Des spécialistes nous expliquent souvent que l’Iran n’a pas de différent territorial avec Israël. « L’Iran se trouve à 1000 km d’Israël, et n’a pas de revendications territoriales d’Israël », a écrit l’un d’entre eux. Qu’en est-il ? Voilà déjà plus de 25 ans que l’Iran a institué « le jour d’al-Qouds », chaque dernier vendredi du mois de Ramadan. Ce jour-là, le slogan est « Mort à Israël », à savoir un appel explicite à l’anéantissement de l’État juif. Le jour d’Al-Qouds, Hassan Rouhani, le « modéré », a déclaré il y a quelques années : « Israël est un crime, qu’il est un devoir de faire disparaître ».
Le conflit avec l’Iran porte donc bien avant tout sur le territoire de l’État d’Israël, sur son existence même. La haine d’Israël figure à la base du régime des Ayatollahs. Dans l’introduction à son livre fondamental, Houkouma e-Islami (le pouvoir islamique), l’Ayatollah Khomeini a écrit : « Dès sa naissance, le mouvement islamique a pour devoir de se mesurer avec les Juifs, car ils sont les premiers qui ont mis en place une propagande anti-islamique, et ont agi par toutes sortes de stratagèmes, comme vous pouvez le voir, et continuent dans cette voie jusqu’à aujourd’hui ». Dans la suite, Khomeini a mentionné : « Une poignée de Juifs a osé conquérir notre terre et brûler la mosquée d’Al-Aqsa ». Dans une conférence à Téhéran, il a résumé sa position : « Il faut supprimer ce régime, qui gouverne à Al-Qouds, des pages de l’histoire ». Pour l’Iran, l’État d’Israël a été fondé sur une terre d’Islam, et par conséquent il incombe à tout Musulman de la libérer de l’occupant sioniste. De fait, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré : « Dans la Palestine occupée, il n’y a pas de différence entre un civil et un soldat, car ce sont tous des conquérants, des occupants qui ont volé notre terre ». Selon cette conception, le conflit frontalier est extrême, le but de l’Iran étant d’effacer Israël de la carte, et aucune solution pacifique n’est envisageable. L’ancien président Ahmadinéjad l’a clairement exprimé : « Quiconque reconnaîtrait Israël sera brûlé dans le feu de la colère de la Nation islamique, et tout dirigeant islamique qui reconnaîtrait le pouvoir sioniste reconnaîtrait la défaite cuisante du monde islamique ».
Le fer de lance de l’Iran dans sa guerre contre Israël est le Hezbollah, qui a prêté allégeance au dirigeant suprême de l’Iran, et dont le but est de détruire Israël. L’Iran a aussi évoqué l’arme atomique comme un moyen légitime pour se débarrasser de l’entité sioniste. Voici ce que disait à ce propos l’ancien président iranien, Akbar Rafsanjani : « Une seule bombe atomique sur Israël suffira pour tout anéantir, alors que le monde musulman n’aura à souffrir que de dommages d’une telle bombe ».
L’antisionisme antisémite au grand jour de l’Iran ne gêne pas les pays d’Occident, aveuglés par les contrats juteux après la levée des sanctions, dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien. Ainsi, François Hollande, qui a pourtant souligné son engagement à combattre l’antisémitisme, a reçu en grande pompe le président iranien Rouhani. Les Italiens ont été plus loin, quand de leur propre initiative ils ont voilé la nudité de statues millénaires et n’ont pas servi de vin au dîner de réception de Rouhani, en respect de leur invité musulman.
Le risque est donc élevé que l’Occident sacrifie l’État d’Israël sur l’autel en argent de l’Iran. Le ministre des Affaires étrangères américain, John Kerry, a reconnu que l’argent iranien débloqué après les accords va servir à financer le terrorisme. Bien que Kerry ait affirmé qu’il n’en voit pas de signe pour l’instant, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Hussein Ansari, a déclaré ce mois-ci que l’Iran continue à financer le Hamas, car « la guerre contre Israël reste un but principal de notre politique ».
L’Iran continue aussi à financer le Hezbollah, par le biais duquel il vise à concrétiser son rêve du Croissant fertile chiite, s’étendant de l’Iran à la Palestine, en passant par l’Irak, la Syrie et le Liban. Même si les chances de réussite sont faibles, il est de notre devoir de mener une offensive diplomatique en vue d’étouffer ces projets dans l’œuf.
Ephraïm Herrera est docteur en Histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.