Ça arrive toujours quand on s’y attend le moins, quand on essaye de se relaxer après encore une journée folle de travail, d’achats, de conflits, de jeux d’égo, de satisfaction sociale. Quand on arrive à la maison et qu’on espère rentrer dans un espace de calme et de sérénité. Elle bouscule ma journée au moment même où je m’apprêtais à la finir, juste avant de m’endormir. Et c’est alors que ma femme me lance un petit mot : ‘Tu crois vraiment qu’on a bien réagi avec tel enfant, qu’on l’a écouté, qu’on a pris le temps de lui parler dans les yeux plus que deux minutes au lieu de le remballer… ?’
Et c’est là précisément qu’elle arrive, cette mauvaise conscience, au moment où on se rend compte que l’investissement à l’extérieur, au travail, dans mes relations sociales, dans mon Facebook, ne me laisse plus vraiment le temps de m’occuper de la chose la plus importante au monde qui est ma famille. Dès lors qu’elle me prend, elle ne me laisse plus dormir. Elle éveille en moi le sentiment de ne pas être à la hauteur du poste, de ne pas remplir mon devoir, d’être un être superficiel qui préfère travailler son paraitre et son rapport extérieur. Mes enfants se sentent-ils bien dans leur peau, sont-ils à l’aise à l’école, ont-ils des rêves qu’ils veulent réaliser ? Est-ce que je prends le temps pour les écouter (pas seulement les entendre), pour considérer leur présence, leurs demandes comme si elles émanaient directement de mon patron, comme un impératif auquel je ne peux me soustraire. Est-ce que j’investis réellement le meilleur de mes énergies et de mes capacités pour leur bien-être ? Et puis se mettent en place les mécanismes de défense qui tentent de faire taire cette mauvaise conscience : ‘je travaille comme un chien, je sue, je me sacrifie pour eux, qui va payer la maison, les vacances etc. ??! Et puis je suis là après tout, je ne suis coupable de rien du tout !’…mais au fond de moi je sais que j’ai tort, que j’ai tout simplement zappé une partie fondamentale de mes devoirs de parent. Dans ce jeu, il n’y a pas de culpabilité, il n’y a que de la responsabilité.
On dit souvent que la meilleure éducation est l’exemple personnel ; c’est vrai, mais ce n’est pas tout. Comme tout projet sérieux, l’éducation se pense. Il est donc nécessaire d’établir un état des lieux, une cartographie des besoins de chaque enfant à tous les niveaux, planifier une action, la tarifier en termes de temps, d’argent, de ressources humaines, définir un objectif à atteindre, détailler les critères et les temps d’évaluation et les rentrer dans mon planning.
On est tous un peu psychologue, mais le psy est celui qui a étudié et réfléchit les problématiques et a acquis des compétences dans le monde de la santé mentale. On est tous un peu éducateur du fait de notre condition de parents. Mais l’éducation demande aussi à être approfondie, à être réfléchie, à être planifiée.
Nous avons pensé à Atid Israël que les parents olim ont doublement besoin de ces moments d’étude et de réflexion justement parce que la aliya accélère le rythme de la vie et risque malheureusement d’amoindrir la relation envers les enfants et leurs besoins.
Je vous invite donc à venir participer tous les dimanches matin de 10h à 13h à des cours et ateliers qui traiteront de dizaines de questions d’étude, d’éducation, dans un langage ouvert qui mêle sagesse juive et dilemmes contemporains. Ça se passe au Merkaz Atid Israël, rehov Hameassef 9, Jérusalem, derrière la tahana merkazit.
Pour toute question ou renseignement : [email protected]
Dr Mikhaël Benadmon, directeur éducatif des programmes Atid Israël, directeur de Maarava pour la formation des rabbins sépharades, maitre de conférences en philosophie.