Le 12 sivan 5751, il y a tout juste 28 ans, l’opération Shlomo était lancée. Celle-ci a été préparée pendant un an entre les autorités israéliennes et éthiopiennes et a permis à près de 15000 Juifs de la communauté Beta Israël de faire leur alya.
Les Juifs avaient été, au préalable, rassemblés des différents villages à Adis Abeba près de l’ambassade israélienne. La plus grande école juive du monde y a été créée, 5000 enfants ont commencé à apprendre l’hébreu pour faciliter leur intégration. L’opération de sauvetage a été dirigée par le Commandant Amnon Lipkin Shahak et organisée conjointement par le Shabak, le Mossad et des combattants de l’unité Shaldag, alors sous les ordres de Benny Gantz. Pendant près de 36 heures, une trentaine d’avions, militaires et civils, ont fait des allers-retours entre Tel Aviv et Adis Abeba. Le record du nombre de passagers dans un Boeing 747 a même été battu: 1086 passagers sont montés à bord et ils étaient 1088 à l’arrivée, deux bébés étant nés en chemin!
Parmi ces 15000 olim se trouvait Gadi Yevarkan, élu député (Bleu Blanc) lors des dernières élections et qui a ému tout le pays le jour de son investiture, en embrassant les pieds de sa mère venue assister à l’événement.
Il nous raconte comment, alors jeune enfant de 10 ans, il a vécu cette opération puis son chemin pour devenir député à la Knesset.
Le P’tit Hebdo: Quels souvenirs gardez-vous de la vie en Ethiopie?
Gadi Yevarkan: Nous vivions entre Juifs, dans un village, une vie juive très riche. Chaque personne qui arrivait de l’extérieur devait se tremper au mikvé avant d’entrer. Nous étions très respectueux de la tradition. Nos parents ne nous envoyaient pas à l’école par peur de l’assimilation. Seul un enfant par famille, détecté avec un certain potentiel était envoyé à l’université. Les autres se voyaient confier des tâches en fonction de leurs capacités, au sein de la communauté.
Surtout, ce que je retiens de mon enfance en Ethiopie, c’est l’omniprésence de Jérusalem. Depuis notre naissance, on nous parlait de Jérusalem, du rêve d’y arriver un jour. Je pense que c’est le premier mot que chaque bébé juif éthiopien disait. Pour nous, Jérusalem était la chose la plus importante au monde.
Lph: Souffriez-vous d’antisémitisme?
G.Y.: L’Ethiopie est devenue le pays qu’elle est grâce aux Juifs. Lorsque le Roi Shlomo a envoyé des représentants des 12 tribus dans cette contrée – les Beta Israël – ils y ont construit un pays florissant. La religion de Moshé et d’Israël était adoptée par tous jusqu’à l’arrivée des Chrétiens. Ces derniers ont contraint les gens à choisir entre la conversion ou la mort. Dans une scène identique à celle de Massada, tout un groupe de Juifs a préféré se jeter d’un rocher plutôt que de se convertir. Une femme enceinte a réussi à échapper. Je suis l’un de ses descendants.
A partir de la fin du 15e siècle, les Juifs d’Ethiopie ont vécu des agressions, des pogroms, on a cherché à les exterminer. Leurs terres leur ont été confisquées, ils ont dû, comme en Europe de l’est, trouver des occupations professionnelles différentes. Ils y ont aussi excellé et on a voulu leur enlever cette réussite.
Lph: Définissez-vous les Juifs d’Ethiopie comme sionistes?
G.Y.: Le sionisme est un mouvement contemporain. Les Juifs d’Ehtiopie voulaient monter en Israël depuis des centaines d’années, animés par l’attirance vers la terre de nos Pères, des 12 Tribus, en suivant nos textes. Déjà en 1862, un groupe organisé de Juifs éthiopiens a essayé de monter en Israël. Dans les années 1970, des jeunes ont décidé de partir par le Soudan. Nous savions que c’était une possibilité mais personne n’avait jamais tenté. A cette époque, ces jeunes ne savaient même pas que l’Etat d’Israël existait déjà! Ils pensaient y arriver et créer l’Etat.
Lph: Lors de l’opération Shlomo, vous avez 10 ans à peine. Comment avez-vous réagi lorsque l’on vous a annoncé que vous partiez vous installer en Israël?
G.Y.: J’étais tellement heureux! J’ai exigé de nouveaux habits pour partir. Je ne pouvais pas concevoir d’arriver à Jérusalem sans un costume neuf. Vu mon entêtement, ma mère m’a acheté un costume blanc comme la neige. J’étais fier. Le jour de l’opération, nous avons attendu plusieurs heures et je me suis assis sur un chewing-gum. J’ai pleuré à chaudes larmes lorsque j’ai vu mon beau costume taché…
Lph: Comment s’est déroulé le trajet vers Israël?
