Chalom Rav
Je travaille pour un fournisseur de téléphones portables. Je suis chargé de découvrir les appareils défectueux, et de les vendre au rabais à des prix qui me semblent convenables. Puisque je suis spécialiste dans ce domaine, je voudrais les acheter moi-même pour les réparer et les vendre à un prix bien plus élevé. Je ne compte pas informer mon employeur car il risquerait de m’imposer de faire ce travail pour lui. Je voudrais savoir si d’après la Torah j’ai le droit d’agir de cette façon.
Réponse: Le Choul’hane Aroukh (‘Hochène Michpat 185;1-2) écrit : « Le courtier est en fait un émissaire rémunéré pour vendre et ne pourra pas acheter lui-même l’objet qu’il est censé vendre ». En effet, il est dit dans le traité Ketouvot 98a : « Si une veuve a évalué et pris un bien que son mari [défunt] a laissé, dans le but d’encaisser l’argent qui lui revient de par sa Kétouba, ce bien ne lui appartient pas. Mais elle pourra le vendre à quelqu’un d’autre et récupérer son dû ». Le Tour (idem) rapporte l’explication du Rachba disant qu’une vente consiste à faire passer un objet d’un propriétaire à un autre. Le vendeur consent à faire sortir l’objet de sa possession et l’acheteur fait un acte pour faire entrer l’objet dans sa possession. Et pour ce faire, il faut deux personnes distinctes. Or la veuve étant considérée comme l’envoyée de ses enfants orphelins pour vendre le bien, elle ne pourra pas agir en tant qu’acheteur. Il en est de même pour le courtier qui est embauché pour vendre : Vous ne pouvez pas être à la fois vendeur et acheteur. Vous êtes donc incapable d’acheter vous-même ces appareils. Le prix élevé que vous obtiendrez de la vente après la réparation reviendra donc à votre employeur (en retirant votre salaire pour la réparation). Vous pourrez par contre surmonter ce problème en vendant les appareils à votre femme ou à un ami et les récupérer ensuite.
Mais il faut savoir que l’explication du Rachba n’a pas été retenue par tous. Le Chakh (3) sur le Choul’hane Aroukh y fait déjà allusion. En effet, le Ritba (Ketouvot 98a) rapporte l’avis des Guéonim qui rendent l’achat de la veuve non valable parce qu’on craint qu’elle évalue mal le bien. C’est pour cette raison que le Rambam (Ichout 17) rend valable la saisie de la veuve lorsque le Beth Din a déjà fixé le prix du bien. Le Ma’hané Efraïm (Chli’hout 20) affirme que même le Choul’hane Aroukh (Evène Haézer 103;5) a retenu cet avis. De toute façon, dans votre cas, ce problème existe aussi : puisque vous devez vous-même fixer le prix de vente des appareils défectueux, vous êtes soupçonnés d’évaluer l’objet en votre faveur.
En conclusion: Même par l’intermédiaire d’un ami, Il vous sera interdit d’acheter les portables sans avertir votre employeur.
- Nous vous recommandons de ne pas tirer de conclusions personnelles de ces enseignements, car un détail et une parole peuvent changer toute l’issue du psak-din
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