Le 28 juillet dernier, le lobby francophone de la Knesset a repris ses activités. À l’occasion de l’ouverture de la nouvelle session, les principaux responsables francophones ont été reçus par le ministre de l’Intégration, Zeev Elkin, et par la nouvelle présidente du lobby, la députée Nourit Koren. Nous avons recueilli les impressions de certains des responsables présents.
Mihal Vaknine
Vu que c’était l’ouverture officielle, j’étais loin de m’attendre à des nouvelles concrètes, c’était encore une rencontre avec de belles paroles, mais j’ai eu l’occasion de connaître auparavant Nourit Koren et j’ai senti sa volonté et son efficacité afin d’établir des projets pour une meilleure intégration des Francophones. Je suis malgré tout sceptique car hélas comme l’a si bien dit le député Eli Elalouf : « est-ce que tous ces gens de bonne volonté auront le courage de mettre leur ego de côté et de s’unir afin d’atteindre le but ? Il y a, à mon avis, trop d’associations qui font pratiquement la même chose et nos olim ne savent plus à qui s’adresser ».
Avi Zana
Directeur de AMI
Je dirais d’abord que le fait que les Francophones ont encore besoin de ce lobby démontre avant tout les attentes importantes de la communauté, pas suffisamment prise en compte par les pouvoirs législatif et exécutif israélien. En revanche, il faudrait que la nouvelle responsable du lobby, Nourit Koren, se serve des acquis de son prédécesseur pour gagner du temps et aller à l’essentiel en s’entourant d’une petite équipe compétente avec des objectifs et des projets de lois bien ciblés. La conjoncture politique actuelle joue en sa faveur ; en effet, tout comme elle, le ministre de l’Intégration et le président de la commission de l’alya appartiennent au parti au pouvoir, le Likoud. Ils n’ont donc plus le moindre prétexte pour justifier les lenteurs bureaucratiques qui bloquent l’avancée des dossiers importants en faveur d’une meilleure intégration de la vague d’alya historique de France que nous allons continuer à accueillir dans les années à venir.
Richard Sitbon
Économiste au ministère des Finances
Ce lobby ferait avancer enfin les intérêts des Juifs français voulant s’installer en Israël. Les photos ne manquent pas sur les sites sociaux : autour d’une table ronde des dizaines de présidents d’associations sont là, réunis en face d’un ou deux députés israéliens, présentant leurs doléances. Ces photos, au-delà de la bonne volonté de tous, est avant tout le symbole de notre désunion. Dans ce moment crucial pour le judaïsme français, fébrile de retrouver sa Terre, nous ne pouvons laisser passer ce moment sans nous organiser de façon sérieuse. En laissant de côté les dissensions, les tensions et la politique, nous devons créer une institution, à l’instar du CRIF, qui serait notre représentant et celui de toutes les organisations auprès du gouvernement. Son rôle serait de fédérer au sein d’un seul corps les associations francophones, et de canaliser de façon efficace les exigences des Français pour une meilleure intégration. Ce centre de gravité sera composé d’un comité élargi, où se réuniront les représentants des associations francophones. Un comité exécutif d’une dizaine de personnes parmi les plus influentes du milieu francophone ou de ceux qui sont dans la lutte constante pour l’amélioration des conditions de l’Alyah des Français, et qui font l’unanimité, sans animosité. Nous pouvons citer les noms de Sam Kadosh du Cnef, Avi Zana d’AMI, Avraham Azoulay de LPH, l’avocat Johann Habib, pour ne citer qu’eux. Le comité élargi devra nommer ses délégués. Enfin un comité restreint de trois personnes qui seront notre lien avec le pouvoir. Ils discuteront, rencontreront les hommes politiques, non autour d’une table ronde, mais dans leurs bureaux en tête à tête. Parce que le moment n’est plus à la discussion, ni aux dissensions, parce que hélas le taux de retour des olim de France est le plus élevé de toutes les alyot, nous devons faire vite. Nous pouvons déjà réunir au plus vite les dirigeants des associations pour constituer le comité élargi qui nommera les délégués du comité restreint. Vu l’urgence, nous pouvons déjà demander au stratège de l’alyah de France, Dr Dov Maimon de prendre en main la direction du comité restreint. Trilingue, ayant accès à la plus haute représentation de l’État, homme de paix, ayant déjà mis en place un plan stratégique et financier pour une intégration réussie, il est aujourd’hui l’homme qu’il nous faut. Les Juifs de France fraîchement débarqués dans notre merveilleux pays ne nous pardonneront pas un échec, car leur intégration dépend avant tout de notre unité et de notre capacité à nous confronter aux instances gouvernementales.
