Les Rabbins du Talmud enseignent que la délivrance messianique est calquée sur celle qui se produisit en Égypte il y a plus de 3300 ans. D’où l’importance d’analyser les catalyseurs de cette dernière afin de s’en inspirer pour hâter notre propre rédemption.
La paracha Bo décrit la sortie d’Égypte, mais surtout les événements et l’état d’esprit des enfants d’Israël lors ces moments tragiques. Nous retiendrons trois points. Il y eut tout d’abord la neuvième plaie, celle de l’obscurité, durant laquelle se produisit un fait assez déroutant qui dépassait la logique humaine. En effet malgré l’épaisseur, presque palpable de l’obscurité, une lumière accompagnait les Enfants d’Israël partout où ils se déplaçaient. Le deuxième point concerne le peuple égyptien et son attitude surprenante envers Moïse et les Hébreux. En effet, un verset rapporte : « Dieu donna la faveur du peuple (hébreu) aux yeux des Égyptiens. Moïse aussi était très grand en terre d’Égypte, aux yeux des serviteurs de Pharaon et aux yeux du peuple égyptien » (Exode XI, 3). Et les commentateurs de s’interroger : comment les Égyptiens purent-ils porter un regard bienveillant sur un peuple et un homme qui étaient la cause de leur malheur ? Enfin, dernier point et non des moindres : sans aucune crainte, chaque famille prit un agneau, qui était l’idole de l’Égypte, avec ostensiblement l’intention de le sacrifier !
Dépasser sa nature
L’Égypte dont il est question ici doit être également comprise à un niveau personnel. Effectivement quand les Maîtres de la tradition juive évoquent l’Égypte sur le mode de la spiritualité, ils sous entendent « l’esclavage mental et moral » qui nous éloigne de notre prochain et de Dieu. En d’autres termes, lorsqu’un être humain est pris dans les filets de tout ce qui l’aliène, il devient esclave d’un Pharaon qui chaque jour l’enfonce un peu plus dans les profondeurs du négatif. Comment peut-il s’extirper de cette situation ? En dépassant sa nature humaine qui, par essence, est limitée. C’est ce que sous-entend le Talmud (Traité Berakhot 5b) quand il enseigne « qu’un prisonnier ne se libère jamais seul ». Effectivement, celui qui est prisonnier de ses mauvais penchants a besoin d’une aide extérieure qui dépasse sa condition humaine ! C’est ce qui se produisit en Égypte : les enfants d’Israël ne quittèrent l’Égypte que grâce à leur foi. C’est aussi dans cet esprit que la délivrance messianique se produira. Lorsqu’un individu pratique le judaïsme sans entrain, par habitude, sa recherche spirituelle n’ira pas très loin. Pour déclencher la Libération finale, Dieu attend de chacun d’entre nous un dépassement de nos limites personnelles.
Dieu attend donc de nous la même attitude déterminée qui fut à l’origine de la première sortie d’Égypte. Quand on analyse toute l’histoire mouvementée de notre peuple, on ne peut être qu’être émerveillés par le fait qu’en dépit de toutes les vicissitudes nous existons encore. Dieu attend de chacun d’entre nous que nous allions vers les autres pour les aider matériellement, pour effacer toutes les disparités, pour construire une société basée sur de solides valeurs morales et sociales, telles qu’elles sont explicitées dans la Bible. De plus, nous constatons actuellement que malgré les souffrances, l’exil, la pauvreté et les persécutions, nombreux sont ceux qui cherchent un peu plus chaque jour à retrouver leurs racines. De nos jours, grâce à ce dépassement de soi, à l’instar de celui qui se produisit en Égypte, la lumière prévaut sur l’obscurité. Après 2000 ans d’un exil trop souvent douloureux, le peuple juif revient à ses racines. En outre, les valeurs morales et sociales de la Bible sont partagées par de nombreux individus. Y a-t-il des indices plus clairs quant à l’imminence de l’avènement du Messie ?
RAV YAACOV SPITEZKI
054 239 97 91 SHORASHIM
Le centre pour les étudiants francophones
Université Hébraïque de Jérusalem