L’éventualité qu’Israël doive faire face – à court ou moyen termes – à des drones ennemis équipés de roquettes ou de missiles lors d’attaques terroristes et/ou de prochaines confrontations armées régionales semble se préciser…
Alors que la plupart des experts en affaires militaires insistent beaucoup – et depuis longtemps – sur le grave danger que représentent pour la sécurité d’Israël les impressionnants arsenaux de roquettes et de missiles du Hamas (au sud du pays) et du Hezbollah à la frontière-nord, un autre danger encore plus pernicieux, mais pas encore très connu, se profile à l’horizon : celui des escadrilles de drones ennemis, ces petits avions sans pilote et télécommandés à distance que le Hezbollah a importés d’Iran par dizaines ces derniers mois et que le Hamas fabrique lui-même dans ces usines souterraines d’armement de Gaza.
Particularité singulièrement inquiétante de ces petits « bijoux technologiques » dernier-cri en préparation accélérée à proximité des frontières-nord et sud du pays : ils sont tous équipés pour pouvoir tirer à distance des roquettes ou des mini-missiles sur leurs cibles, et ce sans quitter l’espace aérien de Gaza ou du Liban – ce qui, compte tenu de leur petite taille et de leur grande mobilité, devrait quelque peu compliquer la tâche des radars (même ultra-perfectionnés) de la défense anti-aérienne d’Israël et de l’aviation de Tsahal…
L’Iran investit beaucoup pour la mise au point des drones d’attaque
Ce sont les industries aéronautiques iraniennes qui, les premières, ont commencé à mettre au point ce genres d’engins : « On a déjà vu des drones armés de roquettes réaliser des prouesses fictives dans les montages des vidéos clips de la propagande de l’armée iranienne, explique ainsi Tal Inbar, le chef du Centre de Recherches spatiales à l’Institut Fisher d’Etudes stratégiques sur l’Air l’Espace de Herzliya. Mais ce qui est sûr, c’est qu’un certain type de modèles de drones de ce genre existent bel et bien, comme le Shahed-129, le drone iranien le plus perfectionné qui ressemble d’assez près au Hermès-450 israélien fabriqué par la société Elbit ».
Or, il semblerait aussi que certaines unités des Gardes révolutionnaires iraniens – notamment la Brigade « Al-Qods » -disposent de plusieurs de ces drones ayant une autonomie de vol de 1 700 kms, équipés de systèmes de guidage et de tirs avancés, et aussi capables de porter huit missiles.
Fait encore plus inquiétant : les Iraniens auraient réussi à exporter ce type de drones via l’aéroport de Damas, puis grâce à des convois terrestres passant ensuite au Liban en empruntant des routes de montagne…
« Le Hezbollah ne cesse de dire qu’il possède ce type de drones, explique encore Tal. Ainsi, la télévision Al-Manar a-t-elle diffusé il y a plusieurs mois des images ‘réelles’ montrant une attaque aérienne expérimentale de ce type… ».
Une arme dangereuse dans les mains du Hezbollah et du Hamas…
L’efficacité de ce genre d’armements très mobiles tient surtout à leur haute précision et à leur vitesse de tir : ces drones peuvent ainsi survoler la frontière israélo-libanaise et tirer leurs missiles contre une patrouille militaire ou un autocar civil avant de faire aussi vite demi-tour et de disparaître dans l’espace aérien du Pays du Cèdre, le tout durant moins de 30 secondes…
Fait encore aggravant : leurs projectiles s’apparentent la plupart du temps à des missiles antichars donc capables de perforer d’épaisses parois blindées.
S’il se confirmait que le Hezbollah ou même le Hamas de Gaza possédaient cette arme et qu’elle soit directement opérationnelle pour eux, cela risquerait de changer certains rapports de force sur le terrain – chose qu’on avait déjà pu relever en partie lors de la 2ième Guerre du Liban de l’été 2006 quand le Hezbollah envoya plusieurs drones-espions d’observation pour repérer les positions de Tsahal.
« Alors que le Hezbollah reçoit d’Iran ses drones prêts à l’usage, le Hamas de Gaza utilise le savoir-faire iranien pour produire sur place ses propres drones et les équiper de roquettes ». On se souvient ainsi qu’en juin 2015, un drone du Hamas venu de Gaza s’est écrasé juste le long de la frontière israélienne, alors qu’en 2012, un chasseur-bombardier israélien a pu abattre un drone du Hezbollah qui s’était infiltré jusqu’au sud du pays dans le ciel du Néguev.
Tsahal déjà préparée à contrer ces nouvelles menaces
Malgré tous ces hauts risques, les experts expliquent que cette menace est « parfaitement gérable » pour l’armée israélienne, qui a préparé des contremesures pour faire face à ce genre d’attaques au nord et au sud du pays, l’essentiel étant de pouvoir au plus vite repérer et aussitôt abattre tout drone suspect dans l’espace aérien ennemi avant qu’il ne s’approche de la frontière.
Mais le problème en la matière est plutôt celui du « nombre », autrement dit le danger – pas imminent, du moins pour le moment – d’avoir affaire un jour à de mini-escadrilles de drones hostiles agissant simultanément : « Comme nos ennemis ont parfaitement saisi l’efficacité-surprise de ce genres d’armes, prévient Inbar, l’armée de l’air israélienne ne doit pas seulement prévoir des attaques sporadiques de quelques drones isolés relativement aisées à déjouer, mais surtout un scénario de raids en série qui seraient menés en temps de guerre par de véritables escadrilles d’avions sans pilote. Et ce, justement à un moment de ce type de conflit régional généralisé où l’armée de l’air israélienne serait déjà amplement mobilisée et occupée ailleurs… ».
Toutefois – de l’avis de la plupart des experts -, il ne s’agit pas encore là d’une véritable menace stratégique frontale. Même si le ciel du Moyen-Orient va très certainement se remplir sans cesse davantage de ces dangereux objets volants de plus en plus sophistiqués (c’est déjà le cas en Syrie et dans le Sinaï égyptien) et même si quelques tirs ennemis éventuellement réussis pourraient – compte tenu surtout des mentalités régionales – lui remonter significativement le moral en temps de guerre…
Autre point plus a priori plus rassurant : même si tous ces avions sans pilote se ressemblent souvent, la technologie israélienne de guidage et de tir à bord des drones a de nombreuses longueurs d’avance sur celle des Iraniens. Une avance qu’Israël doit à tout prix conserver, car ses ennemis investissent aujourd’hui beaucoup dans ce domaine.
Richard Darmon pour Hamodia français