Ariel Kandel
Directeur Stratégie France – Agence Juive pour Israël
La Knesset, le gouvernement israélien, le ministère de l’Alya et de l’Intégration et beaucoup d’autres organisations se démènent jour et nuit. Ceci est une course. Une course contre la montre qui permettra à un maximum d’olim d’arriver dans un minimum de temps. Mais cette course n’est pas le 100 mètres qui dure 10 secondes et dont tout le monde se souvient du vainqueur. Cette course est un marathon qui est long, épuisant et dont les vainqueurs sont tous ces gens qui ensemble produisent l’effort qui leur permet d’aller au bout de leur rêves. La réouverture du lobby pour les olim de France à la Knesset entre également dans ce scénario. Nous nous devons de poursuivre ensemble nos efforts, pour qu’ensemble nous arrivions au bout de notre rêve commun : Plus d’olim ! Et mieux intégrés ! Seule cette persévérance nous permettra d’arriver à des solutions dans les domaines liés à l’équivalence des diplômes, l’emploi et le logement. Et seules ces solutions d’intégration seront des leviers pour permettre à des dizaines de milliers de Juifs de France de nous rejoindre. Comme l’écrivait David Ben Gourion juste après sa propre Alya : « Ceux dont l’idéalisme était imaginaire se découragent vite, les pires se mettent à haïr ce qu’ils idolâtraient les yeux fermés, mais ceux dont l’idéal bat avec le cœur, circule avec le sang et respire avec le souffle, un souffle saint et fort, ceux-là restent fidèles avec lucidité jusqu’au bout, jusqu’à la victoire finale ».
Sam Kadoch
Directeur du CNEF
Toute plateforme qui permet de mettre sous les projecteurs l’alya française et la klita des olim doit être utilisée. Le lobby est l’un de ces canaux, d’autant plus qu’il se situe à la Knesset, ce qui nous permet un contact direct avec les élus du peuple. À mes yeux deux éléments sont importants pour la réussite du Lobby :
- Sensibiliser un maximum de députés de tout l’échiquier politique à participer et à entendre les différents acteurs (associations, particuliers…). L’alya et la klita sont une priorité nationale et nous avons besoin d’un maximum de députés pour agir, d’autant plus que n’avons aucun représentant de notre « communauté » au Parlement (je sais nous sommes tous israéliens mais sur le terrain avoir un ou plusieurs représentants de sa communauté d’origine, ça aide, ne nous leurrons pas !).
- Le deuxième élément est de proposer des projets de loi, des amendements qui permettront une meilleure klita, une simplification de la bureaucratie et une amélioration dans les domaines de l’éducation, du logement, du social en plus… du sempiternel problème des équivalences de diplômes…
Jessica Phillipe
JP Consulting
En entrant à la Knesset, une impression de « déjà-vu » me saisit. Nous sommes ici pour l’ouverture du Lobby francophone. Non pas pour se placer en retrait de la société israélienne, mais afin de la faire avancer. Nous sommes venus pour affirmer que si les Olim de France ont le privilège de venir s’installer en Israël, notre Terre, Israël a la chance d’accueillir une communauté venue de l’Ouest, éduquée et riche de ses talents… Forts de leur ténacité et empreints du souci du détail, les Français ont beaucoup à apporter aux entreprises israéliennes. Mais pour ce faire, faut-il encore que l’État d’Israël leur en donne les moyens, qui soient les facteurs clés du succès de l’intégration des Français en Israël : équivalences, apprentissage de l’hébreu, aides pour l’accès au monde du travail, etc. Afin d’apporter des réponses concrètes à ces problématiques, je suis convaincue que le Lobby francophone va jouer un rôle.
