C’est un véritable tremblement de terre politique qu’a provoqué la démission de la députée Meretz Ghaida Rinawie Zoabi.
En coulisses, cette décision a été murie par la députée depuis plusieurs semaines. Tout a commencé il y a trois mois, lorsque Zoabi n’avait pas respecté la discipline de coalition lors d’un vote sur l’enrôlement des haredim à l’armée, faisant ainsi échouer la coalition sur ce vote.
A la suite de cette rebellion, le ministre des Affaires étrangères avait décidé de la nommer consul à Shanghaï afin de l’éloigner des bancs de la Knesset. Cette nomination n’avait pas encore pris effet, notamment pour des raisons juridiques, les juristes exprimant des réticences compte-tenu des positions politiques et idéologiques de Zoabi.
Aujourd’hui, au sein de la coalition, des voix s’élèvent pour reprocher à Lapid d’avoir traité cette nomination avec négligence et de ne pas avoir suffisamment pressé pour qu’elle se passe plus rapidement.
Zoabi n’a tenu personne de son parti au courant. Le seul à avoir été mis dans la confidence était le député de Shass, Moshé Arbel, avec lequel elle entretient des relations amicales. Ce dernier l’a rapporté à son chef de parti qui l’a lui-même répété à Binyamin Netanyahou. Ainsi alors que Bennett et Lapid n’ont été informés que cet après-midi par la lettre que Zoabi leur a envoyée, le chef de l’oppositon savait déjà les intentions de la députée depuis au moins deux jours.
Dans sa lettre, Zoabi explique les raisons de sa démission. Pour elle, les événements étaient devenus trop lourds à porter. Elle évoque une politique trop à droite du gouvernement, condamnant l’attitude des autorités sur le Mont du Temple pendant le Ramadan. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, selon ses propos, ont été les images de l’enterrement de la journaliste Shireen Abou Akleh, où l’on voit des policiers frapper les personnes qui tiennent son cercueil. Pour elle, les sujets qui sont au coeur de la société arabe comme Al Aqsa ont été bafoués par ce gouvernement. ”Il y a des choses qui dépassent la politique” écrit-elle. Elle a dénoncé la différence de traitement à ses yeux par le gouvernement quand il s’agit des Arabes, elle dit croire en la coopération entre les Juifs et les Arabes mais avoir constaté que ce gouvernement n’était pas mûr pour cela. Elle a indiqué que sa décision était irréversible. ”Je vois avec certitude que certains politiques juifs nous regardent de haut. Il y en a toujours pour dire et pour penser qu’ils nous font une faveur. Pardon, vous ne nous faites aucune faveur en procurant au public arabe ce qui lui revient”.
A l’annonce de sa décision, le chef du parti Meretz, Nitzan Horowitz, a pris la route vers la Galilée, là où vit Zoabi, pour tenter de la convaincre de revenir sur sa décision. Pour lui ”la chute de la coalition revient à récompenser Netanyahou et Ben Gvir et à porter atteinte à toute la société”.
Cependant, Zoabi lui a fait savoir qu’il n’était pas nécessaire qu’il se déplace.
Interrogée ce soir sur N12 sur son intention de vote en cas de présentation de la loi de dissolution de la Knesset mercredi prochain, Zoabi a préféré laisser planer le doute: ”Je voterai en mon âme et conscience, je vais réfléchir à ce que je ferai”.