La réalité est complexe… La guerre, les attentats ont rendu la coexistence entre Juifs et Arabes remplie de méfiance, de crainte et de volonté de se séparer au maximum. Il y a 21 ans, un groupe de parents du yishouv mixte – juif et arabe – Névé Shalom en Galilée décident de créer un concept d’école qui reprendrait leur mode de vie, de coexistence.
Les écoles bilingue Yad be Yad sont nées de cette volonté. Elles présentent la particularité de posséder des classes mélangeant élèves juifs, arabes musulmans, arabes chrétiens, arméniens, druzes ou bédouins. L’équipe pédagogique est, elle aussi, composée d’enseignants en hébreu et en arabe. Avec des classes depuis la maternelle jusqu’à la terminale, les écoles Yad be Yad – 7 en tout dans le pays – se voient obligées de refuser des élèves par manque de place.
Sans pour autant oublier les désaccords idéologiques, LPH a décidé de se pencher sur ces écoles, pour en comprendre les motivations et le fonctionnement.
Arik Saporta, le directeur du collège-lycée de Jérusalem et Angie Wattad, directrice adjointe du lycée nous répondent. Michaël Greilsammer, un père d’élèves (kita alef et hé), nous explique son choix.
Pour une société égalitaire
Arik Saporta nous énonce d’emblée l’objectif qui se cache derrière les écoles Yad be Yad: ”Nous voulons créer une société qui soit plus égalitaire. Nous vivons dans le même pays mais nous n’avons aucun contact entre les populations. L’autre effraie, la plupart du temps, on préfère ne pas le connaitre”.
Michaël Greilsammer nous avoue que c’est l’un des critères qui l’ont poussé, avec son épouse, à inscrire leurs deux enfants dans cette structure: ”Nous étions mécontents de l’école dans laquelle notre premier enfant avait commencé sa scolarité. Nous avons étudié différentes options. Nous avons alors entendu parler de l’école bilingue”. Qu’est-ce qui vous a décidé pour cette option? ”J’ai grandi à Jérusalem, sans aucun contact avec les Arabes. Pourtant, ils sont une part de notre société. Je dirais même que j’en avais une certaine peur. Je souhaitais que mes enfants ne grandissent pas dans cet état d’esprit”.
La confrontation des identités
De prime abord, nonobstant les problèmes politiques, le problème que soulève l’école bilingue est celui de l’assimilation. Mélanger nos enfants à d’autres non-juifs nous rappelle ce que nous avons vécu en dehors d’Israël et la lutte que cela signifiait pour rester juif.
Ne craignez-vous pas les risques d’assimilation en inscrivant vos enfants dans une telle école? Le père de famille n’est pas inquiet: ”Nous respectons le shabbat et la cacherout et nous sommes attachés à notre identité juive. Nous sommes conscients qu’il existe un tel risque. Nous pensons que l’essentiel vient d’abord de la maison. Ensuite l’enseignement et la philosophie de l’école ne consistent pas à effacer les identités propres, au contraire”.
Arik Saporta renchérit: ”Lorsque les identités se confrontent elles s’affirment. Mes enfants sont eux aussi scolarisés ici et je remarque que leur caractère juif se renforce au contact des enfants d’autres religions. Nous ne devons pas avoir peur de connaitre celui qui est différent”.
La religion est-elle enseignée? L’école Yad be Yad est composée d’enfants des 3 religions monothéistes. Très peu d’enfants juifs sont religieux. Michaël Greilsammer nous apprend que tous les vendredis les enfants qui le souhaitent peuvent suivre un cours de renforcement avec kabbalat shabbat et paracha de la semaine.
“Chaque religion a sa place ici”, précise Angie Wattad, ”nous enseignons chacune dans le respect de l’autre. Nous ne sommes pas pour autant une école religieuse. Nous organisons notre année de façon à pouvoir libérer nos élèves pour les fêtes de chacune des religions. Voilà aussi un message que nous faisons passer: le partage, le respect”.
Et les études?
Il faut reconnaitre que les écoles bilingues sont bien classées sur le plan du niveau scolaire. ”Nous sommes très satisfaits”, nous confirme Michaël. L’accent est mis sur un enseignement de toutes les matières. Le directeur ajoute: ”nous avons aussi quelques particularités. Par exemple, nos cours d’histoire reprennent les différents narratifs. Nous voulons donner à nos élèves une vision d’ensemble et pas uniquement celle qu’ils entendent à la maison”.
Les cours sont donnés en hébreu et en arabe jusqu’à la fin du primaire. Par la suite, la langue d’enseignement dépend de la langue maternelle du professeur.
Vous dépendez du ministère de l’éducation? “En partie. Les financements du ministère ne sont pas suffisants. Les parents doivent payer une partie de la scolarité et l’autre partie est assurée par les fonds que l’association Yad be Yad récolte”, nous explique Arik.
Lorsque l’école a été créée, Yossi Sarid, figure du parti Meretz, était dans le fauteuil du ministre de l’éducation nationale. Le soutien du ministère a-t-il varié suivant l’appartenance politique du ministre? “Nous avons toujours reçu le soutien du ministère de l’éducation nationale. Il y a quelques temps, Naftali Bennett, alors ministre, est venu nous rendre visite, je crois qu’il a été ravi”, se souvient Arik.
