Le judaïsme n’est pas prosélyte. La hala’ha fixe les critères auxquels toute personne souhaitant intégrer le peuple juif doit répondre. Mais comme de coutume au sein du peuple juif, plusieurs avis se disputent au sujet des conversions : certains plus stricts, d’autres plus souples… Il y a quelques jours, le débat s’est de nouveau enflammé suite à l’annulation – demandée par Shass – de la loi sur la conversion votée par le précédent gouvernement. Celle-ci cassait le monopole du Grand Rabbinat d’Israël en la matière en conférant aux Rabbins de chaque ville le pouvoir de convertir. Nous vous proposons de découvrir les points de vue en présence à travers les réponses d’un représentant de chaque « camp » : le Rav Haïm Amsellem pour les plus « souples » et le Rav Shlomo Benizri pour les plus « stricts ».
Rav Haïm Amsellem
« Toute application stricte des textes dans le domaine du guiour revient à favoriser l’assimilation »
Le Rav Haïm Amsellem est, entre autres, l’auteur d’un ouvrage « Zera Israël » qui prône un assouplissement de l’approche des conversions de descendants de Juifs. Ancien député du parti Shass, il quitte cette formation politique en 2006, justement parce qu’il défend une approche moins stricte de la hala’ha, dans l’esprit des Grands Rabbins d’Afrique du Nord, notamment.
Le Plus Hebdo : Pourquoi faites-vous une distinction entre les non-Juifs et ceux que vous appelez « Zera Israël » ?
Rav Haïm Amsellem : Être humain et vouloir appliquer la hala’ha de façon juste nous oblige à considérer différemment celui qui est poursuivi pour sa judéité alors que lui et ses enfants ne sont pas Juifs au sens strict de la hala’ha. Ils sont « zera Israël », c’est-à-dire d’ascendance juive. Cette appellation ne plaît pas du tout aux haredim et aux haredim sionistes religieux. Mais ce n’est pas moi qui l’ai inventée, j’ai juste fait découvrir au grand public ce statut et lui ai apporté un soutien. Ceux qui l’ont instauré réellement sont des grands Sages comme le Rav Tsvi Hirsch Kalisher et le Rav Tsion Ouziel. Cette notion a également une base juridique chez les Richonim et dans les ouvrages du Rashbash et dans bien d’autres sources que je rapporte dans mon livre « Zera Israël ». J’attire votre attention aussi sur le fait que des Rabbanim haredim ont fait partie de ceux qui ont insisté sur la distinction entre un « goy normal » qui vient pour se convertir et un goy descendant de Juifs.
LPH : Pourquoi est-il si important de casser le monopole du Grand Rabbinat d’Israël en la matière ?
Rav H.A. : Les fidèles de l’État, comme les haredim sionistes religieux, qui sont attachés à l’institution du Grand Rabbinat d’Israël comme au Saint des Saints, n’ont pas remarqué que celle-ci n’est plus depuis longtemps, ni « national », ni « sioniste », et qu’elle leur est même hostile. Il faut bien prendre conscience que lors des trente dernières années, le Grand Rabbinat d’Israël a changé de mains, de direction, de décisions. Nous avions des Grands comme le Rav Ouziel, le Rav Nissim, le Rav Ovadia, le Rav Herzog, le Rav Unterman, le Rav Goren ou le Rav Eliahou. Sans vouloir blesser quiconque, je vous invite à observer les différences avec ceux qui se succèdent depuis trente ans à la tête du Grand Rabbinat…
Le Grand Rabbinat d’Israël, ses dirigeants et ses Rabbins, avant la main mise haredite, nous a laissé un héritage de souplesse concernant les conversions… Alors quoi ? Étaient-ils libéraux, à D’ ne plaise ? Ou ceux qui sont venus après eux seraient-ils plus grands en Torah ? N’oublions pas aussi que dans toute discussion hala’hique certains sont pour faciliter et d’autres pour être stricts. Mais lorsque nous sommes dans une situation d’urgence, la hala’ha va dans le sens de ceux qui facilitent. Toute application stricte des textes dans le domaine du guiour revient à favoriser l’assimilation. C’est le cas de tout un public qui s’est laissé convaincre que toute conversion qui n’a pas été réalisée par le Beth Midrash du Rav Eliashiv est fausse ou fictive.
Je condamne tous ceux qui viennent et qui s’opposent aux Rabbanim qui ont fait preuve de souplesse au regard des conversions. Quoi ? N’étaient-ils pas des Grands en Torah ? N’appartenaient-ils pas au Grand Rabbinat d’Israël ? Ne faisaient-ils pas figure d’autorité mondiale ? Tous ces beaux penseurs et chevaliers défenseurs de la Torah pensent-ils que l’on a oublié qu’en leur temps ils ont vertement critiqué le Rav Ovadia, le Rav Goldberg ou le Rav Batsri, parce qu’ils les soupçonnaient d’être trop souples sur les conversions ? Soudain, le Rav Ovadia est devenu, aujourd’hui, une référence !?
LPH : Ce débat n’est-il pas, avant tout, politique ?
