La communauté de la synagogue Maalot à Jérusalem se mobilise depuis près de 30 ans pour venir en aide aux olim des pays en difficulté. Avec à sa tête un francophone, Freddy Sisel, en Israël depuis 41 ans maintenant, l’équipe de bénévoles du Vaadat Klita de Maalot ne ménage pas ses efforts pour apporter une aide tant spirituelle que matérielle à ces nouveaux arrivants.
Le P’tit Hebdo: Dans quelles circonstances la vaadat klita de Maalot a-t-elle commencé à fonctionner?
Freddy Sisel: Nous avons commencé notre action avec l’arrivée massive des Juifs de l’ex-URSS. Certains logeaient, au début, dans des hôtels près de notre synagogue. Nous avons décidé de leur apporter notre aide, là où ils en avaient besoin. Ainsi, nous leur avons fourni un soutien matériel mais aussi spirituel avec la construction d’un beth hamidrash pour leur communauté. Cette alya russe s’est assez rapidement intégrée dans la société israélienne, puisqu’il s’agissait, pour la plupart, de personnes avec un niveau d’études élevé.
Il n’en allait pas de même avec la vague arrivée d’Ethiopie lors des différentes opérations de sauvetage et notamment l’opération Shlomo. Les olim d’Ethiopie ont d’abord été placés dans le quartier de Guivat Hamatos puis ils se sont répartis à Jérusalem dans quatre communautés: une à Pat, une à Ir Ganim, une à Névé Yaakov et une à Talpiot.
Nous avons cherché le meilleur moyen pour les aider dans leur intégration.
Lph: Quelle aide leur apportez-vous?
F.S.: Notre principale activité envers la communauté d’origine éthiopienne est de préparer les filles et les garçons à leur majorité religieuse. Chaque année, ce sont plus de 60 enfants que nous accompagnons jusqu’à la bar/bat mitsva. Nous leur donnons des cours et nous les emmenons en excursions dans des endroits du pays qu’ils n’ont pas l’occasion de découvrir. Ainsi, comme notre synagogue se situe près de la maison du Président, nous y avons été reçus avec notre groupe d’enfants. Nous les emmenons aussi sur le Tombeau de Rahel, par exemple.
Une fois par an, au mois de juin, nous organisons une cérémonie au Kotel pour célébrer ces bar/bat mitsva, suivie d’un repas dans notre synagogue. Ainsi, il y a quelques semaines, nous avons fêté notre 14e promotion.
Lph: Procurez-vous également une assistance aux adultes?
F.S.: Nous tentons de leur venir en aide matériellement. En particulier, nous apportons une assistance aux mères qui élèvent seules leurs enfants, par l’envoi de colis de vivres.
Des cours sont aussi dispensés dans les synagogues de la communauté éthiopienne.
Lph: Vous agissez sur le terrain depuis 14 ans. Sentez-vous une évolution dans l’intégration de la communauté éthiopienne?
F.S.: Beaucoup des personnes dont nous nous occupons ont fini par trouver un emploi. Les femmes font, en général, des ménages et les hommes sont gardiens. Ce ne sont pas les métiers dont on peut rêver mais cela leur permet de vivre dignement, et c’est déjà une évolution en soi. On note aussi une évolution dans ces orientations professionnelles: beaucoup passent le permis pour être chauffeur de bus et surtout, de plus en plus, suivent des études universitaires. Plusieurs sont aujourd’hui avocats. L’évolution est lente mais certaine.
Lph: La société israélienne accepte-t-elle mieux aujourd’hui les personnes de couleur ou cela représente-t-il toujours un sérieux obstacle?
F.S.: Sur ce plan là aussi, on sent que les choses changent, mais très lentement. La couleur de la peau demeure un obstacle important à l’entrée dans la vie active et à l’intégration des personnes issues de l’alya éthiopienne. Les discriminations existent, certains milieux n’acceptent pas du tout les Ethiopiens. Notre société n’est toujours pas suffisamment ouverte aux différences.
Mais malgré ces difficultés réelles, le niveau de vie des olim d’Ethiopie est en augmentation et nous constatons que la nouvelle génération a beaucoup moins besoin d’aide que les précédentes.
Lph: Comment peut-on participer à vos actions envers cette communauté?
F.S.: Notre action se base entièrement sur le bénévolat. Alors, bien entendu, nous avons toujours besoin de personnes volontaires pour nous aider à agir de façon optimale pour le bien de ces enfants qui préparent leur bar/bat mitsva ou de leurs parents qui traversent des difficultés.
Pour aller plus loin:
Freddy Sisel: 054-5672242
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay