L’Affaire Al-Dura
Le 30 septembre 2000, les forces israéliennes et palestiniennes s’affrontent au carrefour de Netzarim. France 2 diffuse des images d’un père tentant de protéger son fils, et le journaliste Charles Enderlin affirme en bande son qu’ils sont victimes des tirs israéliens, que l’enfant est mort et le père gravement blessé. Ces images font le tour du monde. La seconde intifada éclate. Après enquête, l’homme politique français Philippe Karsenty est persuadé que ces images sont le fait d’une énorme manipulation. Entretien avec l’homme devenu le pire cauchemar de France Télévisions. |
Bonjour Philippe Karsenty. Comment se retrouve-t-on plongé au cœur de ce qui sera peut-être une affaire du siècle ?
C’est un choix pris après avoir visionné le premier reportage d’Esther Schapira en 2002. Elle m’a ouvert les yeux sur le fait que les Israéliens n’avaient pas pu tuer Mohamed Al-Dura. Ensuite, j’ai pu voir les travaux effectués par Stéphane Juffa et Nahum Shahaf, qui m’ont fait comprendre que l’enfant n’avait tout simplement pas été tué. J’ai décidé de combattre pour que la vérité soit reconnue. De façon inconcevable, des évidences factuelles sont niées. Le fait que quinze balles ont atteint le père et l’enfant, et qu’il n’y a pas une goutte de sang sur toute la scène ne semble pas poser de problème. Un enfant mort qui lève le coude et regarde la caméra non plus… J’ai amassé ainsi énormément d’éléments prouvant clairement que l’enfant n’est pas mort sur les images diffusées par France 2.
Charles Enderlin semble soutenu par tout le paysage médiatique français. Comment expliquez-vous cela ?
Le système médiatique français est un système corporatif. Les journalistes, qui ont le pouvoir suprême, celui de communiquer, s’unissent pour défendre leur confrère.
Charles Enderlin a t-il toujours été soutenu par France 2 ?
Oui, il a toute leur confiance et s’est porté personnellement garant de Talal Abu Rahma, le caméraman qui lui a fourni les images. Charles Enderlin a reçu la légion d’honneur sur proposition du Quai d’Orsay et non du Ministère de la Culture comme pour les journalistes habituellement. Enderlin est un propagandiste de la politique étrangère française qui travaille à l’affaiblissement de l’État d’Israël.
Comment le reste du monde a-t-il réagi face à l’Affaire Al-Dura ?
La France est en quelque sorte dans sa bulle. Elle s’est isolée et refuse de voir la vérité pourtant évidente. Pour mener à bien mon combat, j’ai acheté les droits du livre d’Esther Schapira et Georg Hafner en français mais également en anglais. Les Américains sont très intéressés par cette affaire et, aux États-Unis, je n’ai pas à affronter de résistance des médias. De plus, ils sont très marqués par l’assassinat de Daniel Pearl, décapité pour venger Mohamed Al-Dura.
Comment la classe politique a-t-elle reçu vos travaux ?
Mal, à droite comme à gauche. Nicolas Sarkozy est, par exemple, conseillé par Camille Pascal qui a, dès le départ, défendu la mise en scène de France 2. Il m’a d’ailleurs accusé d’être un agent du Mossad, et vos lecteurs peuvent retrouver ces allégations sur Youtube. Lorsqu’il était sénateur Jean Pierre Plancade, à l’inverse, s’est engagé en 2010 à travers une question ouverte au Sénat dans laquelle il a exigé des explications sur le faux reportage de France 2.