Très actif dans son travail législatif, il est aussi beaucoup sur le terrain et dans les médias et ne craint pas d’affronter des opinions très éloignées des siennes.
Il n’est un secret pour personne que Betsalel Smotrich est à la droite de l’échiquier politique, qu’il défend un Etat d’Israël souverain au moins de la mer au Jourdain et qu’il tient à maintenir les valeurs juives basées sur la Torah dans notre pays.
Ces positions lui valent souvent d’être traité d’extrémiste, de fanatique, d’intolérant et encore bien pire parfois sur les plateaux de télévision. Avec beaucoup de calme et munis d’arguments pesés, il répond à chaque attaque en respectant ses adversaires.
Lui, qui est au cœur de tant de critiques et de dénigrements, voit-il une division dangereuse au sein de notre peuple? Les fameux clivages qui traversent la société israélienne sont-ils si significatifs et menacent-ils notre équilibre?
Le P’tit Hebdo: Pensez-vous que notre société est divisée?
Betsalel Smotrich: Notre société est constituée de personnes qui sont venues de pays différents, de cultures différentes, de mentalités différentes. Les débats sont naturels; avec tellement de nuances dans notre pays, c’est tout à fait normal que nous ayons des disputes. Le contraire serait étonnant. A cela s’ajoute le fait que les sujets qui nous préoccupent sont fondamentaux: il en va souvent de notre sécurité, de notre survie, les questions du rapport entre religion et Etat sont aussi très sensibles. Cela exacerbe, bien entendu, les divergences. Débattre, se disputer, ne veut pas dire être divisé.
Lph: Dans votre travail de député, vous ne voyez que de sains débats, jamais des dérives qui peuvent amener à une scission?
B.S.: La frontière entre débats et scissions peut être perçue comme mince. Mais, dans mon travail de député, je peux vous assurer, que si nous nous disputons sur de nombreux sujets, et que nous défendons des idées opposées à 180 degrés, je demeure ami avec tout le monde à la Knesset, à gauche comme à droite. Nous aimons tous le pays, nous ne sommes pas d’accord sur la façon dont nous devons le préserver. Parfois, on lève la voix, parfois on débat plus calmement, mais dans tous les cas, nous ne sommes pas divisés. La scission intervient lorsque l’on considère que la discussion, les débats ne sont pas naturels et légitimes.
Lph: Lorsque l’on voit la violence avec laquelle on vous reçoit sur certains plateaux de télévision ou lorsque l’on observe à certaines manifestations, comment ne pas voir l’ombre de la division du peuple?
B.S.: C’est un piège dans lequel nous ne devons pas tomber. Certains ont fait de ce spectre de la division, leur gagne-pain. Certains médias ont besoin de cela pour vivre: créer le clash, le buzz. Comme on dit, les bonnes nouvelles ne font pas vendre. Les disputes, les cris font de l’audience, alors ils créent artificiellement ces situations.
A notre époque, les réseaux sociaux ajoutent encore à ce constat. Au lieu d’être un outil pour permettre des débats, ils servent justement à les déligitimer. Lorsque vous lisez ou entendez une personne qui parle de division dans le peuple ou qui aspire à cela, demandez-vous toujours quel est son intérêt.
Lph: Sur le terrain, dans la rue, vous ne sentez pas ce rejet envers votre personne?
B.S.: Absolument pas. Nombreux sont ceux qui m’encouragent. J’ai bien essuyé quelques insultes comme ”fasciste” ou ”raciste” mais je ne refuse jamais de discuter avec ces gens-là. Encore une fois, il ne faut pas avoir peur de monter le ton, de débattre, c’est naturel. Le tout est de le faire dans un esprit qui ne cherche pas le rejet de l’autre, qui respecte celui qui ne pense pas comme vous.
Les gens, de droite comme de gauche, travaillent ensemble et s’entendent très bien, ils font l’armée ensemble. De plus en plus de haredim intègrent aussi le marché du travail et servent dans Tsahal, et le tout en harmonie avec le reste de la population. Le public israélien vit un quotidien, bien différent de celui que certains veulent nous vendre. Les Israéliens vivent ensemble.
Lph: Vous avez déclaré que pendant 2000 ans les Juifs avaient un objectif commun; celui de revenir à Jérusalem. De retour en Israël, ils doivent apprendre à se trouver d’autres aspirations communes. Est-ce ce qui nous manque?
B.S.: Dans un certain sens, il est vrai qu’il est plus facile de s’unir et d’être ensemble dans les moments de crise. On le voit bien ici en temps de guerre, lors d’attentats ou de différents drames qui ont touché le peuple. Néanmoins gardons à l’esprit, que nous sommes aujourd’hui beaucoup plus unis qu’il y a 80 ans. L’Irgoun, le Etzel, la Haganah étaient très divisés. Ils se sont entretués. Nous pouvons nous féliciter de ce que nous avons créé aujourd’hui. Je ne suis pas d’accord avec le ”discours des tribus” de Reouven Rivlin. Il prétend que la société israélienne est divisée en quatre tribus: religieux, laïcs, orthodoxes et arabes. Cela ne reflète pas la réalité.
Lph: Et à l’échelle du peuple juif? L’attentat à Pittsburgh a mis en exergue le malaise que le judaïsme traditionnel peut ressentir à l’égard du judaïsme réformé. Il est reproché au gouvernement israélien, dont vous faites partie, de tourner le dos à ces Juifs américains.
B.S.: Tout comme je dénonçais ceux qui se nourrissent des disputes au sein de la société israélienne, il y a ceux qui tirent profit des divergences dans la façon de vivre son judaïsme.
Pour ma part, je défends une vision orthodoxe du judaïsme, je suis contre la mise à disposition d’une aire mixte au Kotel, je suis contre la légitimation des couples homosexuels. Je suis pour une vie conforme à la Torah, à la Halaha.
Pour autant, cela ne veut pas dire que je rejette les autres! J’accepte chaque Juif. Cela ne veut pas dire que je ne veux pas ici des Juifs qui adoptent ces principes auxquels je m’oppose. Les réformistes en Israël sont une minorité bruyante qui fait de la politique avant tout et alarment les Juifs américains.
Les Juifs qui ont été expulsés du Goush Katif, d’Amona ou d’autres yichouvim ont-ils pour autant considéré qu’on ne voulait plus d’eux en Israël?
Lph: Alors nous n’avons pas de souci à nous faire pour notre avenir en tant que société unie?
B.S.: Les débats doivent continuer à exister mais sans être source de division. La division est le fait de minorités qui ont intérêt à cela. La presse qui cherche les grands titres et les minorités pour avoir plus de poids. Les débats nous permettent de construire, d’avancer. Nous devons nous battre pour nos idées mais au final nous sommes un peuple et rien ne changera cela.
Propos recueillis par Avraham Azoulay
Photo by Miriam Alster/FLASH90
Merci pour ce témoignage. Le satan veut la division, mais l’enfant de D.ieu avance dans le respect et la communication avec tous.
C’est avec ce genre de valeurs que Am Israël poursuit son chemin depuis des millénaires. Continuez, le modèle nous sert de point de repère, de phare ou boussole.
Le tout pour la gloire divine éternellement manifestée.
[email protected] évangéliue français ami inconditionnel d’Israël