Une école pour laïcs et gauchistes?
Impossible de ne pas parler politique lorsque l’on cherche à comprendre une école comme celle de Yad be Yad. Etes-vous une école idéologique ou neutre? Arik nous rétorque: ”la neutralité n’existe pas. Bien entendu, nous sommes une école idéologique. Notre idéologie est simple: nous devons apprendre à nous connaitre”.
Votre école intéresse en majorité des personnes laïques et de gauche? “Oui, nos élèves, en particulier juifs, sont laïcs dans leur écrasante majorité. Mais je dirais que ce n’est pas la question essentielle. Nous devons nous demander ce que nous voulons comme société. Le projet pédagogique de Yad be Yad promeut plus d’égalité et de compréhension”.
Angie ajoute: ”Aujourd’hui, à la maternelle, nous avons autant d’élèves juifs qu’arabes. Cette proportion change légèrement au lycée, où les 2/3 de nos élèves sont arabes”.
Que se passe-t-il au sein d’une telle école lorsqu’à l’extérieur, des attentats ou des guerres opposent Juifs et Arabes? Vos enfants ressentent-ils une tension particulière dans ces moments du fait de leur proximité avec des Arabes? “Au contraire”, nous affirme Michaël, ”la mixité amène au dialogue et à annihiler la peur et la méfiance”. Arik renchérit: ”Les enfants nous font part de leur besoin d’être ensemble encore plus dans ces instants. Nous accordons une importance particulière à la discussion ouverte, au dialogue, même si tout n’est pas facile à entendre”. Comme cet épisode que raconte Arik, après l’attentat dans la synagogue d’Har Nof où 6 Juifs ont été assassinés. Lorsqu’il entre dans une classe pour en parler aux élèves, une des élèves arabes lui lance qu’elle ne peut pas accepter que les auteurs de l’attentat soient appelés terroristes, même si elle n’est pas d’accord avec ce qu’ils ont fait. Arik a senti son estomac se nouer, il a ouvert le dialogue. ” Ce n’est pas évident, mais il est important que cette conversation puisse exister”.
La famille Greilsammer
Les écoles bilingues doivent faire face à la réprobation de part et d’autre. ”Nos élèves subissent des injures dans la rue parfois pire. Nos écoles sont parfois tagguées. Mais le pire a été l’incendie criminel dont nous avons été victimes, il y a 5 ans”. L’école de Jérusalem a été gravement endommagée. ”Nous avons reçu tant de soutiens de toutes les populations que nous avons repris le dessus et que nous avons pu surmonter cette épreuve”, résume Arik.
Quel bilan?
Que sont devenus les anciens élèves de Yad be Yad? Ont-ils des postes clés dans la société israélienne? Le directeur se cantonne à nous raconter que certains ont fait leur service militaire, d’autres sont entrés à l’université. Difficile de dire avec le recul des 21 années d’existence si les écoles Yad be Yad ont réellement enclenché la révolution sociétale qu’elles encouragent. Même si Arik affirme qu’aucun couple mixte ne sort de son école, aucune donnée ne permet de confirmer que l’assimilation n’a pas gagné une certaine partie des anciens. Au niveau individuel, la famille Greilsammer, enfants et parents, sont satisfaits, cette éducation bilingue, biculturelle leur convient et les enrichit.
Directeur d’une école bilingue depuis 8 ans, qu’est-ce que cette expérience vous a appris sur l’avenir de nos sociétés? “La société israélienne est capable de laisser de l’espace à l’autre, celui qui est différent mais c’est encore loin d’être parfait. En ce qui concerne la société palestinienne, c’est une autre histoire, je préfère ne pas en parler. Ces 8 années à la tête de l’école Yad be Yad ont été une expérience unique. Notre école est la preuve que nous pouvons éplucher toutes les couches qui nous éloignent de l’autre: le racisme, les préjugés. Mon activité me rend optimiste pour l’avenir même si la réalité n’est pas vraiment belle au sein de nos sociétés”.
Guitel Ben-Ishay
Foutaise temps que cette institution sera dirigé par des gauchistes atés et mecreants, le problème entre les arabes et nous n’est pas territorial mais bien religieux …
L’Islam PUR ET DUR n’est compatible avec aucune société humaine non musulmane.
Je sais je suis déjà catalogué comme appartenant à la faschosphère, mais j’assume. L’écrasante majorité des pays arabo-musulmans ne respecte pas les valeurs de la morale et de la vie. Mais, il ne faut bien évidemment pas faire d’amalgame avec les individus qui appartiennent à ce groupe.
En revanche, il faut être en fait EXTRÊMEMENT raciste par condescendance pour croire que les musulmans qui sont très attachés à l’islam moderne, celui en particulier des frères musulmans, accepterons d’adopter les valeurs de la Morale universelle qui sont les nôtres, comme ne pas tuer par exemple – respecter la vie.
Mais l’idéologie de gauche, dans sa recherche d’universalité, est opposée à cette réalité. Alors elle pousse le déni à l’extrême jusqu’au jour où la réalité la rattrape. Mais souvent, il est déjà trop tard.
Shabbat Shalom.