Dans un discours télévisé prononcé au Mausolée de l’ayatollah Khomeini à l’occasion du 29e anniversaire de sa mort, l’ayatollah Khamenei a annoncé qu’il a pris la décision stratégique d’augmenter la quantité d’uranium enrichi ainsi que le pourcentage de l’enrichissement. Selon l’accord de Vienne, le taux d’enrichissement ne doit pas dépasser 3,6%, quantité nécessaire pour produire de l’électricité à but civil. Le Guide suprême de la Révolution islamique a donné ordre à l’Organisation de l’énergie atomique iranienne d’entamer ce processus. qui commencera par l’augmentation de sa capacité de production d’hexafluorure d’uranium (UF6). L’UF6 est utilisé dans les deux principales méthodes d’enrichissement de l’uranium: la diffusion gazeuse et l’ultracentrifugation.
L’explication officielle fournie est le retrait américain de l’accord de Vienne, mais il n’est un secret pour personne qu’il ne s’agit que d’un prétexte, l’Iran n’attendant que le moment pour accélérer son programme nucléaire, s’il ne le faisait pas déjà secrètement depuis la signature de l’accord. Dans son discours très agressif, l’ayatollah a menacé d’accélérer encore davantage ce processus s’il venait à l’idée à d’autres pays signataires de se retirer de l’accord: « Il semble que certains gouvernements européens s’attendent à ce que la nation iranienne accepte à la fois d’endurer des sanctions et d’abandonner ses activités nucléaires. J’annonce à ces gouvernements que ce mauvais rêve ne se réalisera jamais ». L’ayatollah a également répété que l’Iran s’opposera catégoriquement à toute négociation sur son programme balistique.
Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran a précisé que l’Iran possédait assez de centrifugeuses pour appliquer l’ordre donné par l’ayatollah Khamenei. Ce maintien du nombre de centrifugeuses était l’un des points de l’accord très critiqué par Binyamin Netanyahou qui avertissait que le jour où Téhéran décidait d’accélérer le processus, il pourrait le faire très rapidement. Là non plus, il ne s’est pas trompé.
L’annonce faite par l’ayatollah Khamenei survient (et pas par hasard) alors que le Premier ministre israélien est en tournée en Europe occidentale pour convaincre les dirigeants allemands, français et britanniques d’être plus fermes avec l’Iran notamment sur son programme nucléaire.
Il reste à savoir quelle sera la réaction américaine. Lors de l’annonce du retrait américain de l’accord, le président Donald Trump avait promis des « sanctions comme il n’y en a jamais eu auparavant » au cas où l’Iran violait l’accord de Vienne. Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait réitéré ces menaces dans son fameux discours des douze conditions.
En Israël, le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a réagi à cette annonce: « Cette annonce traduit l’hystérie et la panique qui règne au sein de la classe dirigeante iranienne qui craint pour la survie du régime. Jamais depuis l’ère Khomeini il n’y avait eu de telles manifestations et grèves dans le pays ». Le ministre a aussi rappelé que « toutes les options sont encore sur la table concernant l’Iran ».
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