Dans le cadre de notre dossier consacré aux écoles françaises en Israël, nous nous sommes entretenus avec Yoël Grumbach, responsable des élèves francophones au Mahoz Ityashvouti du ministère de l’éducation.
Le P’tit Hebdo: Qu’est-ce que le Mahoz Hityashvouti?
Yoël Grumbach: Le ministère de l’éducation en Israël est divisé en académies en fonction de zones géographiques. Il en existe une néanmoins qui n’est pas fonction d’une région, c’est l’académie des lycées avec internats, que l’on appelle Mahoz Ityashvouti. Il supervise tous les lycées liés à un campus dont les lycées français.
Lph: Quels sont les financements que reçoivent précisément les écoles qui préparent au Bac français de la part du ministère de l’éducation?
Y.G.: Tous les lycées appartiennent soit à la municipalité, soit à des réseaux d’école, comme AMIT, par exemple. Donc leur gestion financière est fonction de leur organisation. Dans tous les cas, et y compris pour les lycées français, la base du budget vient du ministère de l’éducation. Cet argent est soit versé à la chaîne à laquelle appartient l’établissement qui le redistribue, soit versé directement à l’école.
Les lycées français obtiennent, de ce point de vue, une faveur de la part du ministère de l’éducation, puisque leur enseignement est en français et préparent au Bac français. Ils bénéficient, par ailleurs, de budgets supplémentaires pour des heures d’oulpan et tous les programmes qui touchent à l’intégration des olim. Le ministère prend en charge à 100% les frais de scolarité et d’internat des élèves olim et à 70% pour les touristes.
Il faut bien comprendre que ces écoles sont une particularité française. Pour l’Etat français, c’est un moyen de rayonner à l’étranger, les élèves de ces écoles continuant à apprendre la culture française, bien que résidant en dehors du pays. Pour les olim, cela facilite considérablement leur alya, lorsqu’ils arrivent à 16 ou 17 ans. De plus, c’est une option sérieuse pour les adolescents qui souhaitent venir goûter à la vie israélienne, sans leurs parents, avec la possibilité de repartir en France, le cas échéant. Leur scolarité n’en sera pas impactée. C’est une aubaine dont ne profite aucun immigrant en Israël qui vient d’un autre pays.
Lph: L’Etat d’Israël a peut-être aussi à y gagner: voilà des élèves qui sont pris en charge par un système qui leur permet une intégration en douceur?
Y.G.: L’intégration des élèves dans ce genre d’établissement sera forcément moins poussée que celle de ceux qui s’immergent complètement dans le bain israélien. L’idéal demeure de faire sa scolarité dans le système israélien. Bien entendu, ces écoles sont une première passerelle vers l’intégration, mais par la suite ces jeunes auront encore un fossé à combler lorsqu’ils intégreront l’armée ou l’université. C’est la raison pour laquelle, le ministère insiste sur les heures d’oulpan et l’initiation à la vie israélienne.
Lph: Le ministère en fait-il assez pour éviter les situations d’échec scolaire dont on entend parler?
Y.G.: Il faut prendre garde à ne pas amplifier ces phénomènes. Certes, l’échec scolaire existe dans les rangs des olim, mais pas au niveau auquel certains acteurs ont intérêt de nous faire croire. Les difficultés existent pour tous les olim, il n’est jamais facile de changer de pays. Le ministère agit autant que possible, en fonction de ses moyens. Bien entendu, s’il pouvait avoir des budgets plus conséquents, il en ferait davantage. On peut toujours mieux faire.