Selon Jean-Éric Branaa, Joe Biden sera le candidat du Parti démocrate face à Donald Trump et aura de bonnes chances de l’emporter. Il souligne néanmoins que son succès tient davantage à la nostalgie de l’ère Obama qu’à ses qualités personnelles.
Jean-Éric Branaa est maître de conférences à l’université Paris II Panthéon-Assas et chercheur au centre Thucydide et à l’institut IRIS. Il a récemment publié Joe Biden: le 3e mandat de Barack Obama (VA Press, 2019).
FIGAROVOX.- Après les succès électoraux de Joe Biden cette nuit, diriez-vous que celui-ci est désormais certain d’obtenir l’investiture démocrate à l’élection présidentielle 2020?
Jean-Éric BRANAA.- J’estime en effet que les dés sont jetés depuis le Super Tuesday de la semaine dernière. Sanders est distancé et ne peut plus remonter arithmétiquement compte tenu des échéances à venir. Andrew Yang l’a d’ailleurs reconnu cette nuit, avant de déclarer son soutien à Joe Biden. Joe Biden sera par conséquent le candidat démocrate face à Donald Trump à la prochaine élection présidentielle.
Beaucoup de commentateurs estimaient pourtant que Bernie Sanders avait de très bonnes chances de l’emporter il y a encore quelques semaines. Comment expliquez-vous la perte de dynamique de sa campagne et les déceptions qu’il peut nourrir par rapport à 2016, sur la mobilisation des jeunes et de l’électorat rural par exemple?
En réalité, Sanders n’est jamais vraiment parvenu à se construire une dynamique dans cette campagne, malgré un beau score dans le Nevada où il était parvenu à s’appuyer sur l’électorat hispanique. Cet électorat prend la question sociale très à cœur et a été séduit par des propositions de Sanders comme le Medicare For All. Les Latinos n’ont par ailleurs pas peur du socialisme car ils ont souvent de la famille dans des pays où le socialisme est au pouvoir. Le reste de la population américaine appréhende le socialisme avec davantage de méfiance.
Je pense par ailleurs que la campagne de Bernie Sanders n’a jamais vraiment démarré. Sanders a fini deuxième dans l’Iowa alors qu’il devait l’emporter très largement. Dans le New Hampshire, près de chez lui, il n’a gagné que de peu. Sa candidature n’a jamais vraiment convaincu au-delà de 30% des démocrates et s’est heurtée à un plafond. Il n’a par ailleurs pas du tout su séduire l’électorat afro-américain.
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Photo by Matty Stern/US Embassy of Tel Aviv