La Turquie, l’Égypte, la Jordanie et la Ligue arabe dans son ensemble ont condamné la loi visant à légaliser les implantations. Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a décrit cette loi comme une couverture visant à cacher le vol des « terres palestiniennes ». Un ministre jordanien a mis en garde face au danger d’une recrudescence de violence, et de l’anéantissement de toute chance de concrétisation de la solution de « deux États ». Apparemment, cette loi représenterait donc un grand danger pour la stabilité de la région. Est-ce vraiment le cas ?
La condamnation turque est intervenue durant la visite du ministre turc du Tourisme en Israël. Ce dernier n’a pas interrompu son voyage, ni annulé ses rencontres. Il n’a pas non plus été rappelé en Turquie, et notre ambassadeur n’y a pas été convoqué pour lui demander des explications. De plus, les grands sites d’information turcs n’ont même pas rappelé cette décision de la Knesset. On constate le même phénomène dans les pays arabes voisins : le ministre des Affaires étrangères égyptien a bien condamné la loi de régulation des implantations juives en Cisjordanie, mais la première page du site d’informations officiel Al-Ahram en arabe ne rappelle pas ce sujet. La première page du site d’information égyptien très populaire Al-Yaoum al-Sabi (le 7ème jour) ne la mentionne pas plus. Quant au site Al-Sharq al-Awsat (le Moyen-Orient), dont les bureaux sont en Angleterre, et qui est financé par des Saoudiens, se concentre sur la réaction de Yasser Abed Rabbo, membre du comité de direction de l’OLP. Ce dernier y affirme que les Palestiniens perdent leurs terres, mais qu’ils ne s’adresseront pas aux instances juridiques internationales, de peur de la réaction des États-Unis et d’Israël. Le président Trump avait expliqué aux Palestiniens que ce genre de démarche leur coûterait d’être définis comme organisation terroriste, et de voir leurs représentations aux États-Unis fermées, et qu’ils se verraient infliger des sanctions économiques.
Il semble donc que la loi de régularisation des implantations ne se trouve pas en tête des préoccupations des États musulmans de la région. Ne nous leurrons pas : cette indifférence ne procède pas d’un amour d’Israël. Mais le monde sunnite, en proie à une guerre sans merci avec le monde chiite, dirigé par l’Iran et ses antennes, la Syrie d’Assad et le Hezbollah, est pleinement conscient de l’importance de l’alliance informelle avec Israël. L’Égypte reçoit l’aide des services de renseignement israéliens, et selon certaines sources aussi une aide militaire dans sa lutte contre la filiale de l’État islamique dans le désert du Sinaï. L’agence de presse Reuters a rapporté récemment que la Jordanie recevait de l’aide d’Israël dans sa guerre contre l’État islamique et les organisations militaires islamiques à ses frontières. L’Arabie saoudite craint, plus que tout, sa voisine perse. Les médias ont mis à jour l’existence de relations économiques, et autres, entre le royaume saoudien et Israël, qui pourrait servir de bouclier face à la menace des Ayatollahs.
En conséquence, on ne doit pas s’étonner du fait qu’aucune manifestation n’ait eu lieu dans les pays musulmans contre cette loi.
Des liens de coopération, voilés ou au grand jour, entre Israël et des pays musulmans, semblent porter l’espoir d’un remède à plus d’un millénaire d’enseignement islamique de la haine des Juifs, de leur description comme des singes et des cochons abjects, et comme les êtres les pires jamais créés par Allah, après Iblis – le Satan.
Ce même Islam radical menace les pays musulmans eux-mêmes, et à leur tête l’Égypte, la Jordanie et le Liban. En effet, selon le droit musulman orthodoxe, des frontières entre les Musulmans constituent une hérésie, et c’est au nom de ce droit musulman que les organisations islamiques menacent les pays de la région. Cet Islam radical fait des ravages en Syrie, en Irak et en Libye, y causant des centaines de milliers de morts, des millions de blessés et plus de dix millions de personnes déplacées de chez elles, la ruine économique, la faim, la pauvreté et l’expulsion massive de populations, fuyant l’horreur de l’enfer islamique.
Des États européens se sont empressés de condamner la loi de régularisation des implantations juives, mais restent cois face aux meurtres massifs en Syrie, ainsi qu’à l’unique apartheid de la région – à savoir celui des Palestiniens, qui interdisent à tout Juif de vivre dans les territoires sous leur autorité, et qui condamnent à mort tout Palestinien qui vendrait un terrain à un Juif. Il ne faut pas s’étonner que ces mêmes pays européens aient à se mesurer eux-mêmes avec les conséquences catastrophiques de leur veulerie face à ces mouvements islamiques, sous la forme de millions de réfugiés sur leurs propres territoires.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le djihad, de la théorie aux actes » et les deux tomes des « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.