Propos recueillis par Gérard Chlomo Alimi
Dans cet ouvrage, préfacé par le Grand Rabbin Haïm Korisa, le Docteur Alain Haddad nous propose des pistes de réflexion pour appréhender les relations parfois difficiles avesc nos propres enfants. Tout en puisant son inspiration dans la pensée des Sages du Judaïsme, l’auteur, medecin psychiatre, nous éclaire d’une vision universelle, fondée sur son expèrience en milieu hospitalier et personnelle ainsi que son engagement à aider les familles disloquées, frappées par les épreuves. Homme de terrain le docteur Haddad, qui aujourd’hui partage sa vie entre Paris et Jérusalem, à présidé le Service d’Action Juive d’Education à la Santé (SAJES).
Il est allé à la rencontre des jeunes dans les écoles et lycées, leur expliquer toutes les addictions, et plus largement, tous les risques qui les menacent au quotidien. Ce livre, avec beaucoup de finesse, nous ouvre des chemins de réflexion pour répondre avec sérénité et sensibilité aux diverses manifestations même les plus complexes de nos enfants. Il apprend aux parents comme aux enfants à assurer leurs responsabilités et à se fixer mutuellement les limites que chacun doit respecter pour assurer une harmonie familiale. Responsabilité et respect aident les enfants à trouver leur voie, malgré bien des tatonnements, qui les conduira vers plus de maturité.
Pourquoi avoir écrit ce livre aujourd’hui àprès un parcours professioinnel bien entamé?
Dr Alain Haddad: Ce livre s’est fait très progressivement sur plusieurs années à partir d’articles parus dans un journal spécialisé sur l’éducation juive. Ce journal s’appelait IGUIRET HAHINOUH. Il a été créé par le Rav Guédalia qui était, entre autres, Rabbin d’une communauté et directeur de Collel à Paris.
C’est lui qui proposait les thèmes et je les développais en fonction de mon expérience professionnelle de pédopsychiatre et de psychanalyste.
Les thèmes abordés, pour les adolescents juifs en particulier, je les ai rencontrés aussi chez des adolescents d’autres communautés et ils s’adaptent de la même façon à des situations identiques. C’est d’ailleurs ce qu’a remarqué le grand Rabbin de France le Rav Haïm Korsia dans sa préface.
Ce livre est-il un outil éducatif ?
Dr A.H. : Ce livre n’est pas à proprement parler un livre sur l’éducation, je ne suis pas un éducateur mais c’est au cours de mes consultations de pédopsychiatre que j’essayais d’analyser avec les parents quelles étaient les origines des symptômes des enfants qu’ils m’amenaient. Quand les parents étaient bien disposés par rapport à ce travail, ce qui nécessite une certaine maturité psychologique, les symptômes s’arrangeaient très rapidement.
Il m’est arrivé de traiter des troubles d’enfants et même de très jeunes enfants apparemment très sérieux et qu’ils soient réglés en deux ou trois séances.
Pensez vous que de nos jours l’éducationau sein d’une famille juive est différente de l’éducation au sein d’une famille non juive?
Dr A.H. : Je ne pense pas que l’éducation juive soit différente de l’éducation non juive. Ce qui est différent ce sont les choix des parents quand aux valeurs qu’ils veulent transmettre.
Les mécanismes psychiques sont les mêmes.
Freud en particulier a développé des principes qu’il a établis comme universels comme le complexe d’Œdipe ou l’interdit de l’inceste. Il a mis en valeur la notion de tabou. D’autres psychanalystes s’occupant d’enfants ont montré l’importance des liens forts parents -enfants et en particulier mères – enfants au cours des premiers jours de l’enfant. Ils ont développé la notion de limite comme constituant la maturité psychique .
Dr A.H. : Aujourd’hui la société a tendance à banaliser ou à détruire tous les principes sociaux qui ont forgé nos sociétés, et nos enfants si leurs points de repères sont contraires à ce que nous leurs avons transmis seront en situation de souffrance. Par exemple si leurs copains sortent, boivent un peu d’alcool, fument et qu’eux n’en ont pas le droit. S’ensuivent alors des rébellions, des crises de renfermement sur soi, etc.
Le rôle dévolu aux parents juifs par la Torah ne risque-t-il pas de rompre l’harmonie familiale tant souhaitée?
Dr A.H. : Non. La Torah et l’enseignement des maîtres reconnus du Talmud bien enseignés et bien compris sont des outils parmis d’autres de prévention et d’éducation dans la société actuelle.
Propos receuillis par Gérard Chlomo ALIMI
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