G.Y.: Nous sommes partis la nuit. On nous a rassemblé, nous étions plus de 1000 personnes, hommes, femmes, enfants, bébés. On nous a ordonné de garder le silence total. Il n’y avait pas un bruit, pas un bébé n’a pleuré. C’était impressionnant. Certains sont montés dans les Boeing, d’autres dans les Hercules de l’armée. Avant l’atterrissage, j’observais Israël de l’avion et toutes ces lumières la nuit m’ont ému. Avec mes yeux d’enfants, je me disais que c’était vrai: Jérusalem, Israël étaient vraiment recouverts d’or. A la descente de l’avion, ma mère a embrassé la terre, moi aussi. Puis j’ai prié. Pour moi, c’est le jour le plus émouvant de ma vie, plus encore que celui où j’ai été élu député.
Photo Illustration: Service de presse gouvernemental
Lph: Comment s’est déroulé votre intégration? Avez-vous été parfois déçu ou en colère face à l’accueil qui vous a été réservé ou aux contestations de votre judaïté?
G.Y.: J’ai eu une très belle enfance, tout simplement parce que je vivais en Israël, ce qui était l’accomplissement d’un rêve. Au niveau personnel, je n’ai jamais subi de racisme. Mais, nous avons été choqués d’abord de voir qu’il existait des Juifs blancs et que tous ne respectaient shabbat! Ceux qui ont contesté notre judaïté, sont des ignorants. Comment peut-on émettre de tels avis en se basant sur la couleur de la peau? La communauté Beta Israël respectait la hala’ha la plus stricte.
Lph: Et vos parents, comment se sont-ils sentis?
G.Y.: La génération de mes parents s’est contentée du fait qu’ils étaient enfin arrivés en Israël. Ma mère ne demandait rien de plus. Chaque fois qu’elle entre à la maison, elle embrasse la terre puis la mezouza. Un amour pur et puissant pour la terre d’Israël, c’est tout.
Lph: Devenir député à la Knesset, est-ce un rêve d’enfant?
G.Y.: Toute ma vie, tout ce que j’ai fait, j’ai voulu que ce soit dans l’intérêt de l’Etat d’Israël. Je veux faire du bien à mon pays, à mon peuple et être partenaire de sa construction et de son développement. Je veux agir pour qu’enfin on ne regarde plus les hommes en fonction de leurs origines, nous sommes un seul peuple. Je souhaite que le plus de Juifs possible dans le monde s’installent en Israël. Il reste encore beaucoup de Juifs en Ethiopie qui attendent que l’Etat leur ouvre ses portes. Je veillerai à ce que les engagements dans ce sens soient tenus.
Lph: Dans votre discours d’investiture, très remarqué, vous avez rappelé l’histoire des Juifs d’Ethiopie et dénoncer les rejets dont ils ont fait et font encore l’objet dans notre société. Malgré tout, avez-vous trouvé votre place en Israël, est-ce la maison dont vous avez rêvé?
G.Y.: Sans hésiter, Israël est ma maison, elle est celle de notre peuple. Comme dans toutes les familles, il y a des disputes, des débats, mais nous restons une famille. Nous devons agir sur les plans de l’éducation, de la compréhension mutuelle, c’est la mission que je me fixe, en tant que député maintenant. Il y a beaucoup de points sur lesquels nous pouvons nous améliorer. Mais je sais reconnaitre les bienfaits et remercier. L’Etat d’Israël est un miracle, il est le bouclier de tous les Juifs dans le monde. Il est difficile de contenter toutes les tendances, mais nous devons agir en ce sens et je suis persuadé que nous arriverons à résoudre les problèmes.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
ISRAEL est un » miracle » certes , mais un miracle prophétisé , c’était ECRIT et certains comme HERTZL parmi les premiers , a obéi à HASCHEM DIEU des Judéo-chrétiens , s’agissant du retour de son PEUPLE sur Sa TERRE !!
Théodoere Hegel et William Henry Hechler.
MERVEILLEUX RÉCIT ! LES ÉTHIOPIENS EST UN EXEMPLE D’APPARTENANCE AU JUDAÏSME ! ILS NE SONT JAMAIS ASSIMILÉS ET ONT CONSERVÉ À LA LETTRE LES US ET COUTUMES DE LA TORAH ! CE SONT DE PURS JUIFS ET FONT HONNEUR À ISRAËL !
Bonjour, merci de nous laisser de vos nouvelles, nous ici en Belgique on ne parle de rien, et j’en suis très troublée je sais que votre beau pays est un vrai miracle de Hachem je suis heureuse de faire partie de ce peuple
que le créateur du ciel et la terre vous bénissent nicole