Même si le déguisement ne fait plus partie, depuis un moment, du top 10 des costumes préférés des enfants pour Pourim, le clown reste le personnage emblématique de cette fête.
Derrière ce maquillage, ce nez rouge et cette tenue bariolée, se cache une histoire, une vision du rire et une approche au monde. Le clown nous emmène dans un univers particulier.
Il existe toutes sortes de clowns, nous en parlons avec Yaël Farhi Nakache, clown thérapeutique, formatrice de clowns thérapeutiques et d’animateurs de « yoga du rire ».
Le P’tit Hebdo : Que représente pour vous le rire ?
Yaël Farhi Nakache : Le rire comporte une partie physiologique. Mais ce qui m’intéresse surtout dans le rire, c’est qu’il peut se définir comme le fait de voir notre quotidien avec les yeux de l’absurde, du burlesque, à travers l’humour. Il peut ainsi être utilisé à des fins thérapeutiques mais aussi pour manier l’autodérision et la désacralisation.
Lph : Un clown est-il un comique ?
Y.F-N. : Lors de ma formation, j’ai beaucoup travaillé avec un mime, en Israël. Il m’a aidé à approfondir ce qu’est la personnalité du clown. Il existe des différences fondamentales entre un clown et un comique ou un stand-upiste. Ce dernier va tester sa blague sur son public. Si elle ne marche pas, il va la retravailler, en inventer une autre jusqu’à ce que le public rie. Le clown, lui, va revenir sur la même blague, même si elle ne produit pas l’effet comique voulu. Il va la répéter et la répéter et finalement le public va rire, pas pour le contenu, mais pour le contenant. C’est le personnage qui va amener le côté drôle plus que la blague.
Le comique va utiliser la scène pour se présenter, le clown vise à amener le public sur la scène.
Lph : Est-ce pour cette raison aussi que le clown se cache derrière un maquillage et un costume ?
Y.F-N. : Le clown thérapeutique est très peu maquillé, on ne veut pas justement créer de distance avec le patient. Mais, en effet, un clown a un nom propre. Pour ma part, lorsque je suis dans la peau du clown, je suis Sopalina et non Yaël. Le clown porte un costume, il n’a pas d’origine. Il appartient à une autre dimension, il est une personnalité à part. Et du coup, toutes ces caractéristiques en font un personnage très authentique, très épuré et très accessible au niveau de ses émotions. Souvent, je dis que le clown est certainement la partie la plus vraie de moi-même.
Lph : Et le nez rouge ? Est-il indispensable ?
Y.F-N. : Oui, il est indissociable du clown. Du fait que l’on peut le mettre et le retirer, il revêt une symbolique centrale. Lorsque j’enlève mon nez rouge, je redeviens Yaël. C’est le nez rouge qui caractérise le clown. Le clown comme concept a toute une histoire, elle est importante à mes yeux et je la ressens lorsque je prends cette fonction.
Lph : Un clown est drôle par définition. Un clown thérapeutique est au contact de la tristesse et de la souffrance. Comment gérez-vous ce paradoxe ?
Y.F-N. : Le propre du clown est d’être tiraillé par ce paradoxe. Le clown se construit à travers nos difficultés, nos émotions et nos contradictions. Le paradoxe ne l’effraie pas. Il lui permet de se transcender. Sopalina ne voit pas la maladie, elle ne considère pas les malades comme des malades, Yaël oui. Sopalina regarde les malades avec des yeux qui font ressortir uniquement leurs capacités, les possibilités en eux. C’est pour cela qu’elle leur fait du bien.
Lph : Quels sont les moyens dont vous disposez pour savoir si votre passage a été bénéfique ?
Y.F-N. : La mesure du bénéfice de notre passage est très aléatoire. J’enseigne à mes élèves à ne pas attendre forcément le rire. Nous devons poser un autre regard sur notre action. Le bonheur peut se ressentir à différents niveaux et pas obligatoirement par un éclat de rire. Nous n’avons aucun pouvoir sur les émotions négatives que ressentent les personnes auprès desquelles nous nous rendons. Cela relève davantage de la psychologie. Notre rôle est d’agir sur les émotions positives et de les augmenter afin de faire pencher la balance.
