Résumé épisode 4 :
Moïse n’arrive pas à dormir. Entre rêves et cauchemars, il se souvient de Yaël, sa petite copine quand il avait 13 ans. Le réveil est difficile et il fait beaucoup de bruit, inquiétant David qui se lève avec une arme. Après réflexion, Moïse donne son accord pour la mission du Mossad. Le lendemain matin David lui présente Noah. L’agent essaie de lui expliquer sa mission, sans succès.
Karagül
Park Tzameret, Tel-Aviv, appartement de David, le matin
David et Noah sont dans la cuisine. Noah a les traits tendus. Elle chuchote : – C’est un vieillard, il ne comprend rien.
– Ne te fies pas à sa barbe blanche, il a mon âge.
– Alors c’est un abruti.
– C’est la personne la plus intelligente que je connaisse, répond David.
– J’ai l’impression de parler avec la statue d’Albert Einstein.
– Explique lui la mission simplement, dit David en regardant dans la direction du salon.
– Quelle mission, il ne sait pas se servir d’un téléphone.
– Savlanout, dit David en se rapprochant d’elle.
– Ce n’est plus une question de patience à ce niveau.
– Je suis réfractaire aux nouvelles technologies, pas sourd, lance Moïse assit dans le salon. Il essaie d’allumer un téléphone avec son empreinte. L’objet à la coque rose fuchsia, n’a cure des intentions du Kiboutznik.
– David Ben Gourion n’aimait pas les gadgets lui non plus, dit David.
– Ben Gourion, ton modèle, dit David en entrant dans le salon, suivi par Noah. Cette dernière semble gênée : – écoutez, ce n’est pas personnel.
– Non c’est contre toutes les personnes qui n’ont pas un pouce amovible comme vous, répond Moïse.
– Je ne voulais pas…
– Les vieux, ceux qui sont nés après le réseau Tok-Tok
– Mais…
– Tous des has been, continue Moïse le plus sérieusement du monde.
– Rohhh
– Auriez-vous dit à Ben Gourion que c’était un abruti ?
– Vous blasphémez, s’indigne Noah.
David sourit à Moïse : – c’est bon ? Tu as fini ?
– Ah j’oubliais, tu es né avant l’internet toi. Bientôt la retraite ?
Noah essaie de lui couper la parole : – Écoutez…
Moïse lui fait un signe de la main : – Daï, donne-moi un couteau que je me coupe le pouce gauche. Je l’utiliserais avec la main droite, ça me fera deux pouces.
Noah le regarde incrédule.
– Tu crois que je peux y arriver avec deux pouces ? questionne Moïse.
– On peut avancer ? demande David.
– Ken, répond Moïse en souriant.
Les yeux pétillants, Noah se met à sourire à son tour : – Vous me balladez quoi ?
– Ken, répond David avec un mouvement de tête.
Noah prend le téléphone de Moïse et tape à toute volée avec ses deux pouces. Les écrans se succèdent à toute vitesse sur le petit écran de l’androïde. Elle montre la tranche du téléphone à Moïse : – Pour l’empreinte digitale vous posez votre index ici.
Moïse fait oui de la tête.
– Si ça ne marche pas, vous tapez votre code, 33…
– … 0975*10, poursuit Moïse
– Voilà, dit Noah en tapant le numéro sur le clavier
Moïse prend le téléphone : – la grande barre c’est pour les photos ?
– Mais non, s’emporte Noah excédée à nouveau, c’est pour aller sur internet. On va retirer toutes les applications sauf ça. Vous avez le téléphone, l’appareil photos, les sms et internet.
– Je ne peux pas garder mon vieux téléphone et prendre les photos avec un appareil normal ?
Noah marque un temps, regarde son élève récalcitrant, sourit : – Et vous les envoyez en pigeon voyageur ?
– Savlanout a dit le chef, répond Moïse en regardant David.
– Est-ce que tu sais prendre les photos ? Questionne à son tour David.
Moïse prend une photo de David et Noah.
– Super, dit David : – Noah va te monter comment nous l’envoyer via internet
– Pas de risque ? demande Moïse.
– Lo, répond Noah : – le programme est crypté. Alors sur la photo vous appuyez sur l’icône là.
Moïse s’exécute et Noah reçoit la photo en instantané.
– Bienvenue dans le 3eme millénaire, annonce fièrement Noah.
– Et la barre internet… Pourquoi vous la laissez ? demande Moïse.
