Comme on pouvait s’y attendre après ses inspections, l’Agence Internationale à l’Energie atomique (AIEA) a autorisé le 16 janvier l’application de l’accord (JCPA) du 14 juillet dernier sur le nucléaire iranien. Résultats : nombre de sanctions internationales et bilatérales prises contre Téhéran par l’ONU, l’Union européenne (UE) et certains pays occidentaux vont donc peu à peu être levées. D’où la grande méfiance des dirigeants israéliens et saoudiens…
Dans son rapport final sur le bilan des activités nucléaires iraniennes depuis six mois, l’AIEA a établi que Téhéran avait agi en conformité avec le plus important de ses engagements de l’accord de juillet dernier signé avec le P 5 + 1 (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) consistant à limiter sa fabrication d’uranium enrichi : « Ce samedi est un jour important, s’est réjoui Yukiya Amano, le directeur-général de l’AIEA. L’Iran a achevé les étapes préparatoires exigées pour démarrer l’application du JCPA. Nous avons accompli un immense chemin ! ». Une décision historique qui consacre, par la levée progressive des sanctions économiques décrétées depuis plus d’une décennie, la pleine réintégration de l’Iran dans la communauté internationale.
En fait, loin de mettre fin à sa fabrication d’uranium, l’Iran a réduit le nombre de ses centrifugeuses en activité de 19 000 à 6 000, a cimenté une partie du réacteur souterrain d’« eau lourde » d’Arak devant fabriquer du plutonium, et a aussi limité son stock d’uranium enrichi à 5 %, pendant que plusieurs centaines de kilos d’uranium très enrichi ont été envoyés en Russie par cargo spécial.
Une relance économique sans précédent
Conséquences : pas moins de 7 résolutions de l’ONU pénalisant l’Iran depuis 2006 (pour vouloir fabriquer la bombe atomique) seront abrogées. La Banque centrale d’Iran va donc encaisser sous peu la somme pharamineuse de quelque 26,4 milliards d’euros sur le montant global de ses « fonds gelés » à l’étranger estimé à plus de 90 milliards ! Ce qui devrait reconstituer ses réserves bancaires et relancer, par des investissements substantiels, une économie iranienne très handicapée par ces sanctions.
Autre avantage pour Téhéran : la fin des sanctions sur le commerce du pétrole iranien va contribuer à très vite faire passer sa production actuelle de 500 000 barils par jours à 2 millions de barils courant 2016… Si bien que la hausse escomptée de ses revenus pétroliers atteindra cette année au moins 13,7 milliards d’euros, et ce, malgré la grosse baisse des prix de « l’or noir » sur le marché mondial (d’ailleurs accélérée par ces mesures)…
Ce n’est pas tout : l’annulation des sanctions financières et la reprise de flux bancaires réguliers vont massivement faire revenir nombre d’investisseurs étrangers en Iran – ils ont déjà accouru à Téhéran depuis juillet dernier – à hauteur d’environ 3 milliards d’euros sur deux ans (2 fois leur niveau de 2015).
Que va faire l’Iran de son immense succès ?
En fait, on ne voit pas pourquoi l’Iran n’aurait pas tenu ses engagements du JCPA, cet accord – tellement avantageux pour Téhéran – l’autorisant à conserver l’essentiel de ses capacités d’enrichissement d’uranium, même sous contrôle de l’AIEA.
Dans leur naïveté traditionnelle – Obama s’est bien sûr félicité « des progrès historiques générés par la diplomatie » -, les Occidentaux attendent que le régime iranien et son président pseudo-réformiste, Hassan Rou’hani, utilisent cette nouvelle donne pour moderniser leur économie, démocratiser le pays et pacifier le Moyen-Orient, en s’opposant aux conservateurs iraniens, voire au Guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Khameini, qui proclame toujours que « l’Iran n’abandonnera pas ses ambitions révolutionnaires»…
Il semble bien qu’en capitulant ainsi devant les exigences iraniennes en juillet dernier à Vienne, les grandes puissances – et notamment les USA d’Obama et l’UE d’Hollande, Cameroun et Merkel – aient préféré satisfaire les ambitions hégémoniques régionales de Téhéran (se concrétisant brutalement en Syrie, au Liban, en Irak, au Yémen et au Bahreïn), au détriment de la sécurité de l’Arabie Saoudite, des pays sunnites et d’Israël. Et ce, en échange d’un simple ralentissement temporaire des activités nucléaires iraniennes, même pas suspendues par cet accord en forme de leurre, mais qui a permis à Obama d’« entrer dans l’Histoire », sans du tout savoir ce qui en ressortira à terme…
« Même après avoir signé un accord sur le nucléaire, l’Iran n’a pas abandonné son objectif d’essayer de se doter de l’arme atomique, a prévenu au soir du 16 janvier un communiqué du Bureau du Premier ministre, Binyamin Netanyahou. L’Iran continue de déstabiliser le Moyen-Orient et de répandre le terrorisme autour du globe, en violation avec tous ses engagements internationaux ».
Richard Darmon pour Hamodia France