Rav H.A. : Il y a quelques jours, la « haredisation » a gagné une bataille et l’hypocrisie autour des conversions va se poursuivre. Mais cela n’a rien à voir avec la hala’ha, la vraie. C’est un jeu politique : aujourd’hui c’est ainsi, demain il en sera encore autrement. Sur le plan religieux, il existe des avis qui sont stricts, mais il en existe aussi qui sont plus souples et ils représentent la majorité ! Alors ceux qui veulent faire les durs doivent cesser de parler avec tant de fermeté et détermination, comme si la hala’ha était ainsi et qu’il n’y avait rien d’autre. Espérons que de meilleurs jours attendent le peuple d’Israël dans ce domaine.
Rav Shlomo Benizri
« Sur quoi pouvons-nous être encore plus souple » ?!

Le Rav Shlomo Benizri a été député du parti Shass de 1997 à 2008. Même s’il est en dehors de la Knesset aujourd’hui, il continue à défendre dans les médias et sur la scène publique son parti d’origine et ses idéaux. Il termine actuellement la rédaction d’un ouvrage en réponse à celui du Rav Haïm Amsellem : il veut démontrer que les thèses de ce dernier sont fausses et n’ont aucun fondement hala’hique ou rabbinique.
Le Plus Hebdo : Le débat autour de la conversion aujourd’hui vous paraît-il être d’ordre religieux ou plutôt d’ordre politique ?
Rav Shlomo Benizri : Nous sommes au cœur du sujet ! Effectivement, toutes les discussions autour de la conversion et de la loi qui a été annulée, sont davantage politiques. Lorsque nous avons fait annuler la loi sur la conversion, qui a protesté ? Les Russes, dont tout le monde parle, qui voudraient soi-disant se convertir et ne le peuvent pas ? Je n’en ai entendu aucun. En revanche, on a vu monter au créneau ceux qui y trouvent un intérêt politique comme Elazar Stern ou le Rav Amsellem, pour ne citer qu’eux.
LPH : Vous estimez que si les non-Juifs qui vivent en Israël ne se convertissent pas, ce n’est pas en raison des blocages religieux ou bureaucratiques, mais uniquement parce qu’il n’en éprouvent pas le désir ?
Rav S.B. : Sur le nombre de conversions réalisées cette année, seuls 7 % sont des Russes. La plupart ne veulent pas devenir Juifs. Évidemment, j’aurais préféré qu’il n’y ait que des Juifs en Israël, mais je respecte les non-Juifs qui y vivent, ils doivent bénéficier des mêmes droits. Pourquoi penser qu’ils veulent tous devenir Juifs ? La procédure de conversion est beaucoup plus souple que ce que l’on veut laisser entendre, et pourtant ils ne sont pas venus !
LPH : Le fait qu’un nombre significatif de non-Juifs vivent en Israël ne risque-t-il pas de favoriser l’assimilation ?
Rav S.B. : Si l’on assouplit encore les conversions, cette question n’en sera que plus importante. En effet, aujourd’hui, je sais clairement qui est Juif et qui ne l’est pas. Si l’on commence à ne pas appliquer les règles strictes de la conversion, alors je ne pourrai plus savoir à qui j’ai à faire. Aujourd’hui déjà, le monde orthodoxe ne reconnaît pas les conversions de l’armée. Nous sommes face à des situations très inconfortables. Pourquoi en créer davantage au lieu de tendre vers une uniformité ?
LPH : Et même concernant ceux qui sont d’ascendance juive ?
Rav S.B. : Il n’existe pas de « zera Israël » dans la hala’ha, comme veut nous le faire croire le Rav Amsellem. Ils sont « goy » en tout point, ils ne diffèrent aucunement de ceux qui n’ont pas d’ascendance juive aux yeux de notre Loi. S’ils manifestent le souhait d’être Juifs alors nous les accueillerons au même titre que les autres goyim, s’ils prennent sur eux le respect des mitsvot dans leur ensemble et qu’ils ont la foi en D’. Nous n’obligeons personne. Le problème a été créé par l’État d’Israël qui a permis, par la Loi du Retour, de faire citoyen israélien une personne qui a, au moins, un père ou un grand-père juif. C’est, à mon avis, cette loi qu’il faut changer.
LPH : Est-ce une lutte entre sionistes religieux et haredim ?
Rav S.B. : La majorité du public sioniste religieux se félicite de l’annulation de la loi sur la conversion. N’oublions pas que les conversions sont dans les mains des sionistes religieux puisque seulement un tiers des dayanim chargés de la conversion sont orthodoxes ! Il s’agit d’une lutte entre une vision « légère » de l’avenir du peuple juif et de nos convictions et une vision fidèle et qui cherche à préserver notre peuple.
Bonjour,
Toutes ses histoire me compliquant la vie, ce qu’il veut dire que jamais je pourrai réaliser la tâche qui m’a été confier par mon arrière grand mère! Tous ces rabbins qui mélange tout, absolument tout, un coup c’est ceci un coup c’est cela. Pour ma part, je n’ai pas besoins de confirmation de qui conque pour savoir qui je suis. Le fait seulement qu’elle m’ai confié son affaire me suffit. Il m’a été donné de rester fidèle à la syna, j’y suis allé de propre chef, j’en bavais avec les rabbins racistes pendant 4 ANNEES pour finalement me voir refusé la dite lettre pour entamer ma misva de Theychuva. Maintenant je m’en fiche, car je sais à présent que je suis. Toutes ces histoires me font marrer!