– Pour vous permettre de regarder les vidéos d’Omer Adam et de Noa Kirel…
– Qui ? demande Moïse.
– Noa Kirel, elle a le même prénom que moi mais sans le “h”
Noah met une vidéo de Noa Kirel sur le téléphone de Moïse. Ce dernier regarde un instant, hausse les sourcils et lui dit : – Et si je veux lui parler à Noa Kirel ? Je peux avec internet ?
Noah sourit : – Pour ça vous ouvrez la fenêtre, comme Rocky et vous criez. Elle va vous répondre.
– Je dois en déduire que ce téléphone n’est pas casher ?
– Absolument pas. C’est un problème ?
– Besseder, c’était juste pour ma culture générale, répond Moïse. Il questionne à nouveau Noah : – Alors cette mission ?
Noah lui montre la photo d’un homme, sur son téléphone, un asiatique.
– Karl Lee est un trafiquant d’armes, qui favorise le développement du nucléaire ennemi.
Moïse regarde David.
– Le cousin de Bruce.
– On ne te demande pas de l’arrêter
– t’inquiète, je suis ami avec Chuck Norris, dit Moïse.
– Vous devez simplement collecter des informations.
– Tu sais que si on loue Dieu, c’est parce que Chuck Norris est hors de prix, dit Moïse.
– Vous devez-vous rendre au siège social d’une de ses sociétés dans la banlieue New-yorkaise et prendre des photos du siège. Pas plus, se justifie Noah.
– Si Chuck Norris dort la lumière allumée, c’est parce que le noir a peur de lui, continue Moïse.
– Vous m’écoutez ? S’énerve Noah.
– Ken. Comment j’arrête Karl Lee ?
– J’ai vraiment l’impression que vous vous moquez de moi, dit Noah la mine renfrognée.
– Sérieusement, qui est Karl Lee ?
– Karl Lee c’est un fantôme. Toutes les agences essaient de le choper. La CIA a mis une récompense sur sa tête de 5 millions de dollars.
– Vous comptez sur Chuck Norris pour le capturer ou sur moi ? plaisante Moïse en se levant.
Il marche jusqu’à la chaîne Hi-fi et regarde des disques.
– Tu pourrais tomber sur des informations cruciales, crois moi il y a des précédents, mais là ce que nous voulons c’est les photos, affirme David.
– Et Chuck Norris n’était pas disponible ?
– Lo, répond David.
– Moïse allume la chaîne Hi-fi et met « Kolomishka », un morceau de musique klezmer. Noah regarde David en faisant un geste d’incompréhension. Moïse se dirige vers la table basse, prend la bouteille d’Arak et la pose sur la tête. Il commence à danser en veillant à ne pas faire tomber la bouteille.
David, hilare va éteindre la musique.
– il faut faire les photos pour le passeport.
Moïse lui tend son téléphone. David le prend machinalement puis le redonne à Moïse : – En studio.
Ils sortent de l’appartement et marchent jusqu’à l’ascenseur qui s’ouvre presque immédiatement. David entre le premier et se cale au fond de l’ascenseur. Moïse et Noah le suivent. La porte se ferme automatiquement derrière eux. L’ascenseur annonce : « 14e étage ». Il descend d’un étage et s’arrête, repart, descend d’un étage et s’arrête, repart, descend d’un étage et s’arrête, et ainsi de suite. Au 9e étage Moîse regarde tour à tour David puis Noah.
– L’autre ascendeur est en panne, dit David.
– Pourquoi celui-ci marche ? s’exclame Moïse alors que l’ascenseur s’arrête pour la huitième fois.
Noah le regarde : – waouw c’est chaud !
– J’ai dit une bêtise ?
– Vous vivez en Israël et vous ne savez pas ce qu’est un ascenseur de shabbat ? Se désespère Noah.
David se met à rire : – Il n’y a pas beaucoup d’ascenseurs dans notre Kibboutz, dit-il hilare, ajoutant : – celui-ci fonctionne de façon automatisée. Il s’arrête à tous les étages sans que l’on ait besoin de toucher les boutons, pour le jour de Shabbat.
En regardant vers le haut, Moïse demande : – Vous allez me dire qu’au commencement « IL » n’avait pas prévu que vous alliez construire une tour de Babel à chaque mètre carré ?
Silence.
Deux étages plus bas Moïse ajoute : – ou alors « IL » voulait que vous descendiez par l’escalier.
Silence.
