Résumé épisode 17 :
Moïse à dérobé deux valises à des clientes de l’hôtel. Habillé en femme, il est arrivé à semer « Petit Bonnet Bond ». Il a même réussi à le prendre à son tour en filature jusqu’au cimetière de Trumpeldor. De retour à l’appartement de David, le Kiboutznik a la mauvaise surprise de trouver le véhicule qui le suivait, en bas de l’immeuble, avec deux hommes à bord. Dov arrive à son tour à l’appartement. Il est préoccupé car lui et sa mère doivent être expulsés de leur logement le jour même. Moïse lui offre une semaine de répit en l’installant dans une Suite de l’hôtel David Kempinski. En contrepartie, il lui demande de surveiller les hommes dans la voiture et de le prévenir quand ils seront partis. Moïse reçoit ensuite un appel troublant sur le téléphone de David, une certaine « Y. Diamantkring », en réalité il s’agit d’une espionne du Mossad qui prépare à Paris, dans les sous-sols de l’Ambassade d’Israël, l’opération « Docteur du désert ».
La Clinique du Temple
Park Tzameret, Tel-Aviv, appartement de David
Le chat s’étant approprié le dossier du canapé, se prélasse de toute sa longueur. Moïse appuie sa tête sur lui, comme si c’était un coussin. Il lui caresse l’arrière de l’oreille, avec négligence. Le coussin ronronne. Avec sa main libre, Moïse compose un numéro de téléphone.
– Shalom Dora, ma nishma ?
– Shalom Moïse, be-seder. Ve ata ? répond Dora.
– Nou. Tu as eu ton frère à Netanya ?
– Malheureusement.
– Rien ? Demande Moïse un ton plus bas.
– Aucune information concernant notre expulsion. Tu es certain que c’est une escroquerie ?
– Je ne sais même plus comment je m’appelle.
– Moïse,… répond Dora presque hilare.
– Prouve-le !
– Tu as encore le téléphone dans l’oreille alors que nous sommes en vidéo.
Dora se met à rire franchement. Moïse éloigne le téléphone et constate que son amie vient de le piéger. L’appel est normal.
– C’est malin. Ton frère n’a rien trouvé ?
– Il continue ses investigations mais ça risque d’être long.
– Long comment ?
– Long, long.
– Long, long, long ?
– Ken Moïse.
– Mais il va trouver quelque chose, ou nous perdons notre temps ? S’impatiente Moïse.
– Si lui ne trouve rien, c’est qu’il n’y a rien.
– Tu crois ?
– Ken Moïse. Remuer la caca c’est sa spécialité.
– C’est élégant comme image, dit Moïse en se lissant la barbe.
– Ça situe bien le problème. Mais nous avons moins d’un mois avant l’expulsion. Ça va être juste.
Moïse réfléchit.
– Moïse ? Toujours là ?
– Et si on lui fait gagner du temps ?
– Pourquoi pas.
– Nous devons retarder les travaux.
– De quelle manière ? Demande Dora.
– J’ai peut-être une idée.
– Ein Brera. Les bulldozers sont déjà dans la vallée, lui répond Dora.
– Parfait. Où ?
– Ils sont garés à la sortie de Karmiel. Il y a eu un début de déblayage hier.
– Karmiel ? Les dieux sont avec nous, dit Moïse visiblement satisfait.
– Tu blasphèmes Moïse.
– Méchoulam Chamama est de Karmiel. Tu le connais ?
– Le vendeur de bougies ?
– Tu dois le voir immédiatement, de ma part.
– Je lui achète une Menorah ?
– Vous trouvez un terrain proche de Karmiel, qui doit être entre le début du tracé de leur nouvelle route et notre Kibboutz.
– C’est là où sont garés les bulldozers, confirme Dora. Et après ?
– Il doit y avoir d’autres propriétaires expulsés comme nous. Méchoulam les connait certainement.
– Et après ?
– Il faut jouer sur la colère des propriétaires.
– C’est-à-dire ?
– Demande à Méchoulam de nous mettre en contact avec un propriétaire de terrain, un énervé. Attention, il nous en faut un avec l’esprit vif. A Karmiel ils ont la réputation d’être rusés et roublards, ça ne devrait pas être compliqué.
– Et après ?
– Tu rencontres le propriétaire, pour faire connaissance et ensuite tu me rejoins au Kibboutz.
– Tu remontes au « Shtetl Gan Eden » ?
