Le leitmotiv de Pourim est celui qui vient nous rappeler que la situation des Juifs de l’époque a été inversée du tout au tout : Venaafo’h Hou ! Dans la vie de tous les jours, certaines personnes passent la plupart de leur temps à réaliser ce slogan, à travers leur profession. LPH vous présente quelques métiers « renversants ». Attachez vos ceintures !
Faire naître la vie
Ofra et Ayala sont, chacune à sa façon, en contact avec le changement absolu dans la vie d’un homme ou d’une femme : celui de devenir parent.
Laborantine dans un laboratoire pour la fertilité masculine
Ofra a commencé sa carrière il y a plus de 20 ans. Elle étudie aussi la naturopathie, domaine qui lui permet d’exercer auprès des femmes enceintes. « Grâce au savoir que j’avais acquis pendant mes études, je me suis spécialisée dans l’accompagnement des femmes enceintes pendant la grossesse jusqu’à l’accouchement ». Sensibilisée au domaine de la fertilité, elle commence, il y a quelques mois à exercer dans un laboratoire qui traite d’échantillons testant la fertilité masculine. Le travail d’Ofra est « renversant » à plus d’un titre. D’abord parce que grâce à ses analyses et aux conclusions médicales que l’on en tire, plusieurs couples peuvent enfin devenir parents ! Mais aussi parce que le sujet de la fertilité masculine a longtemps été tabou. « Il y a 20 ans déjà, je travaillais ponctuellement sur ce type d’échantillons » raconte-t-elle. « Cela se faisait mais n’était pas du tout populaire ».
Aujourd’hui, Ofra reconnaît que si l’examen peut, en lui-même, être toujours mal vécu par les hommes, les réticences sont moins grandes et surtout les tabous sont tombés. « On sait et on reconnaît aujourd’hui que dans de nombreux cas, la stérilité d’un couple est liée à des problèmes chez l’homme ». Pour elle aussi, les premiers cas qu’elle a découvert ont été surprenants… L’idée selon laquelle la stérilité ne pouvait venir que de la femme était bien ancrée dans les mentalités. « On s’aperçoit que les hommes sont, bien souvent, plus fragiles que les femmes quand on touche au sujet. Parfois cela engendre des crises à l’intérieur du couple, parfois au contraire cela soude les conjoints encore plus ».
Un suivi psychologique et médical, suite à l’annonce de la nouvelle, permet la plupart du temps de surmonter le problème. ‘ »Nous avons des patients qui reviennent. Ils ont déjà eu trois enfants malgré leurs difficultés et n’hésitent pas à recommencer une quatrième fois les traitements » ! Le travail d’Ofra est source parfois de grand désarroi : « C’est toujours très difficile pour moi de détecter un problème que je sais être très compliqué à résoudre. Cela me touche personnellement ». Mais parallèlement, elle nous le dit avec enthousiasme : « C’est souvent une grande satisfaction. Aujourd’hui nous avons des solutions pour presque tout le monde ! Nous sommes des envoyés, nous sommes l’outil par lequel ces couples peuvent atteindre le statut de parents et voir leur famille s’agrandir ».
Sage-femme
Le métier de sage-femme est une vocation pour Ayala : « Nous sommes toutes animées d’une passion ». Ayala résume son métier par l’enthousiasme qu’il lui procure : « Je suis toujours très contente d’aller travailler et satisfaite à la fin de chaque garde. Même s’il peut arriver que des complications interviennent, la grande majorité du temps, cela se termine par une grande joie » ! Ayala, en quelques heures seulement, passe du statut d’étrangère pour ces femmes et leur famille à celui de proche, comme si elles se connaissaient depuis toujours. « Nous pénétrons l’univers de chacune des accouchées. Leur culture, leur approche à l’évènement, leurs habitudes… Chaque accouchement est pour nous un renouveau. Même les sages-femmes qui ont 30 ans d’expérience le disent ». L’émotion ressentie par le fait de tenir un bébé qui vient de naître, qui est passé de l’obscurité à la lumière, est immense à chaque fois : « Le voir respirer, le voir s’habituer à la lumière, voir les parents s’émerveiller, ce sont des moments uniques » !
Être sage-femme c’est aussi vivre à un rythme un peu décalé : les gardes sont, évidemment, la nuit mais aussi le shabbat ou les fêtes. « Au début, cela fait bizarre de travailler shabbat », avoue Ayala, « on le fait avec un « shinouy » mais à vrai dire, on sait que tout est permis dans ce cas ». Les gardes de nuit la font vivre à un rythme particulier mais elle reconnaît aussi que cela lui permet de passer du temps avec sa famille : « Je rentre à 8h00. Je dors jusqu’à 13h et après je suis entièrement libre pour mes enfants ». Le métier de sage-femme est très fatiguant physiquement et mentalement : « C’est très intense. On a toutes des activités pour pouvoir décompresser, on parle aussi beaucoup entre nous. Et les familles nous le rendent bien : des lettres de remerciement, des mots, des paroles. On voit la reconnaissance ».
Guitel Ben-Ishay