La neige est arrivée en Israël ! Immédiatement, on pense au mont Hermon. Sommet le plus élevé d’Israël (2236 mètres d’altitude), il abrite la station de ski qui – en période hors Covid – fait la joie de tous les Israéliens qui viennent y goûter aux sensations de la glisse et s’émerveiller devant ses magnifiques paysages enneigés. Mais le Hermon n’a pas toujours été caractérisé par son attrait touristique. Cela reste avant tout un poste extrêmement stratégique des frontières d’Israël avec le Liban et la Syrie ; et en tant que tel, il est chargé d’histoire et de symboles. Prenez le temps de lire ces quelques lignes, et je vous promets que vous ne regarderez plus ces montagnes comme avant…
Le Hermon appartient à une chaîne de montagnes née de la collision des plaques arabique et eurasiatique, dont le sommet, à 2814 mètres d’altitude, se trouve en Syrie.
Les Hébreux ont conquis le Hermon à l’époque de leur entrée en Israël, il y a quelque 3300 ans. La Torah fait état de cette montagne (Deutéronome 3, 8-9), sous différents noms : Sirion (carapace) pour les Sidoniens, Senir(neige) pour les Amorrhéens ou encore Hermon (saint) – ce sera ce dernier nom qui prévaudra jusqu’à aujourd’hui.
Le roi David nous rappelle le caractère sacré de l’endroit dans ses psaumes (133, 1-3) : « Comme il est bon et doux à des frères de vivre dans une étroite union […] comme la rosée du Hermon qui descend sur les monts de Sion ; car c’est là que Dieu a placé la bénédiction, la vie heureuse pour l’éternité. »
Longtemps sous domination étrangère, ce n’est qu’au cours de la guerre des Six Jours que Tsahal reconquiert l’endroit, qui représente un atout stratégique de première importance dans le cadre de la prévention des intrusions ennemies du Nord. En effet, par temps clair, depuis son sommet, on a une vue imprenable sur le plateau du Golan, et jusqu’à la région de la Galilée et du lac de Tibériade (qui, jusqu’alors, étaient les cibles journalières d’obus syriens), et de l’autre côté, une vue sur la Syrie et même Damas ! C’est le commandant de l’armée de l’air, Moty Hod, qui – avec l’accord de Moshé Dayan –, lors de la guerre des Six Jours, organise une opération spectaculaire, faisant atterrir le plus haut possible (à 2236 mètres d’altitude, donc) un bataillon de la brigade Golani par hélicoptère pour prendre le contrôle total du mont Hermon et y bâtir une base militaire fortifiée.
Au début de la guerre de Kippour, l’effet de surprise et le déséquilibre des forces en présence (300 000 soldats israéliens contre plus d’un million de Syriens, d’Égyptiens, d’Irakiens, de Jordaniens…) font vite pencher la balance en la défaveur de l’État juif, et le Hermon tombe aux mains de l’ennemi. Mais comme à son habitude, et à l’image de cette guerre de 1973 dans son ensemble, à force d’abnégation, de bravoure et d’ingéniosité, les troupes Golani, au terme d’un combat acharné, au corps à corps, pendant toute la nuit du 21 octobre, réussissent à faire fuir les troupes syriennes et, au petit matin, le drapeau israélien flotte de nouveau au sommet du Hermon, surnommé dès lors « les yeux du pays ».