Bien qu’il ait pris clairement position contre l’accord sur le nucléaire iranien et qu’il veuille agir fermement contre l’islam radical, le candidat à la Maison Blanche pour les prochaines présidentielles américaines, qui est devenu en quelques semaines le grand favori de l’investiture républicaine, maintient cependant des positions parfois ambigües sur Israël et les Juifs…
« Laissez-moi être un type neutre ! », avait lancé Trump avec sa brutale franchise habituelle dans la partie d’un grand débat consacrée au Moyen-Orient tenu lors d’une soirée électorale qui a eu lieu le 25 février dernier en Caroline du Sud. Une phrase fort ambigüe aussitôt relevée par ses deux rivaux républicains à l’investiture, Ted Cruz et de Marco Rubio, qui devaient réaffirmer leur soutien franc et massif à l’Etat hébreu. « Si je deviens président, a répliqué Cruz, je me tiendrai résolument aux côtés d’Israël car on ne peut pas rester neutre lorsqu’il faut choisir entre de terribles assassins et des innocents ! (…) Le futur président des USA doit être quelqu’un comme moi qui se tiendra fermement du côté d’Israël ».
Un soutien à Israël teinté de démagogie et de populisme
Les partisans de Trump opposent à ces critiques sa franche condamnation de l’accord international de juillet dernier sur le nucléaire iranien et son intention déclarée de réimposer de dures sanctions contre Téhéran, en même temps que sa promesse de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem – ce que quasiment tous les candidats républicains à la Maison Blanche ont promis depuis des décennies dans leurs campagnes électorales sans jamais tenir ensuite leur parole…
Lors d’un autre récent débat où quatorze candidats républicains à l’investiture présidentielle ont chacun présenté leurs positions face au public de la puissante Coalition juive du Parti républicain, Trump s’est vanté de son amitié avec Netanyahou et a encore répété – afin de se démarquer radicalement des « grosses erreurs » de la politique d’Obama dans la région – que s’il était élu, non seulement il maintiendra l’alliance privilégiée avec Israël, mais qu’il mènera une guerre sans merci contre l’Etat islamique (EI) et l’islam radical , qu’il fera peser de lourdes pressions internationales sur les Palestiniens si les pourparlers avec Israël reprenaient et aussi qu’il soutiendra une adhésion de l’Etat hébreu à l’OTAN.
Toutefois, le refus de Trump de soutenir clairement la Jérusalem unifiée, son incapacité à énoncer un programme clair pour la politique américaine au Moyen-Orient et surtout les quelques blagues juives assez vulgaires et rebattues qu’il a déballées – croyant ainsi s’attirer les faveurs du public – devaient en fait provoquer les huées de l’assistance. Sans parler du mécontentement suscité par son refus persistant de recevoir un seul dollar de soutien à sa campagne de la part des donateurs juifs pro-républicains, ce qui le libère par avance de tout engagement vis-à-vis d’eux : « Tu ne vas pas me soutenir parce que je ne veux pas de ton argent… N’est-ce pas fou !? », a-t-il lancé en croyant faire rire l’assistance de cet organisme où se trouvaient en fait de nombreux donateurs juifs très préoccupés par le soutien à Israël. Or, Trump n’avait-il pas déjà prononcé en décembre dernier devant ce même public juif une autre phrase ambigüe sur « l’argent juif » en disant : « Je ne veux pas de votre argent, donc sûr que vous ne me soutiendrez pas ! ».
Mêmes ambiguïtés vis-à-vis du judaïsme américain…
Nul doute que le soutien dont bénéficie Trump au sein de certains cercles de l’extrême droite américaine, comme les félicitations qu’il a reçues de Louis Farrakhan, le chef du mouvement anti-judaïque Nation of islam , ainsi que ses attaques réitérées contre les minorités mexicaine et musulmane ont choqué une partie non-négligeable des Juifs américains plus ou moins libéraux, dont les ascendants étaient venus s’installer aux USA lors des vagues migratoires des deux derniers siècles…
En fait, personne ne connait vraiment les réelles intentions de Trump sur le Moyen-Orient et l’impression générale qu’il donne – y compris pour une bonne partie des Juifs républicains, donc réputés assez « à droite » –, c’est qu’il reste très ambigu à la fois sur la réelle place d’Israël dans sa région et aussi dans ses propres relations personnelles avec les différentes branches du judaïsme américain.
Pas étonnant dans ces conditions qu’un sondage publié le 11 mars en Israël par le site WallaNews réalisé auprès de 601 personnes révèle que 38 % des interrogés préfèrent Hillary Clinton comme présidente des USA, au lieu de23 % seulement pour Donald Trump, les autres candidats recueillant moins de 10 %… Richard Darmon pour Haguesher