– Ken. Je vais faire un aller-retour dans la nuit.
– Pourquoi faire ? demande Dora.
– Nous allons faire une petite randonnée. Demande à Roni d’être là, et aussi Nathanael et Adam s’ils sont disponibles. Nous allons avoir besoin des costauds.
– Nous allons kidnapper le chef du chantier ?
– Exactement.
– Moïse ! S‘exclame Dora, à présent inquiète.
– ça les ralentirait…
– Moïse !
– Sérieusement ?
– Nous allons faire un saut à la grotte.
– Ah oui, sacré saut, siffle Dora.
– Mhmmm
– Quel rapport avec les travaux ?
On tape à la porte. Moïse va ouvrir. Dov est derrière la porte et sourit béatement.
– Je t’expliquerai sur place. Dans deux heures, dit Moïse à Dora, puis il raccroche. Il regarde Dov.
– Je ne t’ai pas trop manqué ? Demande Dov.
– Depuis 10 minutes ? Non. Répond Moïse alors que Dov va s’assoir sur le fauteuil.
– J’ai demandé à trois amis de surveiller la voiture, dit Dov, fier de lui. Ils ont des véhicules et vont pouvoir la suivre. C’est ce que tu voulais, non ?
– Pas vraiment, retorque Moïse. Tu as confiance en eux ?
– Ils sont comme mes frères et moi je dois déménager. Je ne peux pas laisser ma mère seule.
– D’accord. De toute manière il y a un changement de plan. Je ne pourrais pas attendre qu’ils partent. Je dois sortir discrètement.
– Tu veux que l’on fasse diversion ?
– Exactement mais avant tu vas aller chez mon ami Nikita.
– Qui ?
– Le photographe en bas de l’immeuble.
– Ah j’ai vu, de l’autre côté de la place.
– Tu as le sens de l’observation, le félicite Moïse.
– Vu la taille de l’enseigne, même Stevie Wonder ne peut pas le manquer.
– Pas faux. Demande à Nikita s’il a une seconde sortie dans son studio et tu me téléphones.
– Et pour la diversion ?
– Tu fais un truc… mmmhmmm … ce que tu veux mais tu ne te mets pas en danger.
– Quand ?
– Quand je rentre dans le studio.
– Très bien. J’y vais ?
– Oui fils. Descend pour voir si le studio a deux sorties, dit Moïse sur un ton très amical.
Dov est sur le pas de la porte, Moïse le rappelle : – Comment je fais pour commander un taxi ?
– Tu le veux derrière le studio ? Questionne Dov.
– Ken.
– Pour où ? Demande encore Dov.
– Karmiel.
– Je m’en occupe.
– Toda raba.
Dov fait un signe de la tête : – j’ai immédiatement su que je n’allais pas m’ennuyer avec toi.
Moïse sourit.
Dov sort de l’immeuble, traverse la place et entre dans le studio photo.
– Shalom, shalom, j’arrive, j’arrive.
– Shalom. Vous êtes Nikita ?
– Oui beau gosse, on se connait ? Je te dois de l’argent ? Nous avons flirté à une soirée ? Je ne peux pas être ton père, tu es trop mignon.
– Je suis un ami de Moïse Levy.
– Qui ?
– 40 ans, mince, habillé en noir, barbe blanche et qui ne sait pas se servir de son téléphone rose…
– Karagül. Il veut quoi notre ami ?
– Sortir discrètement de votre magasin. Il y a une autre sortie ?
– Oui par-là, dit Nikita en lui montrant une seconde porte.
– Parfait. Je peux y aller ?
– Fais toi plaisir chéri.
– Toda, dit Dov en traversant le studio.
– Tu reviens quand tu veux.
Dov est gêné. Il lui sourit et sort.
A l’extérieur, il téléphone à Moïse pour le prévenir qu’il peut descendre. De son côté, il va faire diversion puis rejoindre sa mère. Il cherche le nom de la rue, puis commande un taxi. Il fait le tour de l’immeuble, ramasse un caillou, puis va se dissimuler à quelques mètres de la voiture où les deux hommes font le guet.
Quand Moïse apparait au coin de l’immeuble, Dov passe en courant près du véhicule et arrache le rétroviseur. Le passager sort de la Tesla noir et insulte Dov. Le garçon balance un caillou vers la vitre arrière, qui ne résiste pas au choc. Elle se brise en des milliers de morceaux. L’homme se lance à la poursuite de Dov, qui passe devant un autre jeune, avec un vélo électrique.
