Quelle chance d’être citoyen de l’état juif et de pouvoir voter pour élire ceux qui dirigeront le peuple juif pour les années à venir!
Si j’étais un (vrai) rabbin, je demanderais aux électeurs de faire la berakha de Chéhéh’éyanou avant de mettre le bulletin dans l’urne! Quand on réalise de qui dépendait le destin des enfants d’Israël il y a à peine 8 décennies, alors que nous sommes conviés aujourd’hui à choisir nous-mêmes notre gouvernement pour la 21ème fois, il y a de quoi avoir le vertige en réalisant le chemin parcouru! Le Maitre du monde et de l’histoire d’Israël en soit loué!
Oui, mais bon, c’est bien beau tout ça mais concrètement , on vote pour qui? Puisque tout le monde donne son avis, je ne vois pas pourquoi je me gênerais pour donner le mien.
Première question: faut-il aider Nétanyahou à poursuivre son action à la tête de l’état?
Malgré ses indéniables défauts, il faut bien reconnaitre qu’il serait dommage de ne pas profiter 4 ans encore de la stature internationale, de l’expérience et de l’intelligence politique de Netanyahou. Je n’oublierai pas de quelle manière il sut résister aux 8 années durant lesquelles un président américain hostile et populaire tentait d’affaiblir Israël depuis la Maison Blanche. Qui d’autre que lui aurait pu le faire ? Avez-vous oublié que les conseillers de l’arrogant Obama pour le Moyen Orient étaient tous des partisans de “shalom akhshav” et que le plan américain était d’évacuer les implantations et de créer un état arabe hostile en 4 ans! Qui aurait eu le courage de combattre à New-York ou à Washington l’accord signé avec l’Iran? Qui d’autre que Bibi sait manœuvrer en Syrie sans se mettre Poutine à dos? Qui aurait pu inverser la tendance et convaincre de plus en plus d’états à reconnaitre Jérusalem comme notre capitale ? Qui aurait cru que le jour viendra où notre droit sur le Golan serait reconnu par les américains ? Qui d’autre que lui aurait pu se rapprocher de certains pays arabes sans céder sur la question palestinienne ? Qui a su tisser des liens solides avec des pays aussi importants que l’Inde, la Chine, le Brésil et de plus en plus de pays d’Afrique ou d’Europe de l’Est? Avez-vous oublié qu’il n’y a pas si longtemps la diplomatie israélienne se résumait à tenter de s’attirer les faveurs d’une Europe soumise dont le sport favori est de cracher au visage d’Israël et de nier les racines juives de notre terre ? Sur le plan économique et malgré l’énorme travail qu’il reste à faire, comment ne pas admirer le taux de croissance même durant les années de crise, la baisse historique du chômage, la (trop lente) diminution des inégalités des salaires, l’augmentation sans précèdent du tourisme, du réseau ferroviaire ou du nombre des investisseurs ? Et je ne parle pas des innovations scientifiques, des startups et du reste. Israël, ces 10 dernières années, devient devant nos yeux une véritable grande puissance dans d’innombrables domaines. Ce serait à la fois ingrat et stupide de ne pas laisser Netanyahou poursuivre ce qui a été commencé.
Conclusion: je ne donnerai pas ma voix à des partis qui ne s’engagent pas fermement à recommander Netanyahou au pésident Riveline le 10 Avril. Ce qui exclut: Kahol-Lavan, la Avoda, Merets, Zéhout et les partis arabes.
Remarque: j’ai entendu le numéro 2 de Zehout déclarer que son parti refusait d’annoncer le soutien à Bibi puisque , de toutes façons, ce dernier à toutes les chances d’être nommé par Riveline pour former le gouvernement. Ce qui revient à prendre les électeurs pour des imbéciles. Rien n’est en fait joué pour Bibi et étant donné la rancœur que Feiglin a pour son ancien chef de parti (ainsi d’ailleurs que celle de Riveline qui se souvient surement que ce n’est pas grâce à Nétanyahou qu’il doit d’être là où il est), il y a de fortes chances au contraire pour que Feiglin soutienne finalement Gantz surtout si ce dernier, prêt à tout pour la bonne cause, lui propose les ministère des finances et de l’éducation, la légalisation totale des drogues douces et la reconnaissance des mariages interdits par la halakha … Indépendamment de tous les autres points problématiques du programme de Feiglin, celui qui souhaite que Bibi reste au pouvoir n’a pas le droit de voter Zéhout.
Deuxième question: puis-je me payer le luxe de risquer que ma voix n’ait aucune valeur?
Non, bien sûr, elle est trop précieuse pour cela. Je ne voterai donc pas pour des partis qui n’ont pas ou très peu de chance de passer le seuil d’éligibilité.
Conclusion: ni Kahlon, ni Orly Lévy, ni Liberman, ni les autres partis ésotériques: c’est aussi intelligent de voter pour Kahlon que pour le parti des “pirates” ou celui de “simplement l’amour”!
Bon, on a déjà bien déblayer le terrain; on reste avec le Likoud, Shas, Yahadout Hatorah, le Bayt Hayéhoudi et le Yamin hehadash. Poursuivons.
Troisième question: peut-on encore à notre époque voter pour des partis, officiellement et par principe, purement ashkénaze ou purement sépharade?