Deux étages plus bas Moïse commence à parler : – Je me demande…
Noah se tourne vers lui et fait non de la tête. Il s’interrompt.
Silence.
Moïse se penche vers David et lui murmure : – Comme disent les français, Je la trouve Mossad.
Rire de David. Silence.
L’ascenseur arrive au rez de chaussée. Ils sortent de l’immeuble et rejoigne un studio photo à 10 mètres, « Nikita Photography Center ». Ils entrent.
Le Studio est coloré à outrance. Une immense table orangée sépare en deux l’avant-boutique. Nikita, un trentenaire à la peau clair, vêtu d’un pantalon rouge et d’une chemise hawaïenne rouge-jaune-blanche à manches courtes, passe devant eux en courant. Il leur jette un regard et un sourire rapide : – Shalom, shalom, j’arrive, j’arrive, installez-vous dans le studio, dit-il en indiquant un coin de la pièce avec un fond vert. David et Noah se mettent sur le côté, Moïse s’installe sur un fauteuil de couleur pourpre.
Une musique mélancolique et rythmée passe en boucle, « Tumbalalaika ». La musique provoque souvent des flash-back à Moïse.
(flashback)
Moïse se souvient de l’attaque du Kibboutz quand il avait 13 ans. Moïse regarde David. Son visage se superpose à celui de David d’une douzaine d’années au Kibboutz. Le David jeune joue du violon et interprète divinement bien « Tumbalalaika ». Une quinzaine d’enfants font un cercle autour de lui dans le dortoir. La musique est interrompue par un coup de feu. Moïse âgé de 13 ans et Moïse adulte sursautent.
(de nos jours)
Nikita ramasse un petit drapeau qui est tombé sur le sol dans un bruit sec. Il s’approche de Moïse qui plisse les yeux, tout en scrutant le drapeau.
– Ah vous regardez mon drapeau, c’est celui de Birobidjan la ville où je suis née, explique Nikita avec cet accent typique des russes nouvellement arrivée en Israël.
– Je croyais que c’était le drapeau LGBTQI+, lance Noah
– Celui-ci n’a que sept bandes, comme une Menorah. C’est l’emblème de l’Oblast autonome juif, lui répond Moïse ?
– L’Oblast autonome juif ?
– Une version communiste d’Israël, fondée par Staline.
– Bravo Karagül, et moi j’ai vu le jour près du fleuve « Amour », c’est un signe, dit Nikita avec une voix fluette. Il s’approche de Moïse.
– Installe toi bien Karagül.
– Karagül ? demande Noah.
– Une rose noire, regarde comme il est beau,… on dirait une rose noire, dit Nikita.
– C’est dans ta langue de l’Oblast autonome juif ? Questionne à nouveau Noah.
– la langue officielle dans mon pays c’est l’yiddish, répond Nikita doucement.
– Karagül c’est du turc, répond Moïse. Noah le regarde. Ce dernier précise : – Il s’agit d’une rose noire cultivée dans le village d’Halfeti.
Noah semble impressionnée : – Vous en savez des choses !
Moïse dans un sourire : – il faut croire que la culture ne s’arrête pas à Tok-Tok.
– Karagül qui connaît ? demande Noah.
– Mon ami Veli, qui vendait des loukoums et du vin de rose Karagül.
– Je me souviens de lui, ajoute David : – il s’arrêtait toujours au Kibboutz en allant au Shuk de Safed pour vendre ses produits.
– C’est un beau studio que vous avez là, dit Moïse
Nikita répond à Moïse sur un ton triste : – Oui mais la mashkenta… Je pensais en faire une franchise mais avec la crise nous aurons disparus dans un an.
Moïse regarde autour de lui.
– Karagül reste bien droit, regarde l’objectif sans sourire. Voilà, dit Nikita
En même temps qu’il prend les clichés, le visage de Moïse apparaît sur un ordinateur à trois mètres. Moïse regarde le résultat de la prise de vue.
– Ça va directement sur l’ordinateur ? demande Moïse.
– Oui, par Bluetooth
– Par Bluetooth ?
Nikita s’apprête à répondre à Moïse mais Noah s’interpose : – Vous n’allez pas lui expliquer ce qu’est un Bluetooth ?
Nikita dodeline de la tête. Noah avec un air de connivence : – Je vais lui envoyer un tuto sur Tok-Tok…
Rendez-vous la semaine prochaine pour le prochain épisode des « AVENTURES EXTRAORDINAIRES DE MOÏSE LEVY».
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