Résumé épisode 19 :
Décidé à éviter l’expulsion du Kibboutz, Moïse, Dora, Shoshana, Roni et Adam, se rendent dans la grotte de leur enfance, où sont entreposées des pièces archéologiques datant de l’époque romaine. En pleine nuit, ils déposent divers objets près du chantier de Karmiel, entre autres des épées, des lampes à huile et des Sicles d’argent, des pièces de monnaie datant de la première révolte des juifs contre Rome. L’objectif de cette équipée nocturne est d’empêcher la poursuite des travaux en direction du Kibboutz « Shtetl Gan Eden ».
Le trésor de la grotte
Moïse est sur une scène de théâtre. Tout est sombre autour de lui. Il se tient droit au milieu d’un cercle de lumière, vêtu d’un smoking noir, d’une chemise blanche, de mocassins assortis et d’un nœud papillon rouge. Une femme magnifique entre dans le cercle de lumière. Elle vient se coller derrière Moïse. La danseuse glisse lentement ses mains devant la poitrine de notre héros. Les mouvements de ses doigts suivent une musique klezmer au tempo irrégulier, d’abord un filet sonore, puis une avalanche de sons émanant de violons, violoncelles, saxophones, flûtes, clarinettes, trompettes, tsimbl, tshekal, baraban, groyse fidl, tshelo, basy et bien entendu de balalaïka et d’accordéons. Ces derniers instruments fusionnent avec un bandonéon argentin, lequel impose aux accordéons un rythme de Tresillo. Le cœur de Moïse bat très fort, en écho à ce tango qui prend le pouvoir sur l’espace sonore. Le couple se lance dans une danse frénétique, poursuivi par la lumière qui les illumine comme deux taulards en fuite. La danseuse porte une robe en dentelle blanche, laissant apparaître son dos nu. Moïse a un pressentiment. Il le murmure du bout des lèvres.
– Yaël…
Une voix sourde, avec un écho lui répond : – Routzpa ponem !
Puis éclate un coup de feu.
Moïse ferme les yeux, compte sur ses doigts puis regarde droit devant-lui. Yaël est à présent dans l’eau, assise sur un banc. Elle s’appuie sur son coude droit, tandis que de la main gauche, elle se tient le côté, l’impact de la balle. Sa robe est identique mais de couleur pourpre. Moïse observe cette scène surréaliste. Est-ce qu’il rêve ? Le banc est posé sur un carré de sable, les feuilles sous-marines se confondent avec l’eau turquoise. Yaël ouvre les yeux, regarde Moïse fixement et lui dit :
– Nous sommes arrivés.
La voix, d’abord féminine, devient plus grave et répète : – Nous sommes arrivés.
Coup de klaxon, Moïse se réveille en sursaut. Le chauffeur de Taxi lui répète pour la troisième fois : – Nous sommes arrivés.
HaYarkon St Tel-Aviv, Hôtel David Kempinski
Moïse entre dans le hall de l’hôtel. Dov est assis sur un fauteuil. Il se lève et se dirige vers Moïse.
– Cette chambre que tu nous as louée,… sur la Torah d’Israël, tu es fou ? C’est trop cher, c’est trop pour moi… dit le jeune garçon.
Moïse regarde Dov avec tendresse.
– En tout cas ma mère te remercie. Elle n’a jamais vu autant de luxe de toute sa vie.
Moïse tend un morceau de papier à Dov.
– Les contacts de mon ami Dora. Elle a un logement gratuit pour toi et un travail en Galilée. Bon pour vous jeune ami ?
– Bien entendu frérot. Je vis ma meilleure vie.
– Tu seras pris comme apprenti et tu poursuivras tes études de commerce. Dora trouvera aussi un travail pour ta mère, je ne sais pas ce qu’elle sait faire.
– Mais comment ?
– Il ne faut pas chercher la finalité d’une Mitzvah, c’est comme ça.
– Baroukh Hachem. Toda Raba Moïse Levy, je te serais à jamais reconnaissant.
