découlent et chercher ce qui nous unit pour former un gouvernement large. Cette notion d’être ensemble est mille fois plus importante que la réalisation de toutes les idéologies et de tous les rêves”.
Selon Kahana, Gantz et Eizencott n’ont nullement l’intention d’agir pour la création d’un Etat palestinien et dans le même temps, le gouvernement qu’ils veulent former n’appliquera pas non plus la souveraineté sur la Judée-Samarie.
Kahana veut représenter ce qu’il appelle le sionisme religieux modéré, celui qui ne se reconnait pas dans le parti de Smotrich mais pas non plus dans celui d’Ayelet Shaked et Yoaz Hendel: ”Shaked a beaucoup de mérites mais elle ne vient pas du coeur du sionisme religieux et Hendel n’est pas là non plus pour concrétiser l’idéologie de ce courant”. Il espère donc rallier au parti de Gantz une grande partie des électeurs sionistes religieux qui, selon lui, ont été très satisfaits des réformes qu’il a menées lorsqu’il était ministre des Cultes.
Concernant les orthodoxes pour lesquels Kahana est un repoussoir, il reste optimiste quant aux chances du Camp républicain de les inclure dans leur coalition éventuelle. ”Je ne m’émeus pas des déclarations pendant les campagnes électorales. Je ne crois pas non plus avoir un poids si important dans la politique israélienne pour qu’à cause de moi uniquement, une coalition ne puisse pas voir le jour”.
L’objectif de Kahana est clair: ”empêcher Netanyahou de former une coalition de 61 députés”. Sa conviction est que si, cette fois encore, Netanyahou échoue à former une coalition, au sein du Likoud on voudra alors le remplacer et à partir de cet instant, Gantz pourra former un gouvernement avec le Likoud.
A la question de savoir pourquoi, alors qu’il prône l’union, il boycotte spécifiquement Binyamin Netanyahou qui représente des millions d’électeurs, Kahana répond: ”Netanyahou a fait de grandes et belles choses, mais il nous entraine, pour des motifs personnels, dans un cycle sans fin d’élections. Cet homme est mis en examen sous trois chefs d’accusation. Une telle personne ne peut pas constituer un gouvernement. D’un point de vue moral, nous avons là un homme qui ne place pas le bien de l’Etat en priorité mais son bien personnel et sa présence sur la scène politique nous bloque. Nous devons avancer et fonder un gouvernement sans lui”.
Il y en a un, en revanche, que Kahana ne boycotte pas, c’est Abou Mazen: ”Nous ne choisissons pas les leaders de nos ennemis. Je suis en faveur de chaque rencontre qui est importante pour l’Etat d’Israël. Si j’étais ministre de la Défense et que j’estimais qu’il était important de rencontrer Abou Mazen pour renforcer la sécurité d’Israël, je le ferais, ce serait une erreur de ne pas le faire”.
Kahana ne se risque pas, dans cette interview, à un pronostic sur le nombre de mandats que son parti recueillera aux prochaines élections mais espère qu’il sera assez grand pour que Gantz puisse former le gouvernement.