LPH est allé à la rencontre d’Itzhak Grunewald, un francophone, qui a la particularité d’avoir été pendant plus de 10 ans directeur d’écoles en Israël. Très actif dans la vie publique, Itzhak Grunewald est membre de l’administration de son yichouv, Elazar, dans le Goush Etsion. En février, il briguera même le poste de Président du conseil régional du Goush Etsion.
Itzhak Grunewald est arrivé en Israël en 1984 après avoir étudié à l’école Akiba de Strasbourg et à la Yeshiva de Montreux du Rav Botschko. Ici, il effectue son service militaire avant de faire des études à Bar-Ilan et un DEA sous la direction du Professeur Benny Levy. Puis il entre dans la prestigieuse école Mendel qui forme les leaders éducatifs de notre société. Il dirige pendant 10 ans l’école religieuse publique du quartier juif de la vieille ville et crée en parallèle une école de la même tendance dans le quartier Golonim de Jérusalem ainsi qu’un Talmud Torah toujours dans la vieille ville. Il y a quelques jours, il a quitté son dernier poste de direction en date, celui d’une école de garçons à Efrat, pour se consacrer à sa mission politique.
Le P’tit Hebdo: Quel est selon vous la qualité qui caractérise le système scolaire israélien par rapport au système français, notamment?
Itshak Grunewald: En France, le souci principal du système éducatif est l’instruction. En Israël, c’est l’épanouissement de l’enfant. D’ailleurs nous n’avons pas de professeurs principaux mais des ”me’han’him”, littéralement des éducateurs. Le système scolaire israélien est beaucoup plus à l’écoute de l’enfant, il le regarde à sa hauteur et cherche à faire des élèves heureux.
Mais le revers de la médaille c’est que cela a tendance à se faire aux dépens de l’instruction. On doit aimer les enfants pour être enseignant mais le but d’un professeur n’est pas d’aimer, c’est d’instruire. Nous le perdons pas de vue.
Lph: Vous avez constaté sur le terrain que les élèves israéliens sont à la traine au niveau des connaissances?
I.G.: Oui, c’est d’ailleurs un des domaines dans lequel je veux agir en priorité si je suis élu à la tête du Conseil régional du Goush Etsion. Il est très à la mode de parler de pédagogie mais qu’en est-il du savoir? De l’instruction? Il y a une différence importante à faire entre connaissances disponibles et connaissances acquises. Nos élèves se sont-ils appropriés les notions transmises en classe?
Lph: Une étude a pourtant montré que les Juifs étaient le groupe religieux le plus instruit au monde.
I.G.: Nous avons de quoi nous enorgueillir. Nous avons des Prix Nobels, nos innovations ont une renommée internationale. Mais attention! Est-ce que notre école donne aux enfants une culture assez large, assez riche pour entretenir ce niveau? Nous devons prendre la question de l’instruction très au sérieux.
Lph: Vous qui avez fréquenté beaucoup de jeunes sur le terrain, quel est le rayon de lumière que vous voyez dans notre jeunesse?
I.G.: Notre jeunesse est magnifique! Nos adolescents grandissent dans des valeurs comme le bénévolat, le volontariat, c’est très rare de voir cela en dehors d’Israël. Nous avons une jeunesse précieuse, c’est pour cela que nous devons la prendre en main. Il faut porter une attention particulière aux mouvements de jeunesse, à la façon dont on transmet un savoir riche et varié.
Notre jeunesse est empreinte d’idéologie, c’est remarquable! Mais cela ne suffit pas si ce trait de caractère n’est pas accompagné par un enseignement profond.
Nos enfants sont heureux, soyons vigilants afin qu’ils le demeurent tout en approfondissant leur savoir.
Guitel Ben-Ishay
Photo: Elyashiv Leviathan