Le quotidien pendant la guerre comporte bien des difficultés et parmi elles, celle de continuer à pratiquer une vie juive.
Les Juifs d’Ukraine sont beaucoup à avoir fui après le déclenchement des hostilités soit vers Israël, soit vers les pays voisins d’Europe occidentale.
Néanmoins, il reste encore une communauté sur place, qui essaie tant bien que mal, de maintenir une vie suivant la Torah et les mitsvot. Elle est aidée en cela par la Fédération juive d’Ukraine, mais la tâche est difficile.
La semaine dernière, un petit garçon est né dans une famile juive du pays. Il a donc fallu organiser une brit mila, dans le contexte dangereux des bombardements. Les parents du bébé ont fait appel au Dr Yaakov Gaysinovich, qui est le seul Mohel d’Ukraine.
Le Docteur Gaysinovich est depuis des années le seul et unique Mohel qui officie en Ukraine. Diplômé de médecine, il a commencé à se rapprocher de la religion pendant ses études avant de s’installer en Israël. De là, il partait régulièrement en Ukraine pour pratiquer des brit milot, dans le cadre de l’association “Brit Itshak Yossef”. Jusqu’au jour où on lui a demandé de rester vivre sur place. Depuis, il fait des brit milot aux nouveaux-nés juifs ukrainiens mais aussi aux adultes qui n’étaient pas circoncis et qui avaient décidé d’entrer dans l’alliance d’Avraham Avinou.
Le Docteur Gaysinovich a fui l’Ukraine avec sa famille au début de la guerre. Dans un premier temps, il était en Moldavie où il a pu faire profiter une famille de ses compétences de mohel, puis il s’est installé à Vienne, en Autriche, au sein de la communauté juive russophone.
La semaine dernière, donc, il a reçu un appel d’une famille restée en Ukraine qui a eu un petit garçon et qui lui demandait de revenir pour lui faire la brit mila.
Le Docteur raconte qu’il a hésité, compte-tenu du danger que représentait ce voyage de plus de 1700 kilomètres vers un pays en guerre. Finalement, avec son épouse, il arrive à la conclusion qu’il doit le faire: ”Je savais que j’étais le seul homme qui pouvait le faire, alors je me suis levé et j’ai pris la route”, raconte-t-il, ”Au début, j’avais vraiment peur, je n’ai pas fermé l’œil pendant les 26 heures de trajet, surtout sur le territoire ukrainien. Mais je savais que si jétais ”le mohel d’Ukraine”, alors j’avais un devoir envers la communauté et je devais le remplir. Je me suis dit que si Avraham Avinou, le premier juif, s’était lui-même circoncis à 99 ans, alors je devais faire preuve du même esprit de don de soi pour cette mitsva importante”.
Le bébé a donc été circoncis selon la halaha et le Docteur Gaysinovich ne s’est pas arrêté là. Lorsque la Fédération juive d’Ukraine a entendu qu’il venait dans le pays, elle a organisé encore six brit milot d’adultes qui n’étaient pas circoncis.
“Ils nous ont dit que la guerre leur avait fait comprendre que la vie était fragile et qu’il valait mieux introduire le plus possible de contenu juif dans leur vie. C’est émouvant de voir ces Juifs de 20 à 70 ans qui entrent dans l’alliance d’Avraham Avinou. Nous sommes sûrs que ce mérite les accompagnera et les protégera dans toutes les circonstances, dans ces derniers instants d’exil”, a raconté le Rav Meïr Stembler, président de la Fédération juive d’Ukraine.
Photo: ELIEL JOSEPH SCHAFLER Wikipédia