Les évènements tragiques de ces dernières semaines posent de très nombreuses questions, parallèlement à l’inquiétude qu’ils suscitent. Parmi celles-ci se trouvent le rôle central que jouent les Arabes définis comme « israéliens » et qui sont à l’origine de la quasi-totalité des derniers attentats. LPH a enquêté pour savoir qui sont ces Arabes, quel est leur statut ? Quelles sont leurs allégeances ? Dans un second temps, le spécialiste du Proche-Orient, le Dr Morde’hai Kedar répond à quelques questions sur le sujet.
Définitions
Le terme « Arabes israéliens » désigne les Arabes qui sont restés sur le territoire israélien après la Guerre d’Indépendance et qui ont reçu la citoyenneté israélienne. Certains y incluent aussi les « résidents », Arabes qui n’ont pas la citoyenneté mais qui bénéficient d’un droit de résidence à des fins professionnelles. Ces derniers ne possèdent pas le droit de vote et ne peuvent pas obtenir de passeport israélien. Plus de 80% des Arabes israéliens sont musulmans, environ 9% sont chrétiens et les autres druzes. L’arabe est la deuxième langue officielle d’Israël. Les citoyens arabes sont exemptés du service militaire mais beaucoup de druzes et certains bédouins le font ainsi que des citoyens arabes musulmans et chrétiens sur la base du volontariat. L’immense majorité des Arabes israéliens vivent à Jérusalem-Est et dans le nord du pays (Ramat Hagolan) ainsi que dans des villes dites « mixtes » car mélangeant population arabe et juive comme Yaffo, Ramle ou Lod.
L’une des questions fondamentales qu’il convient de poser est de savoir comment ces Arabes se définissent eux-mêmes. En effet, à la lumière des déclarations et comportements des députés qui les représentent, on est en droit de se demander comment ils se considèrent. Le constat est le suivant : un grand nombre de ceux que l’on nomme « Arabes israéliens » se définissent avant tout comme des « Palestiniens de 1948 » ou comme des « Palestiniens d’Israël ».
Citoyenneté = loyauté ?
Cette définition propre nous donne déjà un indice sur l’allégeance des Arabes qui vivent en Israël et qui y jouissent des mêmes droits que les Juifs. En effet, il apparaît qu’un certain nombre de ces citoyens ne se sentent pas d’obligation de loyauté envers l’État dont ils ne reconnaissent pas la légitimité. C’est notamment ce qui explique les sorties virulentes des députés arabes israéliens contre l’État qu’ils sont censés servir et le fait que ces populations s’identifient à la cause palestinienne bien qu’ils ne vivent pas sous ce qu’ils appellent « l’occupation », au sens strict du terme…
« Chaque terroriste doit savoir qu’il est à l’origine du malheur de sa famille »
Les Arabes israéliens, citoyens ou résidents, sont au cœur des débats sécuritaires actuels. En effet, ils sont totalement mêlés à la population juive et jouissent d’un droit de libre circulation, ce qui rend très difficile la prévention d’actes terroristes. Néanmoins, le gouvernement a décidé, suite aux attentats de ces derniers jours, de restreindre justement ce droit de libre circulation et de pénaliser la famille de chaque terroriste. Voici en substance les grandes lignes de décisions du cabinet de sécurité :
– Fermeture de certains quartiers arabes de Jérusalem selon les évaluations des forces de sécurité
– Suppression du statut de résident pour les terroristes
– Destruction des maisons des terroristes et interdiction d’y reconstruire un logement
– Confiscation des biens des terroristes
– Annulation des allocations pour les familles des terroristes.
Interrogée par Ynet, la ministre de la justice Ayelet Shaked a estimé que ces décisions allaient dans le bon sens : « Je pense que la plupart des Arabes israéliens veulent faire partie de l’État d’Israël et de la société israélienne. Mais celui qui décide de choisir la voie de la terreur, chaque terroriste, doit savoir qu’il est responsable du malheur de sa famille ». En plus de toutes les mesures énoncées plus haut, Mme Shaked assure que la famille de chaque terroriste fera l’objet d’une inspection approfondie quant au permis de construire, au paiement de ses factures, de ses impôts, de la taxe d’habitation, etc. La ministre de la justice a rappelé la distinction que l’on doit faire entre « résidents » dont le statut est décidé par le ministère de l’Intérieur, et les « citoyens ». « Retirer la citoyenneté est un processus beaucoup plus compliqué que nous étudions actuellement. En attendant, je pense que nous avons plusieurs moyens d’agir contre les Arabes détenteurs d’une carte d’identité bleue qui choisissent le terrorisme : les arrestations administratives contre tous ceux qui incitent à la haine ou menacent de devenir des « Shahidim », la mise hors la loi du mouvement islamique israélien de Raed Salah et une surveillance accrue des réseaux sociaux palestiniens. La loi qui s’applique à Jabel Moukaber doit être la même que celle qui s’applique Rue Ibn Gvirol à Tel Aviv », a ainsi martelé Ayelet Shaked, « il est inconcevable que la loi ne soit pas appliquée dans les quartiers arabes ».
Faisant référence aux voix qui se font entendre dans le monde arabe israélien, comme celle de la journaliste Lucy Aharish, du maire de Nazareth ou encore d’Anette Haskia, notamment, Ayelet Shaked a souhaité que nous mettions plus en valeur ces opinions qui montrent que certains Arabes ne demandent qu’à vivre tranquillement en Israël.
Cinq questions à Morde’hai Kedar
Le P’tit Hebdo : Le fait que la plupart des terroristes aujourd’hui sont des Arabes qui vivent à l’intérieur de la ligne verte est-il un phénomène nouveau ?
Dr Morde’hai Kedar : Cela fait plusieurs années que les Arabes israéliens jouent un rôle important dans le terrorisme contre Israël. Citons les années 2000 à 2005 pendant lesquelles ils ont porté une assistance déterminante aux terroristes.
LPH : Quelles sont leurs motivations ? Un employé de Bezek, un autre de la mairie de Raanana, une étudiante font partie de ces terroristes : pourquoi s’en prennent-ils à une société qui leur donne tant ?
M.K. : Leur motivation est dans la théorie de l’Islam, vieille de 1400 ans, selon laquelle Erets Israël est une terre musulmane. La situation économique n’est absolument pas déterminante pour les extrémistes.
LPH : On entend, tout de même, des voix arabes s’élever en opposition à ces attaques terroristes. Représentent-elles un nombre important d’Arabes israéliens ?
Dr M.K. : Quelque soit le nombre de personnes qu’ils représentent, ils n’ont aucun moyen face aux violents et aux radicaux.
LPH : Certains quartiers arabes de Jérusalem-Est ont été bouclés. Est-ce la solution : s’en séparer ?
Dr M.K. : Oui, il s’agit d’un pas important mais insuffisant.
LPH : Sommes-nous dans une « intifada » ? Quelles sont les solutions que vous apercevez ?
Dr M.K. : L’Islam mène une guerre contre les Juifs depuis Mahomet… Donc la question n’est pas de savoir si nous sommes dans une « intifada ». Il ne nous reste qu’à serrer les dents et à nous battre pour notre terre et notre pays contre tous ceux qui veulent nous exterminer. Et Hakadoch Barou’h Hou nous sauvera de leurs mains.
Guitel Ben-Ishay
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