Depuis plusieurs jours maintenant, des manifestations se tiennent un peu partout dans la Bande de Gaza contre le Hamas et en particulier dans le nord de la Bande de Gaza.
La question qui se pose est celle de comprendre ce qui se tient derrière ces manifestations: sont-elles l’expression d’un réel rejet du mouvement terroriste par la population gazaouie ou une stratégie venant peut-être même du Hamas lui-même?
Ce qui frappe les observateurs est l’absence quasi totale de répression de la part du Hamas. Les chefs du Hamas font même preuve de compréhension vis-à-vis des manifestants et expliquent qu’avec la violence des frappes israéliennes et la fermeture des passages à l’aide humanitaire, il est normal que le peuple se soulève. Ils accusent des agents extérieurs dont l’Autorité palestinienne d’être derrière ces manifestants mais ne semblent pas plus préoccupés que cela par ces manifestations qui pourtant prennent de l’ampleur.
La sincérité de ces manifestations est remise en cause par le spécialiste du monde arabe, correspondant d’I24 News en hébreu, Tsvi Yehezkeli.
»Je ne peux pas dire ce qui se cache derrière ces manifestations, mais j’ai des soupçons. Mon instinct me dit que quelque chose ne va pas, car je connais les Gazaouis. Les mouvements contre le Hamas ont toujours été immédiatement réprimés », relève-t-il. »Je pense que le Hamas a un intérêt à laisser ces manifestations se produire, car il ne craint pas actuellement pour son pouvoir. Ces manifestations ne menacent pas son régime. Elles visent à montrer au monde : « Nous voulons rester à Gaza et nous acceptons que le Hamas ne gouverne plus Gaza ». C’est cela, l’enjeu », a analysé Yehzekeli.
Selon lui, »si le monde accepte cette idée, alors le Hamas aura atteint son objectif, car il se projette dans l’avenir. Il voit le plan de Trump qui menace de l’expulser, ainsi que les habitants de Gaza, de la bande de Gaza. Il veut donc montrer au monde : « Regardez, il y a de l’opposition contre moi, il y a des gens raisonnables à Gaza, laissez-les rester ». Lorsque le Hamas entend Israël menacer d’évacuer le nord de la bande de Gaza, ces manifestations servent ses intérêts au lieu de le mettre en danger ».
Il a ajouté qu’il pouvait y avoir de la colère contre le Hamas dans la bande de Gaza, mais que cela ne signifiait pas un soutien à Israël. »Ceux qui manifestent aujourd’hui contre le Hamas sont les mêmes que l’on qualifie de « non impliqués ». S’il y avait un nouveau 7 octobre, ils franchiraient la barrière et feraient exactement ce que leurs prédécesseurs ont fait. Gaza reste Gaza. Mon intuition me dit que c’est trop beau pour être vrai, et il ne faut pas s’y fier. Et que personne ne pense qu’il existe soudainement des partenaires de paix à Gaza. Les seuls partenaires sont ceux que nous avons vus le 7 octobre : des gens prêts à massacrer et tuer, que ce soit en uniforme de la No’hba ou sous l’apparence de civils », a-t-il conclu.