Au lendemain de Yom Hashoah, le Président israélien Itshak Herzog est en Pologne pour participer aux commémorations des 80 ans de la révolte du ghetto de Varsovie.

« Je viens ici aujourd’hui de Jérusalem, la capitale éternelle de l’État libre, souverain, juif et démocratique d’Israël. Je viens ici, et avec moi – avec nous – ici, se trouvent les fils et les filles de familles entières, de communautés entières, qui étaient et continuent d’être des symboles de la vie juive vibrante, d’une histoire millénaire, de la civilisation riche et prospère de la communauté juive polonaise ; ils se tiennent comme des symboles, bien sûr, d’un immense courage, dans les ghettos, les camps et les forêts, partout, toujours et par tous les moyens, pendant le carnage terrible de la Shoah qui nous a frappés pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes venus ici, quatre-vingts ans jour pour jour depuis le déclenchement du soulèvement du ghetto de Varsovie, emblème de l’héroïsme, à l’heure la plus sombre de l’humanité », a déclaré le Président Herzog.

»Ici, à cet endroit où nous nous rassemblons, se dressait le ghetto, exigu et débordant de vie. A proximité se trouvait le « point de collecte », ou Umschlagplatz. C’est là que fut scellé le sort de 300 000 Juifs polonais : enfants, vieillards, femmes et hommes déportés au camp de la mort de Treblinka. Quand je ferme les yeux, je vois les braves guerriers de la révolte, les membres de l’Organisation juive de combat et de l’Union militaire juive, les quelques centaines d’âmes qui ont affronté les milliers de soldats nazis qui ont pris d’assaut le ghetto pour les anéantir. Face aux forces de l’oppresseur nazi – entraîné, monstrueux et armé jusqu’aux dents – qui a fait irruption porte après porte, maison après maison, dans une chasse vicieuse et inconcevable aux Juifs, qui n’ont fait face qu’à un seul destin – la mort et l’extermination – un groupe de jeunes juifs polonais étaient déterminés, pleins de foi et d’espoir, tirant leur force de la séquence héroïque qui parcourt comme un fil conducteur l’histoire juive, des hommes courageux du roi David aux guerriers de Massada, Bar Kokhba et les Maccabées. Ils se sont battus contre toute attente. Des toits, des égouts, des caves les plus profondes, dans les rues et dans les cours, derrière les murs qui s’effondrent et dans les pièces qui s’enflamment. Et ils ont gagné ».

Itshak Herzog s’est aussi adressé à ses homologues polonais et allemand présents:
»L’héroïsme de la résistance et des rebelles et l’impératif de se souvenir de ce terrible chapitre de l’histoire, lorsque le peuple juif a fait face à l’anéantissement complet et que la destruction s’est abattue sur la Pologne et de nombreux autres pays, offrent une plate-forme pour un dialogue important entre la Pologne et Israël et pour la promotion de l’amitié entre nos peuples. Une amitié qui, je crois et je l’espère, s’épanouira et se développera et nous permettra d’élucider et d’analyser en profondeur les désaccords et les douleurs, tout en construisant des partenariats importants, non seulement sur les fondements du passé, mais aussi sur la base de notre avenir commun.
Votre Excellence, mon ami, le président de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, dans vos propos inoubliables à Yad Vashem à Jérusalem, lors de la cérémonie marquant le 75e anniversaire de la libération du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau, vous avez répété deux mots clés, qui soulignent le lien important entre le passé et le présent : « culpabilité » et « responsabilité ». Merci pour votre leadership moral et pour être une force si importante et significative dans l’approfondissement de l’amitié entre nos peuples, centrée sur notre engagement éternel envers le souvenir, la responsabilité et l’avenir, la sécurité et la prospérité de l’État d’Israël ».

Pour conclure, il a eu une parole pour les survivants et leurs descendants: »Chers survivants de la Shoah, familles, mesdames et messieurs. Aujourd’hui, nous saluons l’héroïsme, mais l’héroïsme doit être sanctifié ainsi : en apprenant, en tirant des leçons, et en transmettant cet héritage et le flambeau de la responsabilité de génération en génération. Cette responsabilité est pour nous un devoir de toute une vie. Lorsque nous nous tenons ici ensemble, au cœur de l’un des symboles les plus forts de la Shoah et de l’héroïsme, nous nous souvenons que, aussi grande que soit la menace, le front commun que nous devons former contre elle l’est aussi. Ici, on comprend bien l’alliance sacrée que la famille des nations a forgée face à une terrible tragédie : sanctifier la mémoire des victimes ; défendre fermement et collectivement le droit de l’État d’Israël d’exister et de prospérer en tant que foyer souverain du peuple juif ; enseigner et éduquer à la lumière des leçons de la catastrophe historique qu’a été la Shoah ; et lutter de toutes nos forces contre toute manifestation de racisme, d’antisémitisme et de haine ».

Il aurait pu se raser quand même