Le gouvernement israélien a validé cette nuit (jeudi à vendredi) lors d’un conseil des ministres spécial, le limogeage du chef du Shabak, Ronen Bar.
En début de semaine, le Premier ministre Netanyahou avait annoncé son intention de soumettre au gouvernement cette proposition en raison de l’absence de confiance qui régnait entre lui et le chef des services secrets.
Le principal intéressé avait répondu qu’il n’acceptait pas cette décision et qu’il n’avait pas l’intention de démissionner. Hier soir, Bar a été convié au conseil des ministres pour présenter ses griefs mais il a refusé de s’y présenter estimant que le jeu était faussé et qu’aucun des arguments avancés par le gouvernement pour justifier son limogeage n’était légal et acceptable.
Rappelons que la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav Miara, était elle aussi opposée à ce limogeage en raison du possible conflit d’intérêts entre cette décision et l’enquête en cours actuellement au sein du Shabak sur des conseillers du Premier ministre qui auraient touché de l’argent du Qatar.
Finalement le gouvernement a validé à l’unanimité le renvoi de Ronen Bar. Il quittera ses fonctions le 10 avril ou dès que son remplaçant sera trouvé, en fonction de ce qui arrivera le plus tôt.
Le Premier ministre Netanyahou a souligné lors de la réunion : « Je n’ai plus confiance en Ronen Bar. D’un point de vue professionnel, c’est clair. Tout a commencé cette nuit-là (du 6 au 7 octobre, ndlr). Je ne crois pas non plus en son approche. Je ne lui fais pas confiance. Je n’ai pas confiance en lui pour me venir me parler au moment crucial. »
« Il n’est pas acceptable qu’un chef du Shabak en exercice soutienne publiquement l’une des options d’une commission d’enquête. Dans l’armée, la fenêtre d’opportunité a été utilisée pour changer le commandement. Il faut aussi en profiter ici et approuver cela. »
Netanyahou a également déclaré : « Il est évident que si le Premier ministre n’a pas une confiance fondamentale dans le chef du Shabak, une telle situation ne peut pas durer. C’est vrai pour tout pays démocratique, et particulièrement pour un pays démocratique comme le nôtre. »
Selon lui, « Je ne crois pas que Ronen Bar soit la bonne personne pour reconstruire l’organisation. Vous connaissez la nuit du 7 octobre, et en ce qui concerne la gestion des négociations (pour la libération des otages, ndlr), j’en suis arrivé à la conclusion que Ronen Bar n’est tout simplement pas compétent pour cette tâche. J’ai mené des négociations diplomatiques pendant de nombreuses années. Il avait une approche trop souple et pas assez ferme. J’ai dit à la délégation: ‘Soyez plus fermes. Vous cédez trop vite – et c’est pourquoi nous obtiendrons moins d’otages.’ J’ai passé des heures avec lui, et cela m’a prouvé qu’il n’était pas à la hauteur. »
Netanyahou a ajouté : « Il y a deux mois, j’ai remplacé l’équipe de négociation. J’ai nommé le vice-directeur du Shabak à la tête de la délégation parce que je n’avais pas confiance en Ronen Bar. Depuis, les fuites ont considérablement diminué, et grâce à une négociation très réussie, nous avons réussi à ramener des otages. »
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a réaffirmé que son parti saisirait la Cour suprême contre cette décision. « Le licenciement précipité et infondé du chef du Shabak, Ronen Bar, n’a qu’un seul objectif : stopper l’enquête sur le ‘Qatargate’. Ce soir, les personnes interrogées dans une grave affaire criminelle qui a mis en danger la sécurité de l’État renvoient leurs propres enquêteurs. Les partis d’opposition déposeront ensemble un recours contre cette mesure irresponsable, qui vise à dissimuler l’infiltration d’un État hostile dans le bureau de Netanyahou », a déclaré Lapid.
Le député Benny Gantz, a ajouté: « La révocation du chef du Shabak pour des raisons politiques est une marque de honte pour chacun des ministres du gouvernement qui ont voté ce soir. Cela restera une infamie dans l’histoire ».