Par ailleurs, parfois le seul fait que nous rendions visite à la personne aura suffi à lui faire du bien. Dans les hôpitaux comme dans les maisons de retraite, il s’agit pour certains de la seule visite qu’ils auront à part celle du médecin.
Enfin, je crois que la réussite de notre action se mesure aussi sur nous-mêmes. Nous ne pouvons pas changer le monde, mais nous pouvons changer notre monde.
Lph : Comment réagissez-vous si les gens refusent de vous recevoir ?
Y.F-N. : Nous ne nous imposons jamais, c’est un principe. J’enseigne à mes élèves à accepter le refus. Les clowns thérapeutiques sont formés à l’intelligence émotionnelle. Nous devons être accessibles à tout le monde et respecter la volonté de chacun. Nous invitons les gens à redevenir légitimement enfant, le temps d’un instant. Tout le monde n’y est pas prêt. Mais ceci étant, je peux témoigner que dans 95% des cas, nous sommes accueillis avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme.
Lph : Le clown, ce n’est pas que pour les enfants ?
Y.F-N. : Absolument pas. Je dirais même que pour le clown, l’adulte représente un défi encore plus gratifiant.
Lph : Doit-on être drôle dans la vie pour devenir un bon clown ?
Y.F-N. : Etre clown, c’est faire ressortir sa part d’enfant, c’est être soi-même. Tout le monde peut le faire. Ce n’est pas l’humour qui fait le clown. En revanche, il faut vouloir devenir ce personnage, accéder à cette parole et se découvrir. Il m’est arrivée de dire à certains de mes élèves de ne pas continuer la formation. Mais sur le principe, être clown est possible pour tous.
Lph : Finalement, quand on vous écoute, le rire semble être une affaire sérieuse ?
Y.F-N. : Je le pense. Je citerais Sim pour illustrer cela : »Quand j’étais petit, je voulais devenir clown ou ministre. J’ai choisi la première option parce que je suis un garçon sérieux ».
Lph : Que représente pour un clown comme vous, la période de Pourim ?
Y.F-N. : Les clowns ont souvent l’impression que l’on réduit leur rôle à la période de Pourim. Le clown n’existe pas qu’à Pourim. Mais finalement, c’est bien aussi d’avoir un moment de l’année où nous sommes mis à l’honneur. Je crois beaucoup dans le personnage du clown, il a des effets insoupçonnables. Je veux le diffuser au maximum, alors Pourim est une période très propice pour cela.
Lph : Quels sont vos conseils pour que la joie ne se limite pas qu’à Pourim ?
Y.F-N. : Je crois que le secret de la joie permanente c’est de découvrir ce que nous devons vraiment faire dans ce monde. Depuis que j’ai compris que je devais être clown, je me lève tous les matins avec le sourire, parce que j’ai donné du sens, un engagement à ma vie. Etre conscient de ses possibilités et les orienter vers son but, entreprendre, rêver : voilà les mots d’ordre de la joie quotidienne et authentique.
En politique, les clowns ne se masquent pas et ça marche…..du moins pour les grands enfants qui se prennent pour des adultes !
Oh la la vous etes penible. Ici aussi il vous faut lancer votre haine ? Ce que fait cette dame est tres gratifiant … a la lecture de cet article, on oublie les saletes de ce monde, mais vous, vous avez le don de tout gacher. Vous devriez apprendre a rire, ca vous rendra moins grincheux
Je ris très souvent sur ce forum….à défaut, je souris…😊😊😊
Enfin une phrase sans discrimination (apparemment du moins).
Clown thérapeutique c est un magnifique bien être que vous ne voyez pas toujours mais que moi soignante je découvre plus tard il faut du temps parfois continuez c est un travail magnifique merci Yael /Sopalina continuez merci pour eux pour nous aussi