Par Mireille Karsenty
Etre quadras ou quinquas et jeunes parents n’est pas toujours facile à assumer. Ce qui compte, c’est votre engagement au service du bien-être de vos enfants et pas votre âge ! Difficile de ne pas être vexée lorsqu’on vous prend pour la grand-mère à la sortie de l’école, par exemple.
Par contre, la parentalité tardive permet à ces parents de connaître un sentiment fort, celui d’avoir fait un choix et d’en assumer toutes les responsabilités. Car aujourd’hui, l’éducation d’un enfant demande un niveau d’exigence incroyable. Ce qui fatiguera forcément plus à quarante-cinq ans qu’à trente. Mais cet investissement pousse justement ces parents à relever le challenge et à se dépasser. Enfin, les pères ayant eu des enfants jeunes, puis d’autres plus tardivement se sentent souvent plus expérimentés et moins stressés. Un véritable avantage pour l’éducation de son enfant et pour son épanouissement.
C’est souvent par le regard de ses pairs que l’enfant relève l’âge de ses parents. Tant qu’il est petit, il s’en étonne tout simplement. Ce n’est pas une souffrance pour lui, plutôt une curiosité. Et c’est une occasion idéale pour lui raconter votre histoire : lui expliquer qu’il est né d’une fécondation in vitro, par exemple, lui redire le grand moment qu’a été sa naissance… Ou pour simplement souligner : “J’ai attendu de rencontrer ton papa.” Ou encore qu’il est un merveilleux cadeau d’Achem…Une fois ado, même s’il ne l’avoue jamais à ses parents, l’enfant ne sera sans doute pas mécontent de trouver dans le passé plus riche de ses « vieux » matière à se poser et à s’imposer face à des pairs qui sont autant amis que rivaux : « Ma mère est docteure » ; « Mon père connaît plein de choses »…
Tous les enfants vous renvoient à votre vieillissement puisqu’ils vous font monter d’un cran sur l’échelle des générations. Mais c’est peut-être plus sensible pour les parents matures. Les témoignages des enfants de maman mature soulignent une conscience que les parents ne sont pas éternels. Sarah s’exprime : « Je suis la huitième d’une famille de 9 enfants et lorsque je suis née, ma mère avait 43 ans. Aujourd’hui qu’elle est décédée, j’ai le sentiment de ne pas avoir assez profité de sa présence ! C’est peut-être pour cela que j’ai choisi d’avoir mes enfants plus tôt. » Lea, qui a aussi des parents un peu plus âgés, regrette : « Aujourd’hui, à 35 ans je l’ai déjà perdue, mais malgré cela, je ne regrette rien de cette chouette maman« . Noémie parle aussi de ce rapport à la mort : « J’ai toujours eu une conscience exacerbée, dès mon plus jeune âge, que mes parents étaient moins éternels que les autres. »
Mais tous les enfants gardent en souvenir des moments de bonheur partagés. Ainsi, Avigaël reprend : « Il ne s’agit pas d’un problème d’âge, mais de tempérament et d’état d’esprit. Ma mère m’a eu à 44 ans je ne me souviens que de choses positives. Elle s’est toujours beaucoup investie dans ma vie, m’a amenée des choses différentes d’une maman de 25 ans, et elle était d’ailleurs plus zen et plus ouverte d’esprit que les mères de mes copines. »
Des questions à tout âge
Celles qui s’interrogent sur leur capacité d’être mère et bonne éducatrice à 40 ans l’auraient sans doute fait aussi avec dix ans de moins, mais en se trouvant d’autres inquiétudes ! Inutile de vous culpabiliser ! Il est bon de rappeler qu’il n’y a pas plus de mère parfaite que d’âge idéal pour élever un enfant. Le rôle de parent, c’est d’abord d’être présent et attentif, pas d’être un copain supplémentaire à 50 ans comme à 25 !
Les enfants n’ont pas besoin d’une maman parfaite, mais d’une maman heureuse. La force que transmet une mère heureuse, comblée, est puissante. Les enfants en retirent une confiance en eux très solide, grâce à laquelle ils affronteront sans crainte les aléas de la vie. Porté et enivré par un amour maternel inconditionnel sur le plan affectif, l’enfant d’une maman mature, sera assuré et ambitieux.
Mireille Karsenty -058 6527545/ 02 6527545.
Psychosociologue, conseillère conjugale.