L’homme est un athlète, il se rapproche de Dov. Le jeune avec le vélo lui coupe la route. L’homme manque de faire un vol plané sur le trottoir. Dov met à profit ce léger temps de sursis pour s’échapper.
Pendant ce temps, Moïse s’engouffre dans le studio de Nikita. Il ressort de l’autre côté, où l’attend déjà un taxi. Il donne l’adresse au taxi, qui démarre immédiatement.
Clinique du Temple, région parisienne
Yaël est assise dans un box vitré. Une femme avec une blouse blanche regarde l’écran d’un ordinateur portable, lève les yeux vers Yaël à intervalles réguliers et lui sourit. Elle est jeune, rousse, porte de grosses lunettes rondes, un chignon bleu, et un stéthoscope autour du cou. Elle tapote avec la table avec son stylo.
– C’est un excellent Cv que vous avez là. Chouette parcours.
– Merci, répond Yaël doucement.
Elle est habillée de manière plus simple que quelques heures auparavant, lors de son passage à l’Elysée. Elle porte désormais un pantalon en toile bleue, une chemisette assortie et des chaussures azur.
– Je vois que vous avez fait vos études d’infirmière à Tel-Aviv. Vous parlez hébreu ?
– Oui bien entendu.
– Décidément vous êtes une bénédiction.
– Vraiment ? Répond Yaël dans un grand sourire.
– Vraiment. Comme vous le savez, nous sommes un Centre de recherche spécialisé en nutrition et diabétologie. Dans le cadre d’un programme d’échange avec « Le centre médical universitaire de Soroka », nous allons recevoir un groupe de patients israéliens.
– Incroyable !
– Comme vous dites Yaël. Vous pourrez les prendre en charge dans le cadre de nos ateliers d’éducation à l’alimentation, en hébreu.
– Bien entendu.
– Vous manquez de personnel ? Questionne Yaël.
– Absolument pas, mais une de nos infirmières a eu un accident. D’ailleurs vous pouvez commencer tout de suite.
– La pauvre, dit Yaël.
– Ne m’en parlez pas. Elle a été attaquée par un homme devant la clinique. Une armoire à glace qui lui a cassé la jambe avec une barre de fer.
– Non ?
– Si, si. Il y a des fous.
– En tous les cas vous pouvez compter sur moi immédiatement.
– Demain ? Pour trois services d’affilée ? Je vous mettrai la première journée en doublon avec une infirmière pour prendre vos marques.
– Demain. A quelle heure ?
– 6h30.
– J’y serai. Je me présente ici ?
– Non, vous avez l’entrée du personnel sur la droite du bâtiment. Vous vous annoncez à l’interphone. Ils verront aussi pour la tenue.
Yaël se lève et sert la main à la femme à la blouse.
– Merci pour votre confiance, lui dit Yaël.
La femme lui sourit. Elle sort.
Devant le bâtiment, un car est garé avec une plaque israélienne.
Des hommes et des femmes âgés crient et s’interpellent. Un homme essaie d’en frapper un autre avec sa canne. Les deux rient.
– Les séfarades sont de sortie, dit un homme entièrement vêtu de noir à un autre homme également entièrement vêtu de noir. Ils sont assis sur un banc non loin du car et semble visiblement très critiques envers les autres personnes du groupe.
– Yalla, lance une femme avec un voile à une autre un peu plus jeune. Elles poussent chacune un chariot avec une montagne de valises.
– Il ne manque que les couscoussières, dit un des hommes en noir avec un sourire pincé.
Yaël passe devant le groupe et ralentit le pas. L’espionne écoute les patients discuter en hébreu. Ils complimentent la clinique qui semble avoir tous les équipements nécessaires à leur bien-être.
Yaël voit une jeune femme, qui sort du lot. Elle est très jeune, très belle, grande, avec des yeux bleus comme des paillons. Yaël la regarde, elle doit avoir maximum 19 ans. Ses gestes sont amples et élégants. Elle a un patch sur le bras gauche, signe d’un diabète de type 1, le plus redoutable.
La jeune femme lève les yeux vers Yaël. L’espionne se sent transpercée de part en part.
Rendez-vous la semaine prochaine pour le prochain épisode des « AVENTURES EXTRAORDINAIRES DE MOÏSE LEVY».
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