Pour les 70 ans de l’Etat, LPH s’est entretenu avec le vice-ministre de la défense, le Rav Elie Ben Dahan.
Le P’tit Hebdo: Ce 70e anniversaire est l’occasion de faire le point sur le lien entre les olim de France et Tsahal. En tant que vice-ministre de la défense, comment le définissez-vous?
Rav Elie Ben Dahan: Les soldats originaires de France ont une place importante au sein de notre armée. Ils se distinguent par une très forte motivation à intégrer les rangs de Tsahal dans les unités combattantes et dans les unités d’élite. Je dois avouer que leur amour de Tsahal me touche. Ainsi, j’ai agi activement pour que Yoni Zarka puisse intégrer les rangs de la police des frontières. Cet olé de France, arrivé à l’âge de 32 ans, a d’abord été refusé à l’enrôlement en raison de son âge. Mais il s’est montré persévérant. J’ai usé de tout mon pouvoir pour qu’il puisse servir notre pays comme il le voulait si ardemment. Ces exemples sont dignes de notre fierté, de notre admiration et doivent interpeler non seulement les olim mais aussi tous les Israéliens.
Lph: Existe-t-il un accueil particulier pour les olim au sein de Tsahal?
Rav E.B-D.: Tout d’abord, je soulignerais que les olim peuvent trouver au sein du bureau d’enrôlement, des francophones qui répondront à leurs questions. Ensuite, une fois que le soldat olé est engagé, l’armée le forme pendant quelques semaines dans une base dans le nord. Il s’agit d’une étape réservée aux olim qui leur permet d’acquérir les bases fondamentales de la langue et de mieux connaître le pays.
J’insiste aussi sur le fait que mon propre bureau est une adresse pour les olim. J’ai évoqué le cas de Yoni Zarka, je pourrais aussi vous parler d’une histoire presque similaire avec un olé d’Australie qui a intégré Tsahal, il y a quelques jours et à qui j’ai apporté tout mon soutien.
Le Rav Elie Ben Dahan avec Yoni Zarka et ses parents
Lph: Nous fêtons notre indépendance. Peut-on véritablement employer ce terme, lorsque l’on constate les menaces de nos ennemis lointains, comme l’Iran ou proches, comme les récentes manifestations à la frontière avec Gaza?
Rav E.B-D.: Nous pouvons affirmer que nous sommes totalement indépendants. Cette indépendance se traduit sur le plan militaire au niveau des équipements, de l’armement et sur le plan opérationnel. Cela va même plus loin: notre armement s’exporte. Ainsi, le gouvernement allemand va acheter des drones israéliens pour des milliards d’Euros. Nous étions en concurrence en phase finale de l’appel d’offres avec des drones américains!
Sur le plan sécuritaire, il existe toujours un danger. Nos ennemis tentent perpétuellement de nous nuire. Mais aujourd’hui, l’existence d’Israël n’est plus menacée, y compris par l’Iran. Israël est une valeur sûre et les Juifs du monde entier ne s’y trompent pas: ils savent qu’ils ont sur qui compter.
Lph: Et la menace démographique?
Rav E.B-D.: Je n’y crois pas. Cela fait des années que l’on nous brandit cette menace. Et dans les faits, D’ieu merci, le taux de natalité chez les femmes juives est supérieur à celui chez les femmes arabes, et nous avons un réservoir démographique important grâce à l’alya. On nous assène aussi cet argument pour contrer toute souveraineté israélienne en Judée-Samarie. Mais dans un tel cas, rien ne nous oblige à accorder le droit de vote aux Palestiniens. Beaucoup d’Etats dans le monde font des distinctions à cet égard et c’est aussi la situation qui prévaut déjà à Jérusalem Est.
Lph: Vous qui avez connu l’administration Obama, les relations sur le plan de la défense ont-elles changé depuis l’arrivée de Trump?
Rav E.B-D.: En effet, notre coopération avec les Américains a augmenté depuis que Trump est Président. Nous arrivons à établir des relations qui étaient impensables avant. Nous ferons prochainement, pour la première fois des essais conjoints de missiles en Alaska. Et nos deux armées en tireront des bénéfices: l’armée américaine est demandeuse de la technologie israélienne.
Lph: Pour autant, D. Trump peut susciter des interrogations parfois. En Syrie, par exemple, on ne sait pas trop à quoi s’attendre de sa part. Il pourrait se retirer. Cela doit-il nous inquiéter?
Rav E.B-D.: Dans l’hypothèse où cela arriverait, il faut comprendre que ce retrait ne ferait peser aucun danger direct sur Israël. Ceci étant, Israël préférerait que les Américains soient partie prenante de toute discussion dans le cadre d’accords futurs pour influencer les choses en notre faveur.
Lph: Récemment vous avez fait passer une loi offrant des avantages aux soldats réservistes. Pouvez-vous nous en dire davantage?
Rav E.B-D.: Il faut savoir que notre armée repose sur les réservistes. Ils garantissent son bon fonctionnement. Mais ils sont avant tout des civils qui laissent leur famille, leur travail et partent s’entrainer plusieurs semaines par an pour surveiller nos frontières. Ils sont appelés au front dès que la situation l’exige. En d’autres termes: ils perdent sur plusieurs plans pour nous protéger. Nous devons leur être reconnaissants. C’est pourquoi j’ai initié toute une série d’avantages les concernant ainsi que leurs épouses: réduction de arnona, horaires de travail aménagée pour les épouses pendant la période de réserve, et bien d’autres.
Lph: Quel est le cadeau que vous souhaiteriez offrir à Israël pour ses 70 ans?
Rav E.B-D.: Le Beth Hamikdach bien sûr! Et la souveraineté sur la Judée-Samarie. Ces territoires sont sous ma juridiction et je travaille quotidiennement à améliorer leur statut au niveau des infrastructures (routes, gaz, électricité) et sur le plan juridique. Il s’agit du cœur de notre pays, il doit être relié au reste. Les habitants doivent y être aussi égaux en droits et non uniquement en devoirs.
Hag Haatsmaout Sameah’
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Col hacavod a Yoni Zarka et a
tous ceux qui suivent son exemple.