J’avoue que ça me dépasse! Ceux qui me connaissent un peu savent que l’idéologie harédit ne m’a jamais vraiment séduite, depuis leur relation au sionisme jusqu’à leur approche concernant les études générales. Mais le pire pour moi est cette ségrégation tout à fait officielle que le monde harédi ashkenaze entretient encore vis-à-vis des sefardim, les quotas de jeunes filles séfarades acceptées dans certains séminaires , ces mariages interdits pour cause d’origine par trop méditerranéenne… C’est honteux et injustifiable et je ne comprends sincèrement pas comment leurs rabbanim tolèrent ces pratiques quand, pour certains, ils ne les encouragent pas. Quant à Shass, je ne peux me résigner à donner ma voix au seul parti religieux à avoir permis à la Knesset de valider les accords d’Oslo! Oui, je sais, c’est de la vieille histoire, ça date de 1993, mais nous subissons encore en grande partie les conséquences désastreuses des décisions prises cette année-là. Le gouvernement Rabin est alors soutenu par 3 partis: Avoda, Merets et… Shass! Derhy est (déjà) ministre de l’intérieur et il choisit de s’abstenir lors du vote crucial sur l’accord avec Arafat , ce qui permet à Rabin de le faire adopter par la Knesset grâce à l’appui des voix arabes tout en conservant son gouvernement puisque Shass ne démissionne pas! Les shassologues se disputent encore aujourd’hui pour savoir si c’est le rav Ovadia qui s’est fait manipuler par Derhy ou le contraire. Quelle importance? Je n’oublie pas non plus qu’il y a 10 ans, la coalition Olmert qui proclamait ouvertement son intention de céder le Golan aux syriens et la Judée Samarie aux palestiniens (y compris Jérusalem) était constituée par Kadima, Avoda, les Retraités et… Shass! Bref, je suis heureux de voir que Derhy a fait techouva et qu’il jure de ne plus se rallier qu’à un gouvernement Netanyahou, mais ma mémoire m’interdit de lui donner ma voix. Sans compter que son passé carcéral, s’il ne rend pas son maintien à la tête du parti formellement illégal, me semble malgré tout moralement, disons … inesthétique!
Quatrième question: et pourquoi pas le Likoud?
Parce qu’il faut bien avouer que la politique sécuritaire de Bibi vient à nouveau de montrer ses limites: ses différents ministres de la défense (Yaalon, Liberman et Bibi lui-même) se sont montrés incapables de gérer la situation dangereuse héritée de l’évacuation irresponsable du Goush Katif et de remettre le Hamas à sa place sans embraser inutilement la région. A chaque nouvelle salve de roquettes tirée depuis Gaza sans réponse conséquente de Tsahal, notre force de dissuasion diminue et la vie dans le sud (et pas seulement dans le sud) devient difficilement supportable. Pire: sans la perspicacité de Benett, même le danger des tunnels n’aurait pas été évalué correctement. Il faut donc aider Nétanyahou à résister à la tentation de former un gouvernement d’union nationale avec Gantz et Lapid et l’obliger au contraire à faire alliance avec les partis situés sur sa droite. C’est pourquoi il faut les renforcer.
Dernière question: Benett ou Perets?
Il faut encourager ceux qui ont fait leur preuves. Depuis la révolution constitutionnelle de Aaron Barak, le délicat équilibre entre les pouvoirs exécutif et judiciaire a été dangereusement brisé, au point qu’il est devenu urgent de redonner au gouvernement la capacité d’appliquer ses décisions. Seule Ayelèt Shaked a montré qu’elle avait la volonté, le courage et les capacités de recadrer la Cour Suprême et de limiter les pouvoirs des conseillers juridiques. Ceux de mes amis tentés de voter Kahlon devraient se rappeler qui a systématiquement freiné les réformes qu’elle avait projetées. Quant à Benett, il s’est lancé en politique pour remédier à cette maladie qui frappe la plupart de nos généraux et de nos chefs politiques depuis à peu près la guerre du Liban: la peur de vaincre l’ennemi et la volonté de “gérer le conflit” au lieu de le résoudre. Je pense qu’il faut leur donner l’occasion de faire les reformes nécessaires. Bibi, premier ministre, Ayelèt à la Justice et Benett à la défense , ce serait parfait. Le rav Rafi Perets est un type très bien! Je souhaite bonne chance au bayt hayehoudi en particulier et au Ihoud miflagot hayamin en général. Personnellement, je me sens plus d’affinités avec ceux de la liste Shaked-Benett. D’autant qu’ils ont adopté avant la décision d’anticiper les élections un véritable plan d’aide à l’intégration des olim de France en collaboration avec Qualita . De plus, Yom Tob est un ami et sa femme est une ancienne hemdatienne! Comment voulez-vous que je vote ailleurs?
Bon choix! Allez voter et bonne chance!
Rav Elie Kling
Photo by Isaac Harari/Flash90 (illustration)
Bravo . C’est tout à fait mon analyse.
Je suis presque d’accord avec cette analyse, mais il ne faut pas oublier que sans Bibi premier ministre Ayelet Shaked et Naphtali Bennett ne seront ni ministre de la justice et ni un éventuel ministre de la défense. Et c’est un dilemme. On a déjà vu dans le passé des votes massifs pour des petits partis de droite et ainsi la victoire obtenue par la gauche. Ensuite concernant Gaza, Néthanyahou évite la guerre tant qu’il n’y a pas de solution politique et c’est lors de l’opération “bordure protectrice” qu’il a dû comprendre cela sans compter qu’en intervenant à Gaza, Israêl ferai le jeu de l’Iran. Bien sûr, il faudra sûrement une solution militaire à Gaza et suivie par une solution politique, et sûrement pas avec Mahmoud Abbas. Le plan de Trump peut peut-être apporter une réponse à cela. A voir ? Mais sans Bibi premier ministre je doute qu’il y est quelque chose à voir.
Le Rav Kling est-t’il pour les ‘femmes du kotel’ et le judaïsme réformé des états unis. C’est pourtant les convictions de Naftali Benett qui, quand il etait au poste des affaires et de la diaspora, est responsable de la ezrat Wow des réformistes du kotel, et qui affirme qu’il est prêt en payer le prix.