Chers Olim Hadachim, à l’approche du 9 av je vous invite à rouvrir le livre d’Ezéchiel. Au chapitre 36, le prophète revient une fois de plus sur l’Exil qui vient de s’abattre sur le peuple : « La parole de l’Éternel me fut ainsi adressée : Fils d’Adam ! La maison d’Israël résidait sur sa terre. Mais ils l’ont souillée par leur conduite… J’ai répandu sur eux ma colère à cause du sang qu’ils ont versé sur cette terre et des idoles dont ils l’ont souillée. Je les ai dispersés parmi les nations, disséminés parmi les peuples » (versets 16 à 19).
Jusque là, rien de bien nouveau. L’Exil est présenté comme la punition ultime, l’émanation de la justice divine, la conséquence des égarements du peuple, venant sanctionner en particulier l’assassinat et l’idolâtrie, exactement comme la Torah l’avait elle-même annoncé dans les livres de Vayikra et de Devarim, bien des siècles auparavant. La surprise, c’est au verset suivant qu’elle apparaît : « Arrivés au sein des nations, ils profanèrent mon Saint Nom » ! Comment cela ? Les Hébreux fraîchement exilés auraient à nouveau eu une conduite déplorable ? Laquelle ? Où donc cela a-t-il été décrit ? Pour que le prophète utilise la très sévère expression de ‘hiloul hachem’, la profanation du nom de Dieu, c’est qu’il doit s’agir de fautes gravissimes ! Mais avant que le lecteur n’ait eu le temps de feuilleter les pages précédentes à la recherche d’éventuelles péchés consignés dans un épisode qu’il aurait manqué, le verset poursuit et explique de quel ‘H’iloul hachem’ il est ici question. Reprenons : « Arrivés au sein des nations, ils profanèrent mon Saint Nom parce qu’on disait d’eux : ces gens sont le peuple de Dieu et c’est de son pays qu’ils sont sortis » (verset 20) ! Petit verset mais grande idée : l’Exil, en tant que tel et indépendamment de la conduite du peuple, est en soi une profanation du nom de Dieu. Et c’est d’ailleurs cette profanation qui le rend nécessairement limité dans le temps. Le nom de Dieu ne pouvant rester profaner trop longtemps, l’exil est par définition une punition provisoire.
Écoutons le verset suivant : « J’aurai pitié de mon Saint Nom que la maison d’Israël profane chez les nations. Aussi, dis à la Maison d’Israël, ainsi parle Hachem Elokim : ce n’est pas à cause de vous que j’agirai mais bien pour mon Saint Nom profané parmi les nations ! Je sanctifierai mon grand Nom… et les nations sauront que je suis l’Éternel ». En quoi consistera donc cette sanctification du Nom profané ? Réponse au verset suivant : « Je vous retirerai d’entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays et je vous ramènerai sur votre sol » ! Si l’Exil d’Israël est une profanation du nom de Dieu, le retour d’Israël sur sa terre en est sa sanctification réparatrice. Et dans les quelques versets suivants, Ezéchiel met les points sur les i : « …Je repeuplerai les villes et les ruines seront rebâties, ce sol dévasté sera cultivé et n’offrira plus l’image de la désolation aux yeux des passants. On dira : regardez cette terre dévastée est devenue un paradis ! Ces villes ruinées, dépeuplées, écroulées, les voilà fortifiées et habitées ! Et les nations reconnaîtront que c’est moi, l’Éternel, qui ait rebâti les décombres, replanté le sol dévasté, moi qui l’avait annoncé et qui l’ai accompli » (33 à 36) !
Chaque arbre planté aujourd’hui en Erets Israël, chaque fleur qui y pousse, chaque maison que l’on y bâtit, chaque ville reconstruite, participe à ce grand ‘kidouch Hachem’. En venant habiter en Israël, vous n’accomplissez pas seulement votre devoir de Juif du 21ème siècle : vous contribuez aussi à votre tour à cette grande et émouvante aventure que notre peuple, qu’il en ait ou non pleinement conscience, a eu le courage d’entreprendre depuis maintenant un peu plus d’un siècle : la sanctification retrouvée du Nom de Dieu. Behatslaha !
Arrêtez-moi si je dis des bêtises….
Rav Elie Kling