Dan Illouz
Conseiller en stratégie
Félicitations à Hélène Mazouz et à Niko Gewelbe pour leur remarquable travail lors de la réouverture du Lobby Francophone à la Knesset, avec la députée Nourit Koren à sa tête. Le lobby francophone est une organisation importante conçue pour faire face aux combats de notre communauté. Depuis la récente vague de l’Alyah francophone, plusieurs initiatives ont été enclenchées afin d’aider une immigration croissante. Il faut bénir chacune de ces initiatives et les personnes qui investissent de leur temps, souvent bénévolement, afin que les décisions réussissent. En même temps, il faut se rappeler qu’il y a des organisations et des individus qui travaillent pour l’Alyah francophone depuis déjà plusieurs années. Des organisations telles qu’AMI, ou le CNEF, ou même Gvahim. Leur expérience et leur savoir-faire sont des atouts remarquables et incontestables. Le secret pour la réussite de tous les projets, anciens comme nouveaux, est l’unification de toutes ces forces : il serait profitable que les nouvelles initiatives s’ajoutent à l’arsenal des organisations établies qui ont déjà tant de réalisations à leur actif. Ce serait une erreur colossale d’essayer de les contourner, ou de les remplacer, alors qu’elles ont tant d’années d’expérience et un impact si grand sur le terrain. Il faut plutôt penser à les supporter pour qu’elles puissent encore mieux aboutir. Il s’agit surtout de les renforcer! C’est pourquoi j’ai été très satisfait de voir des représentants de toutes ces organisations à l’ouverture du lobby. Encore une fois, bravo aux responsables de cet événement! Ensemble, nous réussirons à relever le défi de l’Alyah francophone afin d’enrayer, ou du moins de diminuer les obstacles qui empêchent certains de nos frères d’aller de l’avant (comme par exemple le problème de l’équivalence des diplômes). Cette belle et noble entreprise ne pourra réussir que si nous y travaillons tous ensemble, à l’unisson.
Esther Blum
Conseil des associations d’Olim
Plusieurs députés ont participé à l’ouverture du Lobby parlementaire pour l’Alyah de France présidé par la députée Nourit Koren (Likoud). Certains d’entre eux sont impliqués dans le domaine de l’Alyah, d’autres moins et découvrent les spécificités de l’Alyah de France et ses besoins. Cette mobilisation fait plaisir à voir pour nous, responsables d’associations d’aide aux nouveaux immigrants. Les députés présents à la réunion ont apparemment la volonté d’approfondir leurs connaissances sur le thème et de le mettre à l’ordre du jour. La communauté francophone d’Israël a toujours souhaité avoir des interlocuteurs à la Knesset et le lobby est une opportunité à saisir. Vu l’ampleur que prend l‘Alyah de France, il est crucial que cette plateforme, qui avait été mise en place par l’ancien député Yoni Chetboun, reprenne vie à la 20ème Knesset et amène à un changement drastique de la politique d’intégration de l’Alyah de France. Le lobby est l’occasion pour les responsables de la communauté franco-israélienne de faire entendre la voix des nouveaux immigrants afin de pouvoir les aider aux mieux dans leur intégration. Les résultats du lobby incombent tant aux parlementaires qu’aux responsables de la communauté, qui doivent s’impliquer et donner des outils aux élus afin qu’ils puissent agir efficacement en faveur des olim de France. Des députés ont encore appelé les associations à se regrouper en une seule, ce qui est un non-sens étant donné que ces associations n’ont pas les mêmes objectifs et s’occupent de populations ciblées et différentes. Les associations peuvent être fédérées sans toutefois perdre de leurs spécificités, ce qui fait sans aucun doute la richesse de la communauté.