Les partis religieux veulent inscrire dans les accords de coalition le vote d’une loi qui rendent les événements publics non mixtes protégés de toute accusation de discrimination.
Cette demande fait suite à plusieurs cas dans lesquels les juges avaient annulé des événements non-mixtes, comme des concerts ou des rassemblements, organisés par le public religieux et pour le public religieux. Le motif: la non-mixité est une discrimination.
Si ce type d’événements existe c’est pour permettre à un public qui, suivant ses convictions religieuses, ne souhaitent pas de mixité dans des rassemblements publics. Cela peut être des femmes qui souhaitent pouvoir danser lors d’un concert et qui ne le feraient pas devant des hommes ou une chanteuse qui ne se produit que devant un public féminin ou encore une conférence où le public préfère s’assoir entre hommes d’un côté et femmes de l’autre ou quand le sujet concerne davantage un public féminin que masculin et vice-versa.
Les partis religieux font également référence aux institutions scolaires et surtout académiques dans lesquelles la non mixité est fondamentale pour que leur public puisse y étudier.
Par ailleurs, ils précisent qu’il ne s’agit en aucune façon de faire de la non mixité la règle dans tous les événements publics en Israël, mais bien de permettre au public qui le souhaite d’avoir ses propres rendez-vous non mixtes.
Pour les juges, cette volonté d’une certaine partie de la population qu’elle s’impose à elle-même et qu’elle ne cherche nullement à imposer aux autres, peut donc s’apparenter à une discrimination.
La base juridique à cette décision se trouve dans la loi qui interdit toute discrimation liée au genre dans l’octroi de services publics ou dans les lieux publics. La loi prévoit pourtant la possibilité de séparer hommes et femmes dans certains cas qui le justifient. Par ailleurs, certains juges estiment que la non mixité dans des événements culturels porte atteinte à l’égalité garantie par la loi fondamentale sur le respect de la personne.
L’ancien conseiller juridique du gouvernement, Avihaï Mandelblitt, avait précisé que les autorités locales pouvaient organiser des événements non mixtes selon les conditions suivantes, entre autres que si l’événement était mixte, le public ne pourrait pas y participer et que la non mixité ne soit pas imposée.
Pourtant, plusieurs événements non mixtes ont été annulés ou fait l’objet d’un recours devant la justice.
Soulignons, effectivement, que lorsque des événements non mixtes déstiné au public religieux sont annulés par une décision de justice, comme cela a déjà été le cas, la conséquence est de priver des dizaines de milliers de citoyens d’offre culturelle et de loisirs.
A l’annonce de cette proposition, le Premier ministre sortant, Yaïr Lapid, a tweeté: ”Alors qu’en Iran, de courageuses femmes se battent pour leurs droits, Smotrich et les orthodoxes essaient de renvoyer les femmes derrière des barrages et de légaliser la séparation entre les hommes et les femmes. Où est le Likoud? Pourquoi se taisent-ils? Nous ne sommes pas en Iran”.
Cette réaction lui a valu de nombreuses critiques, y compris au sein de son propre camp. Le député Matan Kahana (Hama’hané Hamamla’hti) a ainsi déclaré: ”Il existe des publics pour lesquels la non mixité est un mode de vie. Ne pas leur permettre de tenir des événements publics relève de la coercition. Aucun citoyen israélien n’est obligé de participer à ce type d’événements ou d’étudier dans ces institutions où la non mixité est la règle. Ceux pour qui l’intégration des orthodoxes dans la société compte, ne peuvent pas leur imposer un mode de vie qui n’est pas le leur”.