– Ma seule exigence est ta réussite. Et puis je suis certain que tu vas faire des choses extraordinaires avec nos pommiers, ce qui aidera les kibboutznikim du « Shtetl Gan Eden ».
– Quel nom dis-tu ?
– « Shtetl Gan Eden », répond Moïse.
– Incroyable. Je suis allé au cimetière de Trumpeldor. Tu m’avais parlé de la pierre tombale de Meir Dizengoff. Dans une cavité derrière un caillou, j’ai trouvé ça.
Dov tend à Moïse une clef USB.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Tu connais les clefs USB quand même ? Ironise Dov.
– Vaguement, répond Moïse. Ça contient des informations ?
– Sababa… comme un disque dur.
– Et ?
– J’ai regardé dedans, je n’ai trouvé qu’une chose, une phrase : « Shtetl Gan Eden ». Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais apparemment c’est en rapport avec toi.
– Mhmmm, tu as des nouvelles des deux espions ?
– Mes amis les ont suivis jusqu’à un hangar à Jaffa, près du port. C’est très probable que ton ami soit retenu prisonnier là-bas. Si tu veux demain je te conduis.
– Allons-y tout de suite.
– Maintenant ? A pied ? S’exclame Dov.
– Un taxi nous attend.
Ils sortent de l’hôtel, le chasseur avec un haut de forme leur fait un signe de la tête. Dov entre dans le taxi, suivi par Moïse. Le téléphone du Kiboutznik sonne. Moïse s’éloigne du véhicule, répond, écoute, puis revient dans le taxi. Le véhicule démarre et prend la direction de Jaffa.
Rue Rabelais, Ambassade d’Israël à Paris
Six hommes sont assis autour d’une table, dans une pièce au sous-sol de l’Ambassade. Yaël fait les cent pas. Elle balance des « missiles Luz » avec ses yeux, en direction d’un géant en costume-cravate. Le géant évite de croiser son regard.
– Tu as vraiment cassé les jambes d’une femme innocente. Avec une barre de fer. Ein lé’ha zaïne !
– Est-ce que nous pouvons passer à autre chose ? Demande Yonatan, un homme d’une soixantaine d’années, assis en bout de table.
– Je ne suis pas certaine de vouloir travailler avec des Bachi-bouzouks, répond Yaël en fixant toujours l’homme au costume.
– Tu as eu l’entretien. Tu es prise ? Insiste Yonatan en changeant de sujet.
Yaël tourne la tête : – Je n’approuve pas la méthode.
– Yallah ! Yonatan distribue à chacun des dossiers cartonnés de couleur rouge, y compris à Yaël.
– Ali Mahdavi, annonce Yonatan en se raclant la gorge. Un ingénieur iranien qui travaille à Saclay, sur un programme top-secret qui comprend la construction d’un réacteur nucléaire en Iran, avec l’aide de la France.
Les cinq hommes et Yaël écoutent attentivement les explications de Yonatan.
– Nous n’avons pas droit à l’erreur, reprend Yonatan. Nous devons approcher et retourner Mahdavi. Nous avons besoin de connaître les plans de la centrale nucléaire, son implantation en Iran et le programme exact de sa construction.
– Quel est l’objectif final ? Demande Ephraim, un homme d’une quarantaine d’années, le crâne rasé, portant un tee-shirt assez près du corps pour laisser deviner de longues séances de musculation.
– Pour l’instant l’information. Ensuite nous allons détruire leur centrale, répond Yaël. Je vais approcher Ali Mahdavi à la « Clinique du Temple ». Il est diabétique et il doit suivre un programme régulier à l’hôpital de jour.
– Yaël va le capter et le mettre en contact avec moi, son fiancé, complète Yonatan.
– Tu n’es pas un peu vieux pour Yaël, plaisante Ephraim.
– Pas tellement puisque je suis un riche entrepreneur, qui va chercher sa copine infirmière à la sortie du travail, en Ferrari. Ça apporte au charme d’être … aussi attentionné, répond Yonatan.
– Attentionné ? Relève Ephraim. Ça dépend des shekels sur ton compte en banque.
– Beaucoup. Je suis dans l’import-export. J’ai assez pour acheter ce petit monsieur Mahdavi.
Yaël fait un signe de la tête.
– Je vous expliquerai cet aspect du plan à la prochaine étape, dit Yonatan en regardant Yaël.
– Jarod ! La Ferrari ? Hurle Yonatan.
– Elle est prête, répond le grand baraqué en costume, presque ravi que l’on fasse appel à lui pour autre chose que l’affaire de l’infirmière.
– Il va te trouver une « Peel P50 », ironise Yaël avec cynisme.
– Je connais, répond le grand baraqué. C’est la plus petite voiture du monde. Elle mesure 1 mètre 34 et …
Yaël l’interrompt.
– Fais ton job pour une fois.
L’homme au costume baisse les yeux.
– Nous avons des soutiens à l’intérieur. Deux de nos hommes se sont fait passer pour des patients, explique Yaël. Dont un qui est arrivé d’Israël dans le cadre d’un programme d’échange avec « Le centre médical universitaire de Soroka », Il est venu avec un groupe de patients israéliens.
– Cette mission est une priorité absolue. Je ne vous fais pas un dessin. Vous imaginez ce qui va se passer si Téhéran obtient la bombe ! Dit Yonatan sur un ton sentencieux. Ils vont rayer Israël de la carte.
Vieille ville de Jaffa
– Je te présente mes amis Almir et Yitzhak, dit Dov à Moïse. Les amis je vous présente… non en vrai je ne peux pas vous dire son nom, sinon il devra nous tuer tous les trois, lâche le jeune homme mi-sérieux mi-plaisantant.
– Les deux hommes sont là ? Demande Moïse.
Yitzhak fait non de la tête.
– Seulement le plus petit. L’autre est reparti.
– Pourquoi pensez-vous que mon ami est là ? Questionne Moïse.
– Almir a regardé par un carreau de fenêtre. Il vu un homme attaché.
– Ça peut être n’importe qui, lui répond Moïse.
– Ken, dit Dov, mais ce sont quand même les deux hommes qui te surveillaient. Il y a un lien avec toi. Et puis il y a le « Shtetl Gan Eden »…
– Tu as raison. Vous allez partir tous les trois. Dov, si tu n’as pas de mes nouvelles dans une heure, donne cette adresse à la police.
– Tu es certain, demande Dov inquiet.
– Complètement. Partez maintenant et bravo.
Moïse regarde les trois jeunes s’éloigner. Une fois qu’ils ont disparu de son champ de vision, il se dirige vers ce qui semble être un hangar à bateau. Il enjambe des filets de pêche, et marche dans l’obscurité. Arrivé devant le hangar, il regarde par une fenêtre. Deux fluorescents éclairent une chaise mais pas de traces de David. Il approche son visage de la fenêtre, quand soudain une force le soulève du sol et le plaque contre le mur du hangar. Deux hommes semblent le maintenir, alors qu’un troisième lui met un sac en toile sur la tête. Il a du mal à respirer et se débat. Un des hommes lui braque une arme contre la tempe. Moïse retient sa respiration.
– Tiens-toi tranquille !
Moïse est poussé à travers la place jusqu’à un véhicule. Ses pieds heurtent des cailloux et divers obstacles. On le fait entrer avec violence dans une voiture. L’apprenti espion essaie de se calmer. Il reprend son souffle et compte sur ses doigts. Tout à coup, un détail l’interpelle. Il inspire longuement et dit : « Shtetl Gan Eden » David ? C’était moi ta cible ?
Un rire vient soudain briser le silence et l’homme sur sa droite lui enlève la cagoule. Moïse voit David, assis en face de lui, souriant, en train d’applaudir.
– Incroyable ! Je n’avais jamais vu ça, s’exclame David. Comment savais-tu que c’était moi ?
– Tu fais du bruit avec ta bouche, comme un vieux qui a perdu son dentier. Tu m’expliques ? Demande Moïse.
– Viens, dit David. Marchons un peu.
Ils sortent du véhicule et se dirigent vers le bord de mer.
Le soleil se lève sur le port de Jaffa. Moïse et David déambulent sur la promenade de Tel-Aviv, « la Tayelet ».
– Joli, commente Moïse en regardant la lumière blanche sur la ville.
Ils marchent quelques pas en silence, puis Moïse se tourne vers David.
– Tu mérites que je te casse la figure.
– Sur la plage, c’est le coucher du soleil qui est incroyable, répond David.
– Je vais vraiment te casser la figure, répète Moïse.
– Bravo Moïse, en même temps que tu as mené à bien cette mission, tu as également sauvé le Kibboutz.
– C’est-à-dire ? Demande Moïse intrigué.
– Je viens de recevoir l’info, ils ont trouvé des pièces archéologiques d’une valeur inestimable près de Karmiel ce matin. Donc tous les travaux dans le coin vont être suspendus, au moins pour plusieurs années.
– Quelle heureuse coïncidence, ironise Moïse.
– Je les connais ces épées, non ? Et ces vases ? Ils proviennent de notre grotte ?
– Qui sait ?
– Tu es incroyablement rusé Moïse, incroyablement.
– Et toi ? Tu n’as jamais été kidnappé ?
– Lo, répond David.
– c’est quoi cette mise en scène ?
– Un test, dit David en regardant son ami. Je suis certain que tu seras un grand de l’Institut mais toi tu n’y croyais pas et les gens de l’Institut non plus. J’étais le seul à savoir ton potentiel. Il est maintenant révélé.
– Pourquoi veux-tu faire de moi un espion ?
– Je me répète mais ton potentiel est immense, répond David. Et le test le prouve. Personne n’est jamais arrivé aussi loin et aussi vite. Avec zéro moyens, tu as obtenu des résultats peu ordinaires.
– Tout était faux ? Le réseau d’espions du Mossad démantelé aussi ? Ce que j’ai vu à la télévision ? Pour moi ?
– Il y a une part de vrai. Nous avons mené une campagne de désinformations et j’ai agrégé ton test dessus, répond David.
– Et maintenant ?
– Si tu es d’accord tu intègres notre académie pour plusieurs mois, tu deviens un katsa, tu vas retrouver ton père et tu continues à vivre comme un Kiboutznik en dehors des missions. Mazal u’bracha ?
– Pourquoi fais-tu ça ? Demande Moïse.
– Tu es mon ami, je te dois la vie, c’est un minimum.
– Nous avons un deal, si tu es franc avec moi sur un point, dit Moïse en montrant à David son téléphone. On ne peut pas espérer davantage d’un cadre du Mossad.
– Laisse-moi deviner, répond David. « Y. Diamantkring » ?
– C’est elle ?
– C’est elle, elle n’est pas morte et elle travaille avec nous.
Moïse se retourne brusquement vers David et lui balance un crochet au visage. David est déséquilibré sous la force du coup et tombe en arrière. Moïse s’approche de David et lui tend le téléphone.
– Fait son numéro, dit Moïse en murmurant presque.
David compose un numéro de téléphone. Il rend l’appareil à Moïse. Ce dernier lui tape dans la main et dit : – Nous avons un deal, Mazal u’bracha !
– Bienvenu à l’Institut camarade, dit David en se relevant.
Moïse s’éloigne de quelques pas et regarde en direction de la plage proche. Un renard est là, sur le sable, ils s’observent mutuellement. Le Kiboutznik inspire, compte sur ses doigts.
– Shalom Yaël, c’est moi… Moïse Levy !
Fin de la saison 1
Retrouvez très bientôt « LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES DE MOÏSE LEVY», en exclusivité sur LPH Infos.
Dans la saison 2, nous allons découvrir les premiers pas de Moïse à l’académie du Mossad, ses premières missions et la rencontre rocambolesque avec son père. Nous suivrons également Yaël sur l’opération « Docteur du désert » à la clinique du Temple et sa vendetta personnelle contre un redoutable ennemi.
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