Alors que des tractations officieuses se poursuivent entre Israël et le Hamas pour parvenir à une trêve de longue durée, lon ne peut que remarquer le rôle déterminant joué ces dernières semaines par l’Arabie Saoudite – et pas seulement par la Turquie d’un Erdogan qui ne sait plus où donner de la tête – dans ces pourparlers qui pourraient fort bien aboutir à court terme à la signature d’un accord en bonne et due forme.
Or il semble aisé de comprendre que cet empressement des Saoudiens à canaliser le dossier palestinien s’inscrit dans le sillage direct de leur amère déconvenue consécutive à l’accord sur le nucléaire iranien signé le 14 juillet dernier à Vienne entre Téhéran et les six grandes puissances de la planète.
Dans un premier temps, quelques jours après ce pacte, on a vu Ryad annoncer qu’il relancerait son soutien tous azimuts au Hamas de Gaza, apparemment pour ne pas laisser Téhéran, capitale du courant musulman chiite, se gausser d’être « le seul véritable allié » des Palestiniens de Gaza qui sont quant à eux, comme les Saoudiens, des musulmans sunnites. Mais ce n’était là que « langue de bois » panarabe et poudre aux yeux, car les véritables raisons de cet apparent soutien de Ryad au Hamas sont ailleurs…
En fait, après leur complet lâchage par l’administration Obama à Vienne et compte tenu qu’ils redoutent mortellement toute éventualité d’une nucléarisation de l’Iran, les Saoudiens ont décidé de former avec plusieurs autres pays arabes « modérés » – comme l’Egypte, la Jordanie et le Koweït – et aussi avec Israël un « bloc moyen-oriental » contre l’hégémonie perse. Une nouvelle alliance où l’Etat hébreu, compte tenu de sa puissante force militaire et de sa longue expérience dans la gestion des conflits ouverts, jouerait pour sa part le rôle de support stratégique opérationnel face à l’Iran. Une perspective corroborée par la série de contacts de ces derniers mois entre d’importante personnalités saoudiennes et hauts-responsables israéliens.
« Israël est un Etat ami qui ne nous met pas en danger dans la région du Golfe et nous n’avons rien à craindre de lui, a ainsi écrit l’éditorialiste Abdallah Al-Hadlaq dans le journal koweitien Al-Watan. Le pays qui nous menace et commet des actes de terrorisme et de destruction contre nous, tout en aspirant à nous occuper, n’est autre que l’ennemi perse arrogant, incubateur et vecteur principal du terrorisme mondial. (…) Je réitère donc mon appel pour former une société d’amitié Golfe-Israël, comme 1ière étape vers le développement et le renforcement de relations amicales avec Israël aux plans politique, diplomatique, commercial, éducatif et pour une coopération militaire et civile ».
Dans cette optique, il est évidemment impératif pour le roi Salman ben Abdelaziz al Saoud, le nouveau souverain de Ryad, de neutraliser durablement la menace du Hamas contre Israël et de mettre le dossier palestinien en veilleuse en aboutissant dès que possible à une « houdna » (armistice de longue durée) qui devra être soutenue par l’Egypte. Cela permettrait aussi au gouvernement fort essoufflé d’Ismaël Haniyé à Gaza de ne pas perdre la face devant la rue palestinienne, tout en renflouant l’économie locale avec des millions de dollars venus des pays sunnites et surtout d’Arabie Saoudite.
Richard